Edito Lausanne FM – Mercredi 04.06.08 – 07.50h
Je le disais hier : ce qui arrive à l’UDC suisse est une chance historique, une opportunité comme il n’en existe pas si souvent, de recomposer, au niveau national, et sous une même bannière, les sensibilités de droite en Suisse. En politique comme dans la vie, c’est dans les moments de crise que tout peut se gagner ou se perdre. C’est là, aussi, que se jaugent les caractères : il y faut de la lucidité dans la bataille, de la vision d’ensemble, un mépris des conformismes et des habitudes, le sens de l’offensive.
Ces qualités-là, un Christophe Darbellay, dans d’autres circonstances sur lesquelles on connaît mon point de vue, a su les montrer. Ne serait-il pas temps d’en faire preuve à nouveau ? Franchement, sur quel objet majeur de politique nationale la démocratie chrétienne, l’univers radical-libéral ou l’aile non-xénophobe de l’UDC diffèrent-ils fondamentalement ? Leur vision de l’individu dans la société est la même, leur rapport à l’économie, aux finances, à la fiscalité, aussi. Entre le socialisme et les ultras de l’isolement du pays, il y a là une grande voie à ouvrir, une grande voix à faire entendre. Mais il faut faire vite.
Vite, oui. Parce que, dans une bataille, la roue de la fortune peut tourner à tout moment. Chez les démocrates-chrétiens comme chez les radicaux, le poids des conformismes et des clans est encore tel, dans certains cantons, qu’il pourrait freiner, pour des décennies encore, toute vision nationale ambitieuse de recomposition. C’est justement pour cela qu’il faut un électrochoc. Je conçois qu’à l’avant-veille d’une décision majeure pour son avenir cantonal, Christophe Darbellay ait des raisons d’être encore un peu hésitant. Mais quoi, qu’est-ce, au fond, qu’un homme politique, et lui le premier ? Une intelligence ? – On espère qu’il ne soit pas sot. Une habileté ? – On espère qu’il ne soit pas pataud. Une vision ? – On aimerait bien qu’il ne soit pas aveugle.
Non, non, et non : un homme ou une femme politique qui veut compter et marquer son temps, c’est avant tout un caractère. Il se révèle dans le mouvement, dans la manœuvre, dans la solitude face à la masse. Cela s’appelle, tout simplement, l’heure de vérité.