Des hommes aux visages d’anges, des voix à lacérer les âmes, des vierges comme des filles de l’enfer, costards cravates, robes d’aujourd’hui. C’était hier soir, sur Arte. C’était le Messie, de Haendel. Vienne. Ensemble Matheus. Chœur Arnold Schoenberg. Si la télévision doit servir à quelque chose, c’est à ce genre de bonheur. Absolu.
Le Messie, pour une fois avec une mise en scène. D’une intelligence époustouflante. Au service de l’oratorio, juste pour mettre en action ce qui doit l’être. Rien de trop, juste l’essentiel : les regards qui se croisent, un homme qui danse, une mortelle qui traduit en langage des sourds-muets l’aveuglante obscurité de la prophétie.
Des hommes et des femmes d’aujourd’hui, devant un cercueil. Celui de qui ? Quelle peine ? Quelle douleur ? Quelle espérance ? Un Messie exhumé des entrailles de l’Histoire. Nul autre costume que celui de l’actualité. Le génie de Haendel. Et la bouleversante actualité de la souffrance des hommes. La chair incarcérée dans l’incertitude. Juste la voix pour dire la mort. L’affronter, peut-être. Mais la dire, oui. Au moins cela.
Pascal Décaillet