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2009-2013 : le Conseil d'Etat de l'échec

 

Sur le vif - Jeudi 28.03.13 - 15.40h

 

Une équipe disparate, sans cohérence idéologique ni colonne vertébrale. Sept conseillers d’Etat certes élus, mais jetés là, sept unités, sept aboutissements de carrières. Un gouvernement patchwork, des gens que rien ne réunit. Ils n’ont d’ailleurs été élus, en 2009, sur aucune plateforme commune. Ils viennent de cinq partis différents, représentant des visions du monde n’ayant rien à voir entre elles. En quatre ans, ils ont fait ce qu’ils ont pu, leur sincérité n’est pas en cause, ni leur attachement au bien commun. Mais ce qu’ils ont pu, c’est peu.

 

Aujourd’hui, à six mois du terme, un Conseil d’Etat incapable d’obtenir du Parlement un budget, une dette abyssale, une votation annulée sur laquelle il faudra revoter, une Chancellerie qui semble avoir la distraction chevillée au corps, aucun projet promis n’ayant abouti, le PAV évaporé dans l’éther, les TPG qui dysfonctionnent, l’Ecole genevoise toujours à la traîne, les primes maladie parmi les plus chères du pays, des rues dans lesquelles on peine à circuler, une traversée du lac que nul d’entre nous ne verra, un Plan directeur poudre aux yeux, des prisons où rien ne va, une politique de sécurité dont n’éclate que le marketing. Mais à part ça, Madame la Marquise ?

 

Quel contraste entre ce constat d’échec et la belle et fière raideur républicaine du Discours de Saint-Pierre, à l’automne 2009. De magnifiques mots, mais justement des mots. Suivis de rien. Ce gouvernement-là n’aura pas mené de politique. Il aura, tout au plus, géré des dossiers ponctuels. Au Département des Travaux publics (on nous permettra ici de revenir aux fondamentaux de la terminologie, les mots qui charrient du concret et que les gens comprennent), un ministre a remplacé l’autre, on a débaptisé, on a mis « urbanisme » pour faire bien, on nous a annoncé des dizaines de milliers de logements à l’horizon 2040. Mais maintenant, à part cet immense bluff sur un avenir improbable, quoi de concret, de mesurable ?

 

La frontière, on ne la contrôle pas. Les braquages transfrontaliers se multiplient. Le taux de chômage est, avec Neuchâtel, le plus haut de Suisse. Des résidents peinent à trouver un emploi. Nombre d’employeurs pratiquent la sous-enchère salariale avec des personnes venues de France. Les inspecteurs du travail, pour contrôler cela, ne sont pas assez nombreux. Mais à part ça, quelles nouvelles ?

 

Cet échec a des causes précises. L’une d’entre elles, parmi d’autres, est l’absence de cohérence de l’équipe gouvernementale. N’ayant pas été élus sur un programme de législature, avec des objectifs précis, comment vouliez-vous qu’ils fissent autre chose que de gérer, chacun des sept dans son coin, sa petite cuisine ? Et ça ne va pas s’arranger pour la nouvelle législature. A part un mandat de cinq ans et un président qui sera surtout un primus inter pares, rien n’a été prévu, par la nouvelle Constitution, pour que nos équipes gouvernementales agissent enfin par objectifs, et non par laborieuse contiguïté de gérances. Pierre Mendès France, dans son discours d’investiture, le 18 juin 1954, se donne un mois pour régler l’affaire indochinoise. Sinon, il partira. Un mois après, l’affaire est réglée.

 

On peut dire que ce gouvernement a démérité. Il nous a beaucoup promis, et très peu réalisé. Les thèmes de campagne de l’élection 2013 demeurent désespérément les mêmes, rien n’ayant été résolu, que ceux de 2009, et même de 2005. Par ce manque d’efficacité, l’équipe sortante n’a pas rendu service à la foi que doivent avoir les citoyens dans l’action politique. Il a, au contraire, favorisé l’idée que les discours électoraux n’étaient que du vent, que rien ne valait de rien, et ce nihilisme est le contraire même de ce que doit être une dynamique républicaine. Et vertu de tout cela, cette équipe 2009-2013, au-delà des personnes, restera associée à l’idée de l’échec.

 

Pascal Décaillet

 

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