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Tram 12 : de qui se moque-t-on ?

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Commentaire publié dans GHI - Mercredi 24.05.17

 

Le peuple a mal voté, nous allons le punir ! C’est, en substance, la réaction du Conseil d’Etat, suite au refus, par plus de 53% des votants, dimanche 21 mai, du projet de hausses des tarifs TPG, pudiquement appelées « adaptations ». Pour la troisième fois en quatre ans, le corps électoral genevois dit son opposition à ces hausses, le message est parfaitement clair. Tout le monde l’a compris. Sauf le gouvernement cantonal, incapable de prendre acte du signal délivré par le souverain. Non seulement il n’exclut pas de revenir en votation. Mais, en guise de rétorsion immédiate à une décision populaire qui lui déplaît, il annonçait, dès dimanche, une mesure qui va faire parler d’elle : un tram 12 sur deux, entre 9h et 16h, n’ira plus jusqu’à Carouge. Il fera demi-tour aux Augustins ! « Que du bonheur », aurait pu dire le Saint du même nom.

 

Confirmée, le plus clairement du monde, dimanche 18h, en ouverture du Grand Genève à chaud, par le ministre des Transports, Luc Barthassat, cette décision sanctionne les usagers d’un tissu urbain, l’axe Genève-Carouge, qui a plutôt dit non à ces hausses de tarifs. C’est une mesure contre la Genève urbaine, celle de la zone densifiée, où justement on encourage, à juste titre, les habitants à se déplacer avec les transports publics. On comprendra qu’un Valaisan habitant au fond d’une vallée latérale prenne sa voiture pour aller travailler, on tentera au contraire de dissuader l’urbain genevois de faire de même. C’est dire à quel point cette mesure, qu’on peine à percevoir comme autre que punitive, risque de mécontenter les gens. On peine aussi à croire qu’elle émane du seul Luc Barthassat, justement doté d’un sixième sens pour flairer, anticiper, les réactions populaires, et n’ait pas été inspirée par un parfum supérieur.

 

De l’argent, à Genève, il y en a. Alors, claironnait dimanche soir une bonne partie de la classe politique, notamment à gauche, si on ne peut le prendre aux usagers, prenons-le chez les contribuables. Le beau tour de passe-passe ! Comme si la vie financière cantonale n’était que vases communicants, l’essentiel étant de tondre et traire le badaud. On a pu entendre, aussi, qu’on pourrait faire passer à la caisse les entreprises (mais pourquoi elles, pourquoi diable !) par une « ponction modeste sur la masse salariale ». Allons, bon : ça, c’est l’argument invoqué par des lascars qui n’ont, de leur vie, jamais créé une boîte, ni payé des assurances sociales, ni rempli la moindre fiche de salaire. Il y a des moments où l’insupportable légèreté de l’arrogance face aux petits entrepreneurs devient un peu pénible. Cela dit, sans vouloir m’énerver, ni me départir de cette légendaire bonne humeur qui fait ma réputation.

 

En punissant les pendulaires de la zone urbaine, le Conseil d’Etat a donné un signal clair. A notre tour de lui en délivrer un, sans la moindre ambiguïté : lui faire savoir que la mesure sur le tram 12 est de nature puérile et hautaine. Qu’elle ne saurait être acceptée. Que des économies à réaliser, dans un ménage budgétaire de huit milliards, il y en a, à la pelle. Mais pas sur le dos des usagers des services publics. Pas comme ça. Pas sur ce ton-là.

 

Pascal Décaillet

 

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