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Salika Wenger

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Lundi 28.03.11 - 10.15h

 

Salika Wenger ne pleurniche jamais. Les soirs de votations, qui sont souvent des soirs d’échec, elle ne vient jamais se lamenter, accuser le peuple d’avoir mal voté, la partie adverse d’avoir eu trop d’argent, le monde d’être méchant. Salika Wenger est une combattante. Elle se bat.

 

Salika Wenger ne sombre jamais dans la scélérate, la mortifère confusion entre le grave et l’aigu, infantile maladie d’une certaine gauche genevoise. Elle ne dit jamais « dèbat », ni « compètente », ni « dèfavorisè », n’utilise d’ailleurs aucun de ces trois mots, et quand bien même elle faiblirait à en user, elle placerait l’aigu là où il faut. Avec la précision d’une broche, sur un tailleur.

 

Salika Wenger est l’une des rarissimes personnes de la classe politique genevoise à parler juste et bien, un français clair en simple, sonore. Rien de précieux pourtant : le subjonctif imparfait, style ancien bâtonnier, n’est pas pour elle. Elle a mieux à faire.

 

Salika Wenger écoute l’adversaire, ne l’attaque jamais personnellement, se délecte simplement à en démantibuler l’argumentaire, un peu comme un enfant cruel qui arracherait, une à une, les ailes des guêpes, en sifflotant. Ses phrases ont un début, un développement et surtout une fin, cette fameuse chute qui manque tant chez les leaders politiques.

 

Chez Salika Wenger, chaque syllabe est posée. Dans son phrasé, il y a des notes et il y a des silences, la consonne est mise en valeur, la voyelle, en couleur. Une virgule est une virgule, la respiration l’accompagne. Un point est un point. La joie, la colère, l’indignation, n’existent que redoutablement théâtralisées.

 

Il y a quelques milliards d’années-lumière entre l’efficacité rhétorique d’une Salika Wenger et l’aphasie de certains politiques genevois, jusqu’au plus haut niveau. Elle n’a pas besoin, elle, d’engager des boîtes de communication, ni dans le privé, ni dans le public.

 

Salika Wenger ne nous emmerde pas avec l’épicène, elle est de cette génération où on étudiait encore la grammaire, le masculin tient du neutre, et on n’en fait pas une maladie. Féministe, elle déteste les jérémiades. Femme de gauche, elle abhorre le relâchement vestimentaire. Elle a juste envie, très fort, de vivre et de se battre. Et cela se sent. Et cela se voit. Dans la chambrée des torpeurs, elle sonne le réveil. Le tocsin. Et cela s’entend. Très fort. Et très loin.

 

Pascal Décaillet

 

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