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Le Ralliement ou la Mort



Édito Lausanne FM – Mardi 13.11.07 – 07.50h

Le parti radical est-il en danger de mort ? Ce grand vieux parti, qui a fait la Suisse moderne, lui a donné un nombre incroyable de grands hommes, ce pilier des institutions et de l’économie, a-t-il pour destin, comme l’entrevoit son meilleur spécialiste, l’historien vaudois Olivier Meuwly, de n’être plus, bientôt, qu’une chapelle respectueuse, et respectée, un Grütli laïque, un témoin, sous verre, de ce que fut la grandeur de la Suisse, entre 1848 et la fin du vingtième siècle ?

Ce parti, dont l’Histoire me passionne depuis des décennies, vit des heures très difficiles, le coup de grâce ayant été donné avant-hier par l’échec de Charles Favre au Conseil des Etats, où les radicaux, depuis l’aube de la Suisse moderne, avaient toujours été présents. Qu’il se rapproche trop de l’UDC, et on dira qu’il perd son âme, joue les clones, se dilue dans une identité qui n’a rien à voir avec la sienne. Qu’il scelle alliance, forte et loyale, avec la vieille démocratie chrétienne (dont presque rien, au plan national, ne le sépare, et plus personne, aujourd’hui, ne se soucie du Sonderbund), et on lui fera grief d’un centrisme aussi lâche qu’improbable.

Seule, pourtant, cette seconde solution est la clef de la survie. Une grande fédération politique, en Suisse, et sans tarder, regroupant les radicaux, les libéraux bien sûr, et les démocrates-chrétiens. Il y a deux ans et deux jours, invité à m’exprimer par un club de réflexion politique de Martigny, j’avais dessiné cette hypothèse, en évoquant la profondeur des racines historiques des uns et des autres. Le legs inestimable de la Révolution française, avec sa tradition républicaine, pour les radicaux; le message de lumière du pape Léon XIII, son Encyclique de 1891, « Rerum novarum », sur la Doctrine sociale de l’Eglise, cette réponse non marxiste, en pleine Révolution industrielle, à la condition ouvrière. Ce deuxième pan étant, bien sûr, l’une des origines, avec le Sillon, de ce qu’on appelle aujourd’hui la démocratie chrétienne.

Eh bien la richesse entremêlée de toutes ces racines, aujourd’hui, entre le socialisme et l’UDC, peut donner naissance à une grande fédération, libérale quant à l’économie, ouverte à l’Europe et au monde, se distinguant de l’UDC par son ouverture à l’étranger, à l’Autre, au sens large. Cette droite – car c’en est une – assumée comme telle, pourra rejoindre l’UDC dans sa lutte pour la responsabilité individuelle, l’économie de marché libre et compétitive. Elle ne la rejoindra pas, s’en distinguera même farouchement, dès que viendra poindre l’odeur du nauséabond.

L’avenir du radicalisme ? C’est de cesser d’être radical tout seul, ce mot d’ailleurs ne veut plus rien dire au grand public, et n’est simplement plus compris par les gens. Non, l’avenir de ce parti, c’est d’apporter tout ce qu’il est, toute sa richesse, à quelque chose de plus grand, à la rencontre des attentes modernes du peuple suisse. Qui est conservateur sur le plan politique, libéral sur le plan économique, et qui n’est certainement ni renfermé sur lui-même, ni xénophobe.

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