Sur le vif - Mardi 04.09.18 - 14.54h
Je n'accepte absolument pas la manière dont le mot "migrant", quasiment absent du langage politique jusqu'à une période récente, a été massivement imposé ces dernières années dans le vocabulaire.
J'aurais énormément à dire sur ces éléments de langage, tout sauf gratuits, donc tous porteurs d'un sens politique très précis, qui viennent comme par hasard s'engouffrer dans nos lexiques.
C'est pourquoi, la plupart du temps, pour montrer ma distance, non face aux "migrants" (toute personne humaine, à mes yeux, mérite le respect), mais face à l'automaticité imposée de ce vocable, je le place entre guillemets.
Je déteste ce participe présent substantivé, laissant entendre qu'il existerait comme une condition professionnelle de "migrant", constituant (c'est justement ce qu'on essaye de nous faire croire) une sorte d'inéluctable, que nous serions contraints d'accepter.
Le mot "réfugié", lui, plus clair et plus ciblé, fait expressément référence à la voie de l'asile, choisie par des personnes qui doivent fuir leur pays, où elles sont victimes de persécutions.
Mais le mot "migrant", ce participe présent continu, laisse poindre quelque nomadisme éternel, comme un mouvement perpétuel, cosmique, auquel nous n'aurions pas le choix de nous opposer.
Or, la politique, c'est choisir. Dire oui. Ou dire non. Et non nous plier face une contrainte, fût-elle soutenue par les voix les plus suaves de la doxa morale.
Pascal Décaillet