Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

La France qui souffre, la France qui parle

 
Sur le vif - Lundi 28.06.21 - 10.03h
 
 
Ils ne tireront donc jamais aucune leçon de rien ? Les médias français, au soir de l'élection la plus désertée de leur Histoire, n'avaient déjà qu'un souci : parier, entre eux, sur les chances de tel ou tel vainqueur régional à la présidentielle du printemps 2022.
 
Ils ne comprennent donc pas que le jeu des personnes, ces politiciens professionnels qu'on s'échange comme des photos de footballeurs en plein Euro ou Mondial, les arrière-cuisines des partis, le maquignonnage des alliances, c'est principalement cela dont les Français ont la nausée ?
 
Ils ne comprennent donc pas que l'élection régionale, peu lisible par le peuple français lui-même, ne peut être l'objet d'aucune extrapolation sur la présidentielle ?
 
Ils ne comprennent donc pas que venir s'exciter sur une grand-messe de la démocratie représentative, exsangue dans toute l'Europe, alors que la France est en grande souffrance, était tout simplement hors-sujet ?
 
Grande souffrance, oui. Besoin immense de démocratie directe, sous une forme à inventer par eux. C'était la grande revendication des Gilets jaunes, méprisée par le locataire de l’Élysée, qui se croit propriétaire de la nation.
 
Grande souffrance. Autant la crise sanitaire a été correctement traitée par le pouvoir, dans les grandes lignes, dans des pays comme la Suisse ou l'Allemagne, autant le pouvoir français, régalien dans la répression, caricature du "Surveiller et punir", le saisissant chef d’œuvre de Michel Foucault, a montré son pire visage dans cette affaire. Ca laisse des traces, des cicatrices, des flux de rancœur qui constituent l'une des clefs de l’abstention phénoménale d'hier.
 
La France, notre voisin, notre ami, va mal. Le malaise social est immense. La surexcitation continuelle des médias autour de questions "de société", à la mode chez les bobos urbains mais pas du tout chez les chômeurs, les travailleurs pauvres, les sous-smicards, creuse la fracture entre la France qui souffre et la France qui parle. La première, sonnée par la crise et par les inégalités, se tait. Un jour, elle se réveillera, donnera de la voix. Ce retour à la parole ne se fera pas dans la douceur.
 
 
Pascal Décaillet
 

Les commentaires sont fermés.