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Education citoyenne



Édito Lausanne FM – Mardi 27.11.07 – 07.50h


Hier, à Genève, la rencontre de plusieurs classes – primaire, Cycle d’Orientation, Collège - avec la Présidente de la Confédération a été un beau moment. Avec leurs profs, ils avaient préparé de bonnes et vives questions sur le vivre ensemble, ce qui nous lie, ce qui nous unit, ce qui doit nous régir. Des questions sur la Cité, son organisation. Micheline Calmy-Rey, avec élégance et simplicité, a joué le jeu.

L’une de ces questions, posée par une élève de 4e Maturité du Collège Calvin : ne faudrait-il pas faire beaucoup plus d’éducation citoyenne ? Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’angle et le sujet de cette collégienne étaient pertinents. La citoyenneté, ça se forme, ça se façonne, ça s’aiguise comme des papilles. Par un ensemble de connaissances (oui, pardonnez-moi, des connaissances, tout court), mais aussi par une initiation aux démarches et aux actes citoyens : l’initiative, la prise de parole pour convaincre, le débat, le vote, le respect de la majorité.

Les connaissances. Aucune communauté humaine ne peut transmettre ses valeurs sans faire connaître ses institutions à ses enfants. Pas les sacraliser. Non. Simplement les définir, montrer de quelles profondeurs historiques elles surgissent, comment elles ont émergé, à la suite de quelles crises, de quels conflits. À cet effet, l’éducation citoyenne ne peut en aucune manière se dissocier du cours d’Histoire. À quoi bon parler du Conseil national, du Conseil des Etats, du Conseil fédéral sans remonter aux origines de l’idée républicaine : les Lumières, la Révolution française, les événements de 1848, liés au Sonderbund, etc.

Ce qui n’allait pas, dans une certaine instruction civique de papa, c’est qu’on balançait des structures un peu sèches, sans les enrichir de leurs causes diachroniques. Vous voudriez parler de la Cinquième République sans jamais prononcer le nom de Charles de Gaulle, de la laïcité sans évoquer la grande crise ayant amené, en France, à 1905, des contrats collectifs en Allemagne sans rappeler le rôle du Zentrum sous Bismarck ?

Et puis, l’autre aspect beaucoup plus ludique et excitant, c’est l’énergie citoyenne. Faire débattre les élèves. Débattre, pas s’ébattre ! Parler en public, argumenter, affronter l’adversaire, le respecter, passer au vote, savoir s’incliner si on perd. Quand j’en ai parlé à des amis profs, ils m’ont fait cette réponse énorme : « On n’ose pas ; on risquerait de se faire accuser d’amener la politique à l’école ». Hallucinant ! Ce qui est interdit, c’est la propagande politique, pas l’initiation à ce qui vous entoure et vous régit. Aussi absurde que confondre laïcité et silence radio total sur le phénomène religieux à travers les âges.

Le plus fou, c’est que les profs désireux de faire vivre cette démarche existent. Ils sont habités par la passion de l’éveil et de la transmission. Le moins qu’on puisse attendre de l’autorité scolaire, c’est de les encourager. Valoriser leur action. Faire de l’école un lieu qui, sans s’impliquer directement dans le débat citoyen, soit suffisamment en éveil pour l’observer, le comprendre, le commenter, le mimer, le jouer, l’exercer. Rester sanctuaire, mais avec une petite tourelle, bien placée, pour observer le monde réel.

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