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Réflexions sur les saveurs et les complexités de la question autrichienne

Sur le vif - Samedi 30.01.21 - 16.04h
 
 
 
Ca travaille sec, dans mon for, je rumine à mort l'Histoire littéraire et musicale autrichienne, fin dix-neuvième, début vingtième. Rien que sur ce thème, je pourrais vous proposer 144 épisodes. Seulement voilà, il faut choisir. Et déjà, bien décider dans ma tête la part exacte que veux laisser à l'Autriche dans ma Série Allemagne.
 
Comme je l'ai déjà écrit ici, l'Autriche ça n'est pas l'Allemagne, mais ça n'est pas non plus la non-Allemagne. Il y eut un millénaire de proximité, ce fut le Saint-Empire (800-1806). Puis, il y eut une rupture. Puis, l'Anschluss (1938-1945), puis à nouveau deux Etats bien séparés. Pour être franc, le statut exact de l'Autriche, dans le monde germanique, me fascine et m'habite intensément, depuis très longtemps.
 
Mes portes d'entrées, depuis 1806 en tout cas, sont presque exclusivement littéraires et musicales concernant l'Autriche : la rupture du Saint-Empire, causée par les victoires de Napoléon, notamment celle d'Iéna contre la Prusse, a cassé quelque chose dans l'Histoire autrichienne. A bien des égards, la grande aventure de l'Autriche-Hongrie, au dix-neuvième, et le modèle impérial (jusqu'en 1918) avec ses innombrables minorités, montant jusqu'à la Galicie polonaise, ont servi de paravent de gloire à une incapacité, à partir de 1806, à intervenir avec crédit sur les fronts de l'Europe occidentale. Désormais, ces derniers (1870, 1914, 1940) seront franco-allemands. A Sadowa (1866), la Prusse avait vaincu l'Autriche, les Allemagnes du Nord avaient montré à celles du Sud qu'elles étaient, désormais, les maîtresses du jeu.
 
Alors oui, je pourrais consacrer 144 épisodes à la seule Histoire autrichienne, de 1806 à 1945. Mais pour l'heure, il me faut parler d'Autriche, intégrer la grande équation autrichienne, qui est celle de toute la germanité du Sud, dans ma Série en 144 volets sur l'Histoire allemande. A priori, je pense qu'une bonne quinzaine des 115 épisodes qui me restent à construire devraient être consacrés, de près ou de loin, à des affaires autrichiennes, principalement musicales, poétiques et littéraires. Mais c'est un ordre de grandeur : rien que sur la Prusse, qui me fascine autrement que l'Autriche, et depuis l'enfance, et dont je connais par coeur chaque fragment d'Histoire depuis la Guerre de Sept Ans (1756-1763) je pourrais me plonger dans un monumental ouvrage en soi. C'est compliqué de choisir : cela a toujours été mon grand problème.
 
Pour l'heure, j'écoute Mahler, que je pensais ne pas aimer dans mon adolescence, et vers lequel, maintenant, une forme irrévocable de puissance astrale m'attire. J'écoute Bruckner, auquel je fus initié dans la plus belle Basilique de Haute-Bavière, en juillet 1973, par Eugen Jochum et les Wiener Symphoniker. J'écoute Schönberg. J'équilibre, en me laissant guider par l'apparence hasardeuse de l'instinct, mon violent tropisme pour le Nord luthérien, par un attachement tout aussi viscéral à la latinité catholique des Allemagnes du Sud. En musique, cela donne un univers d'une saveur et d'une complexité qui, adolescent, me faisaient un peu peur. Et qui maintenant, en vieillissant, en contemplant, dans la jouissance de la simplicité, les splendeurs de la vie, m'emportent complètement. Je ne peux plus vivre sans Mahler. Je ne peux plus vivre sans Bruckner. Je ne peux plus vivre sans Schönberg.
 
La question autrichienne, ces temps, me poursuit jour et nuit. Alors, je voulais juste vous en faire part. Le prochain épisode, no 30, est en préparation. Ceci n'était pas un épisode. Juste un intermezzo. Une viennoiserie. A l'heure du goûter.
 
 
Pascal Décaillet
 

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