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Liberté - Page 71

  • Mme Hiltpold, la majorité silencieuse est avec vous !

     
     
    Sur le vif - Mardi 06.02.24 - 10.46h
     
     
    L'immense erreur de Mme Hiltpold est de se laisser acculer à une guerre de tranchées, de type strictement défensif, où elle apparaît cette semaine comme la victime expiatoire de toutes les colères. En l'espèce, celle des profs du CO. Alors, elle s'enterre. En attendant que ça se calme.
     
    Le défaut stratégique de sa gouvernance est à chercher en amont de l'actuelle crise. Cette personne de valeur, attachée à l'Etat dans la grande tradition radicale, soucieuse du bien public, s'est trop longtemps murée dans le silence, les premiers mois de son mandat.
     
    Au début, l'austérité de cette discrétion avait de quoi séduire. Ca nous changeait de l'hyper-communication maladive de certains ministres. Mais là, ça a trop duré. Et donné l'impression d'une inertie, au plus haut niveau. A tort ou à raison, l'image a été celle-là.
     
    Dans la crise, la magistrate doit donner des signes d'existence et d'éveil. Elle en a l'intelligence, elle doit passer à l'action. Une majorité du peuple genevois sera derrière elle. Des oppositions corporatistes, elle en aura toujours, tout son mandat. Je doute qu'elles soient très populaires, surtout par les temps qui courent.
     
    A Genève, la masse silencieuse est prête à soutenir sa magistrate. Pour peu que cette dernière sorte de son fortin, se montre, avance des idées claires, enthousiasmantes, porteuses d'espoir. C'est justement cela, gouverner.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Plaire ? Non, merci !

     
     
    Sur le vif - Dimanche 04.02.24 - 10.49h
     
     
    Mon credo politique depuis l'adolescence, peut-être même depuis la fin de l'enfance, c'est la nation ET le social.
     
    Je veux la nation. Je veux l'attachement d'une communauté à une patrie. Je veux que chaque nation soit souveraine. Elle peut passer des accords, dialoguer avec ses voisins, c'est même indispensable. Mais elle ne doit pas déléguer son destin à une instance supérieure. C'est si difficile à comprendre ?
     
    Tout autant, je veux le social. La solidarité, à l'interne de la communauté nationale. C'est pourquoi j'admire tant, par exemple, dans notre pays, la grande aventure de l'AVS, fleuron de notre cohésion. Tous mes thèmes de débats, de commentaires, d'éditos, tournent autour des préoccupations des masses profondes de la population, et non celles des salons urbains ou des chercheurs en sciences sociales à l'Université de Lausanne.
     
    Je parle des paysans, depuis toujours. Je parle des ouvriers. Je parle du pouvoir d'achat. Je parle de notre système de santé. Je parle de nos régimes de retraites. Je parle des petits entrepreneurs, je sais ce que cela veut dire, j'en suis un, depuis 18 ans.
     
    Je suis un homme de droite, à tendance férocement sociale. Ca exaspère la droite du libéralisme financier, celle qui fout en l'air nos sociétés depuis plus de 30 ans. Et ça exaspère tout autant la gauche, qui revendique le monopole de la solidarité.
     
    J'exaspère tout le monde. Ca tombe à merveille. Je déteste plaire.
     
     
    Pascal Décaillet
     

  • Isabelle Faust : chaque note est une naissance

     
    Sur le vif - Samedi 03.02.24 - 10.58h
     
     
    Isabelle Faust, l'une des plus grandes violonistes vivantes, est seule, debout, dans la Thomaskirche de Leipzig, dont Jean-Sébastien Bach fut le Cantor, de 1723 jusqu'à sa mort en 1750. Concert pour temps de Covid. Partita pour violon seul no 2, cinq mouvements, ça commence par l'Allemande.
     
    C'était repris hier soir, sur le coup de 23.30h, sur Stingray Classica. Je connaissais déjà, je crois même en avoir parlé. Il est des choses dont je ne parle jamais, d'autres que je reprends à l'infini. On gère ses passions comme on peut.
     
    Dans ce moment rare, il y a cette extraordinaire interprète, la qualité de son visage, sa totale présence dans l’œuvre. Elle semble découvrir chaque note que, par la pression sur la corde ou le jeu de l'archet, elle crée pourtant elle-même. Elle a dû la jouer mille fois, mais là, c'est la première. Cette interprétation est une naissance.
     
    Il y a l’œuvre. Simplicité. Densité. Acoustique de l'une des églises les plus célèbres des Allemagnes, celle de Bach, celle où Mendelssohn redécouvrit les Passions. Celle où, si souvent, fut lue la Bible en allemand de Luther, dans sa traduction de 1522. La Thomaskirche de Leipzig, coeur vibrant de l'âme allemande.
     
    Il y a Isabelle Faust, violoniste bouleversante, elle-même remuée par l’œuvre qu'elle sert. Il y a le lieu. Il y a la musique. Il y a chaque note qui s'élève. Vers quel destin ?
     
     
    Pascal Décaillet