Commentaire publié dans GHI - 03.02.21
Pierre Maudet est un personnage clivant. Il suscite d’un côté l’adulation, et de l’autre le plus féroce des rejets. C’est le lot, dans la vie, de ceux qui osent, ceux qui entreprennent. Nous sommes en démocratie : chacun de nous a le droit d’éprouver face à ce magistrat les sentiments qu’il veut. Le droit, aussi, de les exprimer. Tant qu’il ne franchit pas les limites de toute parole publique : pas d’atteinte à l’honneur, pas de diffamation. C’est valable face à Pierre Maudet. Comme c’est valable face à tout humain, sur cette terre.
La campagne du 7 mars est rude, les pro-Maudet et les antis se déchirent. Fort bien : la virulence fait partie de l’univers politique. Mais tout de même : d’un côté comme de l’autre, chez les aficionados comme chez les adversaires, on a l’impression d’être dans des chapelles. Des sectes. Une bande de Croisés, livrés à la dévotion de leur cause, se chauffant entre eux pour mieux fulminer. Avec une haine totale de l’adversaire. On s’imagine assez aisément dans les montagnes tenues par les Cathares, à l’époque où Rome les pourchassait.
Entre ces lignes de front d’où fusent les feux croisés, comment réagiront les citoyens genevois ? Pour ma part, j’appelle à la raison. Que chacun vote selon son cœur, et nous verrons le résultat. Mais souvenons-nous d’une chose : le très grand parti d’où vient Pierre Maudet, le parti radical, est issu d’une philosophie appelée en allemand « Freisinn », ou libre arbitre. Et se revendique, derrière Kant, de la « Vernunft », la raison. Entre citoyens libres, laissons-la un peu exister.
Pascal Décaillet