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Mémoire et chaos, désordre et lumière

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Sur le vif - Mercredi 12.07.17 - 18.47h

 

Je reviens d'un magnifique voyage familial de quelques jours au pays de Louis II et de Richard Wagner. Le château de Linderhof, je l'avais visité en 1971, 1973, puis (dernière fois) 1983. Celui de Neuschwanstein, je ne l'avais plus vu depuis 1973 ! J'ai encore toutes mes notes sur ces visites, dans les journaux que je tenais à l'époque, avec textes et images.

 

J'ai tant et tant à dire sur ce roi, qui à la fois m'exaspère et m'enchante. Les sentiments qui étaient miens à l'âge de 13 ans, lors de mes premières visites en ces lieux, mais aussi l'année de ma découverte de Richard Wagner, sont au fond les mêmes, 46 ans après. Réticence face à l'inaction politique du roi, qui est passé (volontairement) complètement à côté du mouvement de son époque, imprimé par Bismarck et l'unité. Mais, d'un autre côté, admiration face à ses intuitions artistiques, sa mise en scène des grands mythes de l'Allemagne médiévale. Et, avant toute chose, reconnaissance d'avoir été le tout premier (à part dans le monde musical, Liszt surtout) à déceler l'immensité du génie de Richard Wagner.

 

Bref, je pense consacrer les trois prochains épisodes (les numéros 25, 26 et 27) de ma Série Allemagne au Roi Louis II. Je vais tâcher de faire vite : les souvenirs de ces toutes dernières visites sont encore totalement vivaces, jusqu'aux cygnes gravés dans les poignées des portes, imprimés dans ma mémoire récente. Surtout, je veux inscrire Louis dans la perspective de la révolution des esprits dans l'Allemagne du 19ème siècle. Et mettre en évidence le paradoxe (que je sentais déjà en 1971, très clairement) entre son attitude de repli, évidemment inadmissible pour un souverain, fût-il constitutionnel, et l'extraordinaire présence de ses antennes artistiques.

 

Dans ce petit voyage, j'ai retrouvé de puissantes émotions de mon année 1971. L'année de ma découverte de Wagner, de Dürer (expo du 500ème à Nuremberg), de la Haute-Franconie où avait vécu ma mère juste avant la guerre, en 1937 et 1938. Mais aussi, de Würzburg, de Rothenburg, Dinkelsbühl, plusieurs fois Munich (où j'ai emmené mes élèves en voyage d'études en 1983). Mon lien avec cette région est puissant. Tout comme mon lien avec l'Allemagne du Nord, les Cités Hanséatiques, la Saxe, la Thuringe, les Länder de l'ex-DDR, la Rhénanie des poètes. Et tant d'autres Allemagnes, de Hölderlin à Brecht, puis plus loin Heiner Müller, Christa Wolf, qui se pressent et se mélangent dans les méandres de ma mémoire. Deux mots, pour exprimer ce fracas, ce fatras : Sturm und Drang. Ces deux mots, à eux-seuls, explosifs, résument mon rapport passionnel avec les Allemagnes.

 

Mon souci numéro un, dans cette Série entamée il y a deux ans, et qui va encore me prendre de longues années, n'est pas d'avoir des idées ni des sujets - j'en ai des centaines - mais de trier, ordonner, organiser, mettre en page, pour que cela soit plaisant et accessible au plus vaste public possible.

 

Vous me direz que c'est le lot de tout transmetteur. Et vous aurez raison.

 

Pascal Décaillet

 

 

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