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Impôts équitables : Alain Berset m’a convaincu

 

Sur le vif - Dimanche 14.11.10 - 18.11h

 

Pour la première fois de ma vie, je vote oui à une initiative socialiste. Après trois semaines d’intense hésitation, après avoir pesé et soupesé, multiplié les débats, confronté les arguments, il me semble que le texte concernant les « impôts équitables » peut être accepté en vue du seul intérêt qui vaille, celui du pays.

 

Bien sûr, je n’aime guère les planchers artificiels (22% d’impôts à partir de 250'000 francs de revenu imposable ; 5 pour mille à partir de 2 millions de fortune imposable). Bien sûr, l’intrusion de l’arrêté fédéral dans le fédéralisme, donc la souveraineté des cantons, me gêne. Tout cela, longuement, a retenu ma décision.

 

Mais enfin, voilà une initiative qui fait preuve d’intelligence et de pondération. J’ai beau écouter les cris et les haros d’economiesuisse, je ne vois pas dans ce texte des têtes au bout des fourches, ni hargne revancharde des pauvres, ni justice de classe. Et j’avoue que le chantage à quitter le pays des « très riches de Suisse », dans la presse alémanique de ce dimanche, me laisse de marbre.

 

En matière fiscale, je soutiens mordicus la souveraineté de la Suisse. Notamment face à de grands et puissants voisins ne nous faisant la leçon que pour masquer l’échec cuisant de leurs politiques confiscatoires. Mais, si la Suisse veut garder la tête haute face à des voisins qui ne lui feront, dans l’avenir, aucun cadeau, elle a tout intérêt, à l’interne, à corriger des extravagances qui permettent à un Ospel ou un Vasella un tourisme fiscal indécent.

 

C’est le conseiller aux Etats fribourgeois Alain Berset, un homme de poids et d’intelligence sous la Coupole fédérale, qui m’a convaincu. Au moment où le parti socialiste suisse donne (Congrès de Lausanne) d’effarants signaux d’errance et d’aventure (abolition totale de l’armée, urgence à ouvrir des négociations CH-UE), il est paradoxal de saluer, en son sein, ceux qui se comportent encore de façon gouvernementale. Oui, le socialisme de M. Berset me semble plus intéressant, pour l’intérêt supérieur du pays, que celui de MM Levrat ou Sommaruga. Le problème, c’est que ce pragmatisme éclairé apparaît, hélas, comme de plus en plus minoritaire.

 

Pascal Décaillet

 

 

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