Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Régenter la féerie



Édito Lausanne FM – Lundi 19.11.07 – 07.50h



Pas de décorations de Noël avant le 19 décembre. C’est ce que demande, dans le canton du Jura, une motion, signée par une députée écologiste, nous annonçait à l’instant le journal de 7h de la Radio Suisse Romande. Les guirlandes et les lumières, c’est bien, mais ça coûte de l’énergie.

Que les décorations de Noël arrivent bien trop tôt dans nos rues, on peut certes en discuter. Le temps normal, ou convenable, pourrait être, simplement, celui de l’Avent, les quatre semaines qui précèdent Noël, soit début décembre. Que la magie inégalable de ce temps d’attente soit bouffée par le commercial et les marchands du Temple, on peut aussi en convenir. Mais de là à vouloir à ce point régenter la féerie, il y a, oui, dans ce petit épisode, de révélatrices leçons à tirer sur l’idéologie Verte, lorsqu’elle est mécaniquement poussée dans ses retranchements fondamentalistes.

Car enfin, cette affaire des décorations ne relève pas du simple détail. Bien antérieure au christianisme, qui ne l’a pas inventée et l’a juste reprise, l’idée d’illuminer la nuit au point sombre du solstice d’hiver, est vieille comme le monde. Et elle est magnifique. L’Avent, pour un Chrétien, c’est une manière du sublimer l’Attente, et c’est un temps très fort du calendrier liturgique. Pour tous les humains, croyants ou non, ce jeu de lumières dans l’encre de la nuit, de vie et de mort mêlées, de feu et de glace, va chercher quelque chose de très fort. Des parcelles d’enfance, des haillons d’émerveillement, arrachés à la banalité de vivre.

Tout cela, oui, coûte un peu quelque chose. Les lumières, il faut bien les allumer, il y a donc quelques Watts en jeu. Mais enfin, faut-il mettre sur stand by nos désirs d’émerveillement ? L’idée même d’aller rogner la magie, au nom d’une table rase de la tradition et du grand bonheur Vert imposé à tous, révèle une volonté normative qui tranche singulièrement avec la grande illusion de douceur et de compatibilité que les Verts ont réussi à instiller depuis un certain temps.

À cet égard, on notera avec un certain sourire que ce genre de propositions, comme celles, tout récemment, du président des Verts genevois, Antonio Hodgers, sur la circulation automobile en ville, se trouvent arriver APRES les élections. Les Verts sont courageux. Mais ils ne sont pas encore téméraires.




Les commentaires sont fermés.