Sur le vif – Mercredi 16.07.08 – 1230h
A entendre certaines ondes, ce matin, Ingrid Betancourt n’aurait pas le droit, ou en tout cas serait malvenue, d’afficher ses convictions chrétiennes, encore moins sa dévotion mariale, dans ses prises de position publiques, depuis la fin de son calvaire. Sa présence à Lourdes, même, est critiquée.
Il y a des moments où il faut laisser sortir sa fureur. La laïcité, oui: c’est le seul moyen d’organiser correctement les relations entre l’Etat et les religions. Mais ce monde où plus personne, a fortiori un ex-otage ayant vécu six années de captivité et de solitude, ne pourrait faire état de ses émotions spirituelles, n’est pas plus acceptable que ne l’était la théocratie.
Laïcité, oui. Mais ces ayatollahs du rejet de toute référence religieuse, ou cultuelle, cela commence à suffire. Il n’appartient à aucun d’entre nous de connaître le chemin de solitude intérieure d’une femme restée enchaînée six ans, loin de sa famille, loin de tout. Qu’Ingrid Betancourt ait été amenée à ce que nous appellerons une révélation spirituelle (je ne demande à personne d’y croire, juste le respecter), relève de sa sphère la plus privée, et elle a parfaitement le droit d’en témoigner.
Lourdes, Fatima, la Salette, le culte marial, on y croit ou non. Mais il se trouve que nous sommes là, et pas seulement depuis Pie IX et le 8 décembre 1854, dans l’un des lieux d’expression les plus forts de la foi catholique. Comme il y a ceux de la foi protestante, de la foi orthodoxe, des Juifs, des Musulmans. Pouvoir l’exprimer en public relève du droit le plus élémentaire : c’est justement pour garantir ce droit, dans la pluralité des sensibilités, que la laïcité a été inventée.
Sans compter qu’Ingrid Betancourt, dans ses déclarations, ne fait aucun prosélytisme. Elle témoigne, simplement. La puissance de ce témoignage, chacun doit avoir le droit, tout au moins, de l’entendre.
Pascal Décaillet