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Liberté - Page 995

  • Mourir - Ou renaître ?

     


    Coup de Cœur - Extrait de ma page spéciale Rhône - GHI - Mercredi 02.07.14

     

     

    Aspiré par la mer, le Grand Rhône 1.jpgRhône, en cet endroit précis auquel je pense, incroyablement large, offre au regard un flux impressionnant. Pas question de s’y baigner, on se retrouverait hagard, sur quelque côte de Corse ou d’Algérie. J’aime y aller sur la rive gauche, par quelque chemin de traverse, dans les vignes du pays d’Arles. La côte d’en face, à portée de regard, apparaît comme un autre monde. La Méditerranée n’est plus qu’à quelques kilomètres, et déjà l’air marin se mêle au parfum des ceps. Mais le fleuve, plus que jamais, est encore fleuve. Là, plus rien ne l’arrête, il a décidé de précipiter son destin. S’offrir à l’immensité. Non mourir, mais renaître dans quelque chose de plus grand. Son flot est émeraude. Les arbres, sur le rivage, enracinent leurs troncs blancs dans le lit du fleuve. Immobiles et fiers, devant la vie qui va.

     

     

     Pascal Décaillet

     

     

     

    Photo PaD - Pâques 2012

     

     

  • L'habit du Général

     

    Chronique publiée dans Lausanne Cités - Mercredi 02.07.14
     
     
    Une garde à vue, ça n’est pas formellement une arrestation. Et surtout, la personne entendue par la police demeure présumée innocente, c’est très important. Cela vaut pour tout le monde, y compris Nicolas Sarkozy. Nous ne nous prononcerons donc pas sur le fond de l’affaire qui amène un ancien chef d’Etat français dans une telle situation. Surtout qu’à ce niveau, toutes les manipulations sont possibles et imaginables.
     


    Mais concernant M. Sarkozy, quelle que soit son implication dans la présente affaire, il faut bien reconnaître qu’il est celui des sept présidents de la Cinquième République qui aura le plus affaibli la fonction. Non par ses choix politiques, ni par son manque d’ardeur à la tâche, mais par toute une série de signaux où l’homme ne s’est pas montré à la hauteur. Désolé de le dire ici, mais M. Hollande, son successeur, qu’il est de bon ton de dénigrer unanimement, a toujours, dans l’exercice de sa fonction présidentielle, affiché la dignité requise. On peut lui coller tant qu’on veut l’image – en effet ridicule – du scootériste allant chez sa maîtresse avec son casque, il était là dans sa vie privée.


     
    Taillé pour le fondateur de la Cinquième République, l’un des plus grands hommes de toute l’Histoire de France, le costume est certes trop ample pour n’importe quel successeur, sauf peut-être François Mitterrand, qui l’a porté avec génie. Il oblige ceux qui le portent à incarner l’Etat, sa continuité, son Histoire. Dans cette mission-là, le « casse-toi, pauv’con » n’a évidemment pas sa place. Et cela, garde à vue ou pas garde à vue.
     
     
    Pascal Décaillet


     

  • Commémorer, c'est récupérer. Toujours.

     

    Sur le vif - Samedi 28.06.14 - 11.19h

     

    Très bonne page 3 de la Tribune de Genève, qui nous démonte, en donnant la parole notamment à l'excellent historien Michel Porret, la construction du "bicentenaire de la police" comme manipulation destinée à dorer le blason du pouvoir actuel.


    Mais TOUTE commémoration organisée par le pouvoir est TOUJOURS et AVANT TOUT destinée à cela. C'était le cas, autour du 1er juin de cette année, pour les cérémonies autour de l'arrivée des Suisses au Port Noir, où le pouvoir et ses affidés se sont eux-mêmes, jusqu'aux confins de la caricature, mis en scène et en miroir: on n'a vu, quasiment, que la tranquillité installée des commémorants, sur leur petit cercle repliés. C'est le cas, à Genève, de TOUTES les manifestations patriotiques, où l'on retrouve toujours la même clique, comme en ces tableaux de Rembrandt où figurent les notables, contemporains du peintre.


    A ce phénomène, nul n'échappe. Même les plus grands. La cérémonie, certes sublime, de transferts des cendres de Jean Moulin au Panthéon, le 19 décembre 1964 (dès l'âge de 17 ans, j'écoutais en boucle le discours de Malraux) est parfaitement identifiée aujourd'hui comme une opération de propagande du pouvoir gaulliste pour magnifier la Résistance extérieure (celle de Londres) au détriment des réseaux de la Résistance intérieure. Et donc, le pouvoir gaulliste de fin 1964, à un an (jour pour jour) de la première présidentielle au suffrage universel.



    La moralité de l'Histoire, c'est qu'il faut certes commémorer. Il faut entretenir la flamme, le souvenir. Mais il n'est pas certain que les pouvoirs en place soient les mieux placés pour le faire. Car TOUJOURS, et c'est naturel (il n'y a même pas à leur en faire grief), ils tireront la couverture à eux, s'instaurant en légataires des héros commémorés. Vous pouvez tout reprendre, depuis la Guerre du Péloponnèse en passant par Plutarque, Michelet, et bien sûr l'éblouissant Pierre Nora (les Lieux de Mémoire), nous sommes là dans une constante de l'exercice du pouvoir. A nous, simplement, de faire la part des choses. En évitant d'être dupes.

     

    Pascal Décaillet