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La corde, l’éclusier

 

Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Lundi 28.03.11

 

Entre les Bulletins de la Grande Armée, où Bonaparte, d’Italie, faisait savoir à quel point il était génial, et l’inventaire du matériel remis à l’arsenal le dernier vendredi d’un cours de répétition de l’armée suisse, il y un océan qui s’appelle le style. Ou le souffle. D’un côté, la puissance d’une idée. De l’autre, la désespérance de l’énumération, quelque chose comme les notes testamentaires d’un éclusier, sur le point de se pendre. Pour d’étranges raisons, c’est ce dernier mode que le Conseil d’Etat genevois choisit, de plus en plus, pour la rédaction de ses communiqués hebdomadaires.

 

Qu’il pleuve ou qu’il vente, que Tripoli s’embrase, que le Japon disparaisse de la carte, le Conseil d’Etat communique le jeudi. Un monceau de nouvelles sèches, sans mise en perspective, juste alignées, sans la moindre hiérarchie, la première annonce étant souvent la plus insignifiante.

 

Morne catalogue, d’où n’émerge nulle vision, nulle ambition, nulle priorité. Juste la juxtaposition des actes administratifs de sept Départements. Gouverner, ça n’est pas cela. Communiquer, ça n’est pas cela. On a juste l’impression que chaque ministre vivote dans son coin, a passé avec les six autres le pacte de ne pas trop s’emmerder mutuellement. Le règne, souverain, de la barbichette. Je te tiens, tu me tiens. Et le souffle de l’Histoire, ce sera pour une autre vie.

 

Pascal Décaillet

 

 

 

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