Sur le vif - Mardi 25.09.18
La politique n'est en aucun cas l'affaire des seuls élus. Elle est l'affaire de tous ! Les élus parlementaires sont juste des gens chargés de faire des lois. Et ces lois, si le corps des citoyens les estime mal faites, il peut les contester par référendum, et le suffrage universel tranche.
Il faut arrêter de sanctifier l'élection. Nous élisons des hommes et des femmes pour qu'ils fassent des lois. Ils ont ce droit. Celui, aussi, de siéger dans un Parlement, y délibérer, y trancher. Ces droits-là, et strictement aucun autre. Le débat politique ne leur appartient pas.
Et nous, le corps des citoyennes et citoyens, entendez au niveau fédéral les Suisses de plus de 18 ans, nous avons le droit de défaire leurs lois par référendums. Et nous avons - bien plus intéressant - celui de déterrer des sujets enfouis par la classe politique, au moyen d'initiatives populaires.
L'initiative est, à mes yeux, l'acte le plus saisissant de la démocratie suisse. Il part du peuple pour aller au peuple. Il engage un dialogue direct du peuple avec le peuple. Il est tranché, un beau dimanche, par le peuple et les cantons.
Non seulement nous ne devons pas restreindre - comme le suggèrent des professeurs de droit jaloux de leur cléricature - les droits populaires en Suisse, mais j'appelle à ce qu'on les augmente, dans les décennies qui viennent.
Il est loin, le temps des diligences, où des notables élus s'en allaient siéger trois semaines dans une Diète nationale, pour revenir ensuite dans leur bourgade ou leur village. Il s'éloigne même, le temps des partis politiques, chapelles d'appartenance à vie sous le même étendard, fanfare radicale par ci, conservatrice par là, festivals de fanfares, luttes de clans, tout cela, d'ici un demi-siècle, un siècle, pourrait bien s'évaporer.
L'exceptionnelle progression des moyens d'accès au savoir, aux données, la mise en réseau de ces derniers, vont progressivement changer la manière même de faire de la politique. On pourra beaucoup plus, comme dans l'initiative populaire, agir par objectifs ciblés, pragmatiques, sur un temps assez court (deux ou trois ans par objet), plutôt que passer sa vie à clamer, repu, "Je suis PLR", ou "Je suis PDC", ou "Je suis UDC", ou "Je suis socialiste". Et passer ses soirées à siéger au milieu d'autres comitards. Et passer ses week-ends en réunions de familles politiques, pour la simple jouissance corporatiste de se sentir sous la même bannière. L'être humain est certes un animal social, rien ne l'oblige à se comporter en mouton grégaire.
Rien ne me passionne plus que les pistes d'évolution - oh, cela mettra du temps - de la démocratie directe suisse. Davantage de pouvoir au suffrage universel. Mais attention : pas pour une démocratie d'opinion, ou de clics, ou de café du commerce. Non, la démocratie passe par le chemin de connaissance, par l'étude des dossiers, l'autorité sur la matière. Il ne s'agit pas de faire un peuple roi, comme il existe des enfants rois. Il s'agit de parvenir à un peuple mûr, informé, engagé. C'est cela, le secret fragile et magnifique de la citoyenneté partagée.
Pascal Décaillet