Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Pitié, pas la "politique autrement" !

 

Sur le vif - Jeudi 12.07.13

 

Il y a une catégorie de discours, en politique, que je ne supporte pas: celui de ces petits marquis qui, surgis de nulle part, sans Histoire, sans passé, souvent sans la moindre culture d'ailleurs, nous annoncent qu'ils vont "faire de la politique autrement".



Déjà, ça laisse entendre que tous les autres, jusqu'ici, de Thémistocle à Mme Merkel, auraient fait de la politique de façon archaïque, comme des nuls. Insupportable prétention que celle de ces novateurs, rénovateurs (Mitterrand, dans son propre camp, les a tous enterrés), jeunistes. Souvent, d'ailleurs, ils brandissent la plus détestable des armes: celle de la génération. Ils jouent de l'illusion du renouveau. Le mythe de Faust, sans le génie de Goethe.



A Berne, on a nous a annoncé, dans l'hystérie féministe du début des années 90, qu'avec les femmes, on allait voir ce qu'on allait voir: elles allaient "faire de la politique autrement". On les a vues à l’œuvre, certaines excellentes, d'autres moins, au fond la même proportion de talent et de nullité que chez les hommes. Les femmes que je vois au pouvoir, elles font de la politique EXACTEMENT comme les hommes. Ni pires, ni meilleures.

 


J'entrevois quelques drôles, notamment du côté de ces bobos urbains, plutôt bien formés, disons génération douce, qui tentent, pour la campagne genevoise de cet automne, le registre du "faire de la politique autrement". Il n'y aurait plus ni gauche, ni droite, concepts dépassés vous le pensez bien. Ni lutte des classes, ni affrontements. Les gens intelligents mettraient - comme en un synode de clercs - leurs énergies en commun au service de la Cité. Oui, j'aperçois cela chez certains candidats de partis récents (une trentaine d'années), voire beaucoup plus récents.



Ces gens-là, voyez-vous, nous jouent un petit jeu, dont je ne suis pas dupe. Celui de la réinvention de tous les principes. Ils seraient dégagés, eux, dans leur légèreté post-moderne, des mécanismes qui, de toute éternité, fondent les luttes de pouvoir. Non seulement je n'en crois rien, mais j'ai trop entendu, en plusieurs décennies d'observation de la politique, cette petite musique pour ne point m'en irriter quelque peu. D'où ce billet, que je dédie à tous les autres, de gauche comme de droite, les militants, les gens de terrain, ceux qui sacrifient une partie de leur vie au bien public. A eux, tous partis confondus, j'adresse mon salut. Les autres, je connais leur chanson.

 

Pascal Décaillet

 

 

Les commentaires sont fermés.