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Le Conseil fédéral dort-il?

Lundi 29.12.08 - 17.35h

Gaza, la mer Rouge, Kadhafi : trois mirages d’Orient, trois présents de l’actualité pour illustrer l’inaptitude de l’actuel Conseil fédéral à délivrer des messages clairs, stratégiquement concertés, en matière de politique étrangère. Dans un cas, le silence. Dans l’autre, l’incongruité. Dans le troisième, le désaveu inadmissible de l’une des 26 polices cantonales suisses, pour éviter de froisser un dictateur. Le tout, véhiculé par des messages disparates, où chaque ministre, par presse dominicale interposée, joue son propre jeu, sans souci de l’ensemble. La différence entre ce gouvernement et les bateaux qui passent le canal de Suez, c’est que ces derniers, au moins, ont un pilote.

Sur Gaza, depuis plus de 48 heures, les bombes israéliennes pleuvent, multipliant les victimes civiles. Qu’en pense le gouvernement de la Suisse ? Soutient-il, sans réserve, l’action d’Israël ? L’estime-t-il disproportionnée ? Invite-t-il ce pays à se concentrer sur des cibles militaires ? A-t-il des pistes, même à la modeste mesure de notre petit pays, pour la paix ? À ces questions, la seule réponse, pour l’heure, est le silence. Désintérêt ? Dos rond ? Désaccords internes ? Nul ne sait.

Sur la mer Rouge, voilà un président de la Confédération, à quelques jours de l’expiration de son mandat, qui vient lancer une idée dont on peut certes discuter, mais dont le tout nouveau ministre de la Défense (il a pris possession de son bureau aujourd’hui) ne semble même pas avoir été informé. On aurait voulu lui couper l’herbe sous les pieds avec la dernière des goujateries, ou lui signifier un état de tutelle dans sa marge de manœuvre, on ne s’y serait pas pris autrement. Imaginez un président UDC agissant de la même manière, face à Pascal Couchepin, sur une question majeure touchant à l’avenir de nos assurances sociales.

Le troisième exemple est le plus édifiant. Le désaveu très clair, par Micheline Calmy-Rey, de l’action de la police genevoise dans l’affaire Hannibal Kadhafi, donne un sentiment pâteux de lâchage interne et de concession devant les exigences exorbitantes d’un régime dont je ne sache pas qu’il ait jamais brillé dans la défense des droits de l’homme. Pire : dans cette affaire où on aurait pu attendre la voix présidentielle (ou celle de Madame Widmer-Schlumpf), c’est la ministre des Affaires étrangères seule qui lance le pavé dans la mare. Dissonances. Cacophonie. Feux éparts. Absence cruelle de cohérence.

Outre les questions de personnes, ou de signaux internes dans les rapports de pouvoir, ces trois exemples illustrent à l’extrême à quel point l’ère des ministres disparates, qui arrivent à la faveur d’une vacance et peuvent partir quand ils veulent, est révolue. D’une manière ou d’une autre, ce sont véritablement des équipes de concordance, avec des fonctions claires et des règles de primauté interne, qu’il va falloir mettre en place dans l’avenir. Hélas, on s’échinera encore des années en vaines empoignades avant d’y  parvenir. Ce qui est sûr, c’est que le système actuel, celui du hasard et des fausses notes, n’est simplement plus supportable.

Pascal Décaillet






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