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Précisions sur le "respect des autorités"

 

Sur le vif - Samedi 25.04.20 - 10.47h

 

Dans notre démocratie suisse, le premier échelon qui doit être respecté, c'est celui des citoyennes et citoyens. Eux forment un seul corps. Eux sont la pierre angulaire de notre édifice. Les élus viennent après. Ils sont au service des citoyens, non le contraire.

Dès lors, je m'étonne de lire, ici ou là, à la faveur de cette crise, qu'il faille "respecter les autorités". Il y a, tout au moins, dans l'expression, un malentendu sémantique. Qu'il s'agit de dissiper.

Dans l'urgence, les autorités décident. Les exécutifs, depuis des semaines, ne s'en privent pas, ils décrètent par ordonnances, interdisent à des centaines de milliers de personnes d'exercer leur travail, imposent des distances, isolent les aînés.

Cela, devons-nous le "respecter" ? Si c'est au sens que nous devons l'appliquer, d'accord. Je n'y ai, pour moi-même, jamais dérogé. Le Contrat social impose de se conformer aux règles communes, sinon c'est la chienlit. Pour ma part, j'ai toujours respecté les lois.

Mais chez beaucoup de gens qui utilisent ce mot "respect des autorités", sonne comme un respect moral, un verbe "sollen", avec la rigueur de la Réforme qui serait passée par là, l'ombre immense de Luther, la grande tradition de la philosophie prussienne. Toutes choses, par ailleurs, auxquelles je suis, par mes lectures, mes adhésions, ma passion dévorante pour l'Histoire allemande, personnellement très sensible, c'est le moins que l'on puisse dire.

Mais cette acception-là, je la récuse. Pour moi, l'autorité politique n'est pas une instance morale. C'est juste une extraction du corps des citoyens, désignée par ces derniers (directement ou non) pour prendre des décisions. Ces dernières ne sont pas bonnes parce qu'elle sont décisions, sauf à sombrer dans un respect du pouvoir qui mène au pire. Et y a en effet mené, dans le passé !

Il n'y a donc pas à respecter les autorités au nom d'une vertu morale dont elles seraient parées. Il y a juste à appliquer leurs consignes. Ce qui n'empêche nul d'entre nous, hommes et femmes libres d'un pays libre, de contester la pertinence des décisions, mettre en doute les processus, souligner les carences, condamner l'hallucinant silence des Parlements, exiger le retour du débat démocratique, celui de la politique. Exiger, aussitôt la crise passée, le retour des exécutifs dans la modestie des dimensions qui sied à notre esprit démocratique suisse.

Merci, donc, de ne pas confondre le respect moral avec la simple hygiène de groupe consistant à se plier aux règles. Pour notre part, nous acceptons celle-ci, et récusons celui-là.

 

Pascal Décaillet

 

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