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Constituante Kaputt !

 

Kaputt, la Constituante. À terre. Raide. Caca. Bouge plus une oreille. Elle a mouru, c’est sûr ; ne demeure que le râle geignard des pleureuses, la remembrance de ce qui fut fantasmé et n’advint jamais. Constituante, oh, nanisme ! Tant de semences au vent jetées, sans jamais le moindre fruit. Prends-en de la graine, passant, va dire à Sparte qu’ils sont tous morts pour rien, mais que ça n’est pas grave. Parce qu’à l’exception de Jean-François Mabut, du soussigné et d’une octantaine d’hallucinés, tout le monde s’en contrefout. 82 passionnés sur 450.000 habitants, c’est encore un peu juste pour calciner les foules d’un irrépressible désir.

 

Oui, ce fut un méga-rêve en circuit fermé. Oui, ce furent nos Mégaras, nos jardins d’Hamilcar, nos Petits Lirés, nos codes savants, nos clins d’œil barbaresques, avec cinquante étoiles comme cinquante Etats, cinquante sénateurs. Ce furent nos aubes, nos hivers, la conjugaison de nos plaisirs solitaires. Mais la droite, à en croire la Pampa, a sifflé la fin du rêve. La droite n’était qu’un veilleur mélancolique qui tournait sa ronde. Et qui avait entendu du bruit. Ils n’étaient même pas Thiers, même pas Versaillais. Juste des passants. Fatigués du bruit.

 

Alors, adieu sénateur, adieu cinglante Espagne, adieu Murat le Magnifique, souvenir d’Eylau et des charges de cavalerie dans la nuit bleue, glacée, la nuit de la mort, la vraie, violente, celle du fracas des armes. Adieu l’Empereur, adieu la France, adieu le Soli de Fiume, adieu lecteur vaudois qui lit ce texte sur le site de 24 Heures et se demande si je suis devenu fou. Adieu radio, Conservatoires, filles en fleur, adieu trios de rêves dans la pâleur de l’aube. Adieu, Constituante ! Nous allons maintenant, comme dans la chanson de Jonasz, reprendre le cours de nos vies.

 

« Constituante Kaputt », m’a glissé à l’oreille Alberto Velasco, ce matin 07.06h, alors qu’Apolline, Thaïs (« qui fut sa cousine germaine ») et Zoé, 10, 12 et 12 ans, escortées de leur délicieuse professeur, nous enchantaient de leur musique. Il a dit « Kaputt », et le fracas germanique de ces deux syllabes, sans rien dans sa voix qui laissât perler l’hispanisme de ses tripes, et j’ai compris. Il a dit « Kaputt », et j’ai vu la mort.

 

Puis, Ubu est arrivé. Et tous, nous sommes allées boire un café.

 

Pascal Décaillet

 

 

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