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Chanson d’automne

 

Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Lundi 15.11.10

 

Pétillantes d’insolence, de culture et de transgression, les Automnales sont le rendez-vous le plus dionysiaque que Genève ait connu depuis le bûcher de l’ultime sorcière. Les Automnales, c’est la fête, la tragédie, les hurlements d’extase d’un million de moutons qu’on égorge. Les Automnales, c’est la vie et la mort, le désespoir, le bonheur salé d’une nuit d’amour.

 

Les Automnales ne coûtent rien au contribuable. Pas un sou. Elles sont une nécessité absolue, une émanation du désir des foules. Sans les Automnales – les experts sont formels – il y aurait cinq à six cents suicides, pour le seul mois de novembre, à Genève.

 

Non, les Automnales ne sont pas le miroir du pouvoir en place. Non, elles n’ont rien à voir avec le copinage radical. Non, elles ne bénéficient d’aucun espace préférentiel dans la presse. Non, il n’y a aucun lien entre l’Etat et cette fête, câline et libertaire, insoumise, gitane, fugace comme le premier regard, au matin du premier jour.

 

Non, les moutons des Automnales n’ont jamais entendu parler de Marie-Antoinette. Oui, ils aiment qu’on les caresse. Dans le sens de la laine. Non, les Automnales ne sont pas les Comices agricoles de Yonville, non, les brebis n’y sont ni putes ni soumises. Agnus dei, suis-je bête, pardonne-moi cette chronique. Vivement l’hiver.

 

Pascal Décaillet

 

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