Ou : une chance historique de recomposer la droite en Suisse.
Édito Lausanne FM – Mardi 03.06.08 – 07.50h
Vedette d’un jour, Samuel Schmid, hier, a beaucoup fait parler de lui, après avoir traversé, il faut le dire, de longs déserts de discrétion et d’hésitations. Le moins qu’on puisse dire, c’est que le Bernois, dans toute la crise qui remue son parti, n’aura brillé ni par la fulgurance ni par la ductilité de décision. Il lui aura fallu attendre l’extrême pourriture des événements pour envisager de créer un nouveau parti. Il faut, à l’égard de ce sympathique conseiller fédéral, beaucoup de bienveillance pour trouver là de l’héroïsme.
Lorsque j’étais à Berne, il y a plus de quinze ans, poser l’antagonisme entre section bernoise et zurichoise était déjà un sport national des journalistes parlementaires. Nous allions chez Ogi, dans son chalet de Kandersteg, et il nous disait que Blocher était un phénomène passager, que le vieux parti de Minger, celui de la sagesse paysanne bernoise, finirait par triompher. On a vu le résultat.
Depuis, le fossé n’a fait que s’aggraver. Les agrariens n’ont fait que perdre du champ, les méchants blocheriens n’ont cessé, scrutin après scrutin, de gagner du terrain. Il faut dire, une fois pour toutes, que la proie électorale de Blocher n’a jamais été la gauche, mais la droite plus modérée que la sienne. Quinze ans de victoires de l’UDC, dans les cantons catholiques de Suisse centrale et orientale, contre le PDC. Quinze ans de victoires, dans le propre fief du grand vieux parti, contre les radicaux : l’UDC est, depuis le 21 octobre 2007, la première force du canton de Vaud.
Un nouveau parti ? Peu probable, et surtout peu viable. Mais il y a une autre solution, rendue soudain providentielle par la crise interne de l’UDC. Inclure cette aile modérée, libérale dans l’économie mais refusant le fond xénophobe des ultras, dans un grand rassemblement de la droite républicaine suisse. On connaît mes positions, depuis des années, sur les liens à créer entre le monde libéral-radical, issu de la conception tocquevilienne de la Révolution française, et la vieille démocratie chrétienne, le tellurisme de la Vieille Suisse catholique, si chaude et si présente dans le terroir de notre pays. Ces liens à créer, pourquoi ne pas les étendre à Samuel Schmid et ses amis ?
Ce jour-là, avec un grand parti fédérant sous une même bannière les composantes historiques de la droite suisse, il sera possible de marginaliser les extrêmes. Mais il faut faire vite : sans une initiative rapide des directions radicale et démocrate-chrétienne, c’est un tout autre mouvement de balancier qui peut aussi s’imposer : le retour en force de l’aile zurichoise devenue d’ailleurs nationale, expurgée des gêneurs agrariens. Nous sommes dans ce moment politique rare et appréciable où tout est possible. Il faut maintenant des initiatives.