Sur le vif - Jeudi 11.07.13 - 15.28h
« Je voulais la solution A, mais que voulez-vous, mon partenaire de négociations exigeait la solution B, alors nous avons adopté la solution B ». Cette énormité diplomatique, qui n’est autre que l’aveu d’une déculottée, Mme Widmer-Schlumpf l’a osée, en fin de matinée, à Paris. Vaincue, mais heureuse, elle s’est exprimée aux côtés de celui qui emporte la mise, son homologue Pierre Moscovici, ministre français des Finances.
C’est ce qui s’appelle avoir la capitulation joyeuse. Pendant que les Français pourront entonner le Chant du départ, la « Victoire en chantant », nous, Suisses, minuscule pays de 8 millions d’habitants, nous aurons tout le temps de déchanter dans la défaite. À chacun, sa petite musique.
Mme Widmer-Schlumpf est sans doute une excellente technicienne du monde de la finance publique. Mais il y a un détail : a-t-elle bien saisi, intégré en son for, qu’être ministre, a fortiori négociateur à l’extérieur, c’était défendre au plus près les intérêts supérieurs de son pays, et de lui seul ? Lorsqu’elle nous sort, à Bercy, devant M. Moscovici, que la Suisse aurait préféré garder la convention de 1953, mais que cette dernière « ne correspond plus à la volonté conventionnelle de la France », on a tous envie de lui répondre que la « volonté de la France », on s’en fout un peu, et qu’on préférerait qu’on nous parle avec un peu plus de fierté et de détermination de celle de la Suisse.
Puisse le Parlement réserver à cet armistice le même sort qu’à la Lex USA, ce qui, cette fois vraiment, aurait valeur de motion de censure. Puisse aussi notre presse prêter quelque attention à la puissance montante de la colère de l’opinion publique contre Mme Widmer-Schlumpf, mais aussi au fond contre le Conseil fédéral en tant qu’instance: les errances de l’Ambassadeur Rossier, donc de son patron Didier Burkhalter, dans l’affaire de la Cour européenne de justice ne valent pas mieux. Ces gens-là ne servent pas au mieux l’intérêt supérieur de notre pays, et j’use ici de mots encore bien faibles.
La presse, oui. Une certaine presse, comme le Temps, qui multiplie, ces jours, les regards de Chimène pour tout ce qui nous est hostile. Mais ne donne guère, en contrepartie, la parole à ce qui serait révolte, colère d’une bonne partie de la population suisse. Exemple : ce matin encore, tapis rouge déployé sous les pieds de l’Ambassadeur de France en Suisse, Michel Duclos, lequel nous assure que « la France ne n’est pas montrée pressante et a respecté la souveraineté suisse ».
Si l’Ambassadeur de France le dit, cela ne peut être que vrai. Et méritait assurément d’être publié tel quel, sans la moindre mise en contexte, le matin même de la signature. Comme une préparation d’artillerie. Les consciences, ça s’aiguise. Les baïonnettes, aussi.
Pascal Décaillet