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Un bilan présidentiel



Édito Lausanne FM – Lundi 26.11.07 – 07.50h



À quelques semaines de passer la main – cela devrait être à Pascal Couchepin – Micheline Calmy-Rey laisse derrière elle un bon bilan présidentiel. Cette fonction, plus proche des chrysanthèmes que du suprême, elle l’aura su l’assumer avec classe et dignité.

Dans ce système étrange, unique au monde, où le chef d’Etat n’en est pas vraiment un et change tous les ans, le titulaire de la charge dispose de très peu de temps pour insuffler un style. Quelques signes, bien placés. Quelques petites phrases. Une ou deux initiatives. Surtout, ne pas trop en faire. Surtout, ne pas élever la voix de façon trop prétorienne. Surtout pas d’éclat tribunitien.

Non que les Suisses n’aiment pas les éclats rhétoriques : ils commencent même sérieusement à y prendre goût. Mais pas dans cette fonction-là. Le président, la présidente doit serrer dans l’intime de son être une part du charme secret de notre pays : le respect, la pluralité, tous ces petits miracles d’équilibre, infiniment fragiles en vérité, qui ont permis à la Suisse d’émerger, d’exister.

Cela, Micheline Calmy-Rey l’a compris. Avec son style à elle, qui n’est ni celui de Kurt Furgler, ni celui de Jean-Pascal Delamuraz, pour prendre les tout grands. Ainsi, dans la campagne électorale, la Présidente n’a cessé de rappeler les deux ou trois valeurs fondatrices de la Suisse. Elle tenait un discours partisan, anti-Blocher ? Peut-être. Mais elle disait en même temps les choses justes et fortes qu’on attendait de sa fonction. Pas la personne, la fonction.

Bien sûr, il y a eu l’épisode du Grütli, qui était donner beaucoup d’importance à une prairie – pardonnez-moi – qui n’en a guère. La vraie Suisse est née en 1848, peut-être en 1798, peut-être même aux Traités de Westphalie de 1648, mais 1291 ne concerne qu’un infime noyau du pays. Mais il y a eu aussi, dans chaque moment difficile, discorde évidente du Collège ou autres montées de fièvre, une tonalité dans la voix pour garder la distance et calmer les choses. Là aussi, c’est exactement ce que les Suisses attendent de cette fonction.

Reste que cette fonction, dans son exagérée modestie, est à revoir. Un Président pour deux ans, voire pour toute la législature. Elu par le peuple, et non par la combinazione du suffrage indirect. Une personnalité de valeur, de référence, évidemment rassembleuse. Une tonalité. Une voix pour le pays et pour le monde. En quoi la secrète fragilité de notre pays, qui n’exclut ni le courage ni la lumière, serait-elle entravée par ce surcroît de visibilité ?


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