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Liberté - Page 639

  • Quatuor d'Alexandrie

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 24.04.19

     

    Avec ses 46 membres (deux par canton), le Conseil des Etats, dont j’ai eu l’honneur d’observer sur place, comme correspondant parlementaire à Berne, pendant plusieurs années, les travaux, a la réputation d’une Chambre de notables. Souvent, on y envoie siéger des personnalités politiques en fin de carrière, parfois d’anciens conseillers d’Etat. Longtemps, ce fut le règne des costumes trois-pièces, avec le gilet, des Messieurs d’âge mûr. On y préférait le murmure à l’opprobre. A contempler, c’était un chef d’œuvre de discrétion. Et, souvent, d’efficacité. Une Suisse en miniature.

     

    Mais le règne des notables n’est pas éternel. Parmi les candidats ayant des chances, on notera Lisa Mazzone, jeune et dynamique, courageuse, imaginative. De même (sans prétention exhaustive), la candidate du PDC, Béatrice Hirsch, soucieuse des préoccupations de la classe moyenne, excellente connaisseuse des dossiers de santé.

     

    Bref, le costume trois-pièces n’est pas une obligation absolue pour se faire élire. Et pour vous dire franchement le fond de notre pensée, il nous apparaît comme singulièrement rafraîchissant qu’un vigneron-encaveur comme Willy Cretegny, porteur d’une remarquable conscience environnementale, vienne apporter un souffle d’air qui nous sorte un peu du Quatuor d’Alexandrie, entendez les deux de l’Entente face aux deux de l’Alternative. Nous suivrons de près la campagne Cretegny : rien ne vaut l’irruption d’un brillant outsider pour relever le goût d’un menu électoral.

     

    Pascal Décaillet

     

  • L'Alinéa, où souffle l'esprit !

     

    Sur le vif - Jeudi 25.04.19 - 16.47h

     

    J'ai longtemps pensé que la meilleure librairie du Département des Bouches-du-Rhône était Actes Sud, de Françoise Nyssen, au bord du Rhône, dans Arles, "où sont les Alyscans".

     

    Je ne connaissais pas encore "L'Alinéa", à Martigues. Aussi proche du Miroir aux Oiseaux, et des canaux entre Étang de Berre et Méditerranée, qu'Actes Sud, en Arles, jouxte le large Rhône, non loin du terme.

     

    Ce qui m'a fasciné, dans "L'Alinéa", n'est pas tant la taille de la librairie que l'extraordinaire rigueur intellectuelle et éditoriale qui prévaut au choix des livres.

     

    En absolue priorité de cette observation, je pense au rayon Histoire contemporaine, toujours le premier à éveiller mon flair et mes appétits.

     

    Celui de cette librairie-là est d'exception : Histoire de France, depuis la Révolution notamment ; Histoire coloniale ; Histoire extraordinairement fouillée des mouvements anti-coloniaux, ceux d'Indochine et surtout ceux d'Algérie, entre 1830 et 1962. Histoire du FLN, dans toutes ses composantes diverses, et parfois rivales. Histoire du Proche-Orient, du Maghreb, de l'Afrique sub-saharienne, très grande sensibilité éditoriale au monde arabe, à la question palestinienne. Histoire du parti communiste français, de 1920 à nos jours. Histoire des mouvements anti-coloniaux en Métropole. Histoire de la Provence, avec une perspective autrement moins folklorique que celle des Santons ou des chantres régionalistes locaux.

     

    La librairie L'Alinéa, à Martigues, est l'un des lieux de France où souffle l'esprit. De toute mon âme, avide de lectures nouvelles et inédites, contrariant les interprétations précédentes, pour créer (par la dialectique) l'infinie richesse d'une pensée paradoxale, seul moyen de construire un rapport vivant à l'Histoire, je vous recommande cet endroit de vie, de silence et de plénitude.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Chicago-sur-Rhône, c'est non !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 24.04.19

     

    Un canton entièrement bétonné, de Versoix à Chancy, est-ce là notre vœu pour Genève ? Un canton sans poumons de verdure ? Un canton truffé de tours et d’immeubles, de nouveaux quartiers, ayant grignoté ce qui demeurait de campagne, reliés entre eux par toujours plus de routes, de voies ferrées, de lignes de bus ou de trams ? Un canton-ville, mégalopole, un univers entièrement urbanisé, entre Jura et Salève, Voirons et Fort de l’Écluse ? Un canton avec un aéroport surdimensionné, juste pour satisfaire la démesure de quelques-uns, ceux qui n’en peuvent plus de rêver à une grande plate-forme internationale, une sorte de Chicago-sur-Rhône. Sans avoir ni la beauté de Chicago, ni les dimensions d’arrière-pays de la métropole américaine.

     

    Est-ce cela que nous voulons ? A l’heure où nos autorités, et pas seulement dans les milieux de la droite libérale, nous brandissent plans directeurs et projets d’extension, les citoyennes et citoyens de ce canton doivent définir, eux, le cadre et le modèle de développement pour les générations qui viennent. Il ne s’agit pas de prôner ici la croissance zéro, comme le font les allumés de l’Apocalypse climatique, mais d’inventer une croissance raisonnable, humaine autant qu’humaniste, au service des individus, de leur qualité de vie, profondément respectueuse de l’environnement, sans pour autant brandir le gong de Philippulus le Prophète, celui qui dans l’Etoile mystérieuse nous annonce « Le Châtiment ».

     

    Car il est temps de parler d’environnement, de protection de la nature, de lutte contre gaspillage, de respect des animaux, de préservation des biotopes et des espaces verts, sans pour autant se reconnaître comme un fidèle de la grande chapelle des Verts. Ces derniers n’ont pas le monopole de l’environnement ! D’autres courants, en Suisse, avec un Franz Weber ou un Philippe Roch, ancrés dans des racines spirituelles plus que dans la mécanique de « l’écologie politique », ont été là – ou le sont encore – pour nous indiquer d’autres voies. Sans compter que les Verts, avec leur instrumentalisation de la question climatique à fins électorales (échéances d’octobre 2019, les fédérales), ne nous engagent pas particulièrement à les suivre tête baissée sur le chemin de leurs propres ambitions, leurs propres carrières.

     

    Le canton de Genève a un profond besoin d’équilibre. Entre ville et campagne. Entre industrie, services et agriculture. Entre densité et verdure. On doit, impérativement, continuer de pouvoir y respirer. On doit y aimer nos cours d’eau, avec leur faune, notre lac, nos bois, nos côteaux vinicoles. On doit continuer d’y admirer les oiseaux, ceux qui migrent comme ceux qui nichent. Cette permanence du bonheur n’est possible qu’avec une vision maîtrisée de la croissance. Renoncer à toute démesure, à tout ce qui peut troubler l’équilibre. Ne pas tomber en génuflexion devant le Veau d’or du profit facile. Penser à la qualité de vie de tous, à commencer par celle des plus démunis. Construire l’avenir, sans détruire la vie.

     

    Pascal Décaillet