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Brûleur d’âmes

Tribune de Genève - Lundi 06.04.09

 

Freddy Thielemans, est arrivé, rubicond. Ecarlate. Flamand jailli de Bruegel l’Ancien. Yeux clairs, moustache d’or blanchi. Rugbyman. Corrida. Il s’est pointé, vendredi, Salle des Abeilles, le bourgmestre de Bruxelles. Et il a osé ce mot, qu’on croyait expurgé des langues : « fraternité ».

Quatre syllabes. En écho au « cœur viril des hommes » de la Condition humaine, quatre jets de sang bouillant dans la cérébrale sagesse d’un colloque. La dernière fois, au fond, la dernière vraie, c’était Mostaganem, 6 juin 1958 : un général mystique, dans l’improbable rougeur des sables, avait dit « fraternité ».

Thielemans, c’est l’anti-caviar. Lui, c’est la mine et c’est Jaurès. Le Nord, mâtiné de sang d’Espagne, des louches de soupe populaire, le rutilant des étendards, des tonnes de crème fraîche, juste pour la route. Dans la ruche aux Abeilles, il a piqué au vif. Un socialiste avec du verbe, brûleur d’âmes.

Mendès France, il n’en a quasiment pas parlé. Mais on s’en fout. Des moments, comme ça, dans la vie : on est venus pour rencontrer un conférencier. Et on tombe sur un homme. Rougeaud, excessif. Modéré comme un picador. On imagine ses colères, comme des orages sur la grande plaine. Mais un homme. Un tempérament. Et ça fait du bien, tellement. Comme une pluie de printemps.

 

Pascal Décaillet

 

 

 

 

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