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Pierre Maudet : la loi du silence

 

Sur le vif - Jeudi 19.09.13 - 09.59h

 

Je m'exprime ici, comme hier, sur les conséquences politiques du drame qui secoue Genève, l'organisation de la communication, sur l'affaire, par un gouvernement à deux semaines des élections, et dont le ministre chargé de la sécurité se représente. Cas d'école.

 

Vous allez voir, comme par hasard, dans les jours qui viennent, un incroyable fardeau de charges s'accumuler contre la Pâquerette, dont la direction va bien sûr sauter. Espoir du pouvoir politique concerné et soumis à réélection: établir, en s'appuyant dès le 9 octobre (trois jours après le 6) sur l'expertise d'un ancien confrère, que le degré de responsabilité était administratif, non politique, et qu'on en tire les conséquences en coupant une ou deux têtes.

 

On se montre comme celui qui nettoie les Écuries d'Augias, en se dédouanant soi-même de toute responsabilité. Procédé classique, déjà utilisé dans l'affaire de l'informatique de l'Etat, en train de l'être dans celle du rapport de l'ICF sur le Service des Contraventions, promise à le demeurer dans la gestion politique des Services industriels. Est-il besoin de rappeler que Pierre Maudet est, avant toute chose, un formidable communicateur ?

 

Dans l'affaire du drame qui secoue Genève depuis vendredi, après un premier moment de flottement, le ministre s'est ressaisi et organise avec un rare savoir-faire l'information, ou plutôt la gestion du silence, autour de la crise. Il contrôle tout, bétonne tout, impose le mutisme absolu à l'ensemble des collaborateurs de son Département. Toute parole autorisée ne doit émaner que de lui, ou de personnes agréées par lui.

 

Ce qui s'est passé ce matin à la RSR le révèle avec éclat. Mon confrère Simon Matthey-Doret avait invité pour sa tranche 07.30h - 08.00h le directeur de la psychiatrie aux HUG. 07.35h, une certaine gêne: le journaliste annonce que l'invité s'est fait interdire d'antenne par sa hiérarchie. En lieu et place, les justifications maladroites du nouveau directeur général des HUG, Bertrand Levrat, proche du pouvoir, à qui il doit sa récente nomination.

 

Dans d'autres secteurs dépendant de Pierre Maudet, de la prison à la police en passant par les chefs de service, la loi du silence est implacable. Républicain, je n'y suis pas nécessairement opposé: je trouve normal que la communication émane du pouvoir politique élu, et que les fonctionnaires demeurent sur la réserve. Mais à ce point d'étouffement de toute parole qui pourrait gêner, à commencer par la très grande expertise du numéro un de la psychiatrie aux HUG, il y a là l'amorce d'un pouvoir personnel. Voilà sans doute ce qui nous attend pour la législature 2013-2018. Tout le pouvoir, toute la parole, à une petite clique, autour de MM Maudet et Longchamp, entourés de quelques affidés puissamment fidèles et loyaux, dans la noirceur des cabinets et le bruissement du silence.

 

Pascal Décaillet

 

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