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Manif illégale du 18 mai : chronologie et vérité

 

Sur le vif - Dimanche 24.05.20 - 15.02h

 

En République, la police ne prend pas ses décisions toute seule, en fonction de son humeur du jour. Elle obéit à l'autorité politique. C'est particulièrement vrai lorsqu'il s'agit de déterminer une stratégie face à une manifestation de rue : nous sommes là dans le domaine public, avec risque d'image pour le gouvernement, c'est ultra-sensible, Genève en sait quelque chose depuis des décennies, disons le G8 (2003), pour ne pas remonter au 9 novembre 1932.

La police genevoise ne saurait être tenue pour responsable de son comportement lors de la manifestation totalement illégale du lundi 18 mai 2020. Si elle a laissé faire, c'est qu'elle en a, d'une manière ou d'une autre, reçu de plus haut la consigne, ou le signal. Si, par hasard, aucun ordre dans ce sens ne lui avait été donné, cela serait politiquement bien plus grave encore : cela signifierait que le gouvernement de la République, dûment averti de cette manifestation, n'aurait pas jugé bon d'élaborer une stratégie de réponse à un rassemblement illicite.

De grâce, qu'on ne vienne pas nous dire qu'il n'y avait aucun signe avant-coureur : ce serait à désespérer de l'efficacité du Renseignement genevois. N'importe quel utilisateur de réseau social était, dès le début de la journée, informé de l'heure et du lieu de cette transgression de l'ordre public.

Tomber sur la police serait, dans cette affaire, une erreur, et même une faute. Ce serait jouer le jeu de ceux qui, au sein du Conseil d'Etat, tentent de se laver les mains, et pas seulement avec la lotion de l'excellent Professeur Pittet. Ceux qui tentent de faire jouer les fusibles, en laissant entendre qu'il y aurait une "affaire de la police", donc opérationnelle, alors que la faute est stratégique, et politique.

Reprenez la chronologie. Le 18 mai en fin d'après-midi, l'ordre républicain est clairement transgressé par quelque 1500, voire 2000 manifestants, alors que les rassemblements ne sont autorisés que jusqu'à 5 personnes. Les gentils cyclistes individuels ne sont pas en cause. Il y a eu des incitateurs, des gens qui ont appelé au rassemblement. Ces derniers tentent de nous faire croire que c'était "spontané", c'est pour se décharger de leur responsabilité. Ceux qui ont vécu de près les événements du G8, en 2003, connaissent la chanson.

Le soir après la manif, puis le lendemain, aucune réaction du Conseil d'Etat. Même pas le surlendemain, mercredi 20, début d'après-midi, dans le communiqué de presse hebdomadaire du gouvernement ! Il aura fallu la pression éditoriale pour que les magistrats commencent à sortir du bois. Ainsi, M. Poggia, mercredi après-midi. Mais pendant près de 48 heures après la manif, nulle condamnation : on a fermé les yeux, on s'est bouché les oreilles, on s'est dit que la chose passerait. On a surestimé le capital de sympathie de la population pour un mouvement ne représentant que deux mille personnes, sur un Canton d'un demi-million. On a un peu vite oublié les 498'000 autres.

La fin de la semaine, au sein du collège, a été un jeu de masques et de dagues, notamment une vive tension - pour se rejeter la responsabilité - entre MM Dal Busco et Poggia. Bouquet final : le Président du Conseil d'Etat menaçant, selon mon éminent confrère Raphaël Leroy (RTS), de se désolidariser de ses collègues en cas de sanctions trop sévères. On retrouve là "l'observateur" du G8, sur le Pont du Mont-Blanc.

Les choses, restituées ici dans leur chronologie, laissent perler l'image d'un gouvernement désuni, improvisateur, incapable d'anticiper, ni de gérer politiquement son image.

Une réserve, toutefois, et nous avons été, par le passé, assez sévères avec le PLR pour l'émettre bien volontiers aujourd'hui : le comportement républicain et responsable, dans cette affaire, des deux élus de ce parti au gouvernement genevois. Il s'agit, pour rappel, de Nathalie Fontanet, ainsi, que cela vous plaise ou non, d'un certain... Pierre Maudet.

 

Pascal Décaillet

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