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Liberté - Page 527

  • 45 fiertés, une République

     

    Sur le vif - Lundi 02.03.20 - 14.55h

     

    Ce qui doit sortir vainqueur du 15 mars prochain, ça n'est pas la droite, ni la gauche, ni les improbables coagulations centristes dans l'eau trouble du bénitier.

    Non. Ce qui doit gagner, c'est la Commune. Échelon premier, en proximité, en présence, en affection.

    La Commune, à Genève, est largement antérieure au Canton (1815). 45 Histoires passionnantes, où se mêlent l'époque romaine, les sites paléochrétiens, la ferme médiévale, les familles, les découpages, les échanges. La Commune est complexe, peu lisible au premier abord, elle nécessite patience et amour, passion pour la micro-Histoire, qui n'épouse pas toujours les succès et les revers des nations.

    45 Communes, 45 fiertés. Des hommes et des femmes qui s'organisent, à l'horizon du visible. C'est concret, c'est vérifiable, ça touche le voisin, il faut du doigté.

    En couvrant à fond ces municipales 2020, j'ai maintes fois pensé à la Constitution d'Athènes, d'Aristote, et ce passage sur lequel j'étais tombé, il y a si longtemps, en langue grecque, en examen. Il y était question de bornes qu'on arrachait, c'était vif et poignant, réel, c'était une forme de Commune.

    En 1871 aussi, la Commune. Celle de Paris. La guerre, les Prussiens aux portes, la misère, la révolte. Et finalement, les Versaillais, sur ordre de Monsieur Thiers, pour écraser dans le sang ce rêve d'humains.

    A Genève, 45 Communes, non comme des fiefs. Mais comme 45 organes vitaux de notre République. Elles font corps. Ensemble, elles constituent un corps supérieur, qui sans elles n'est rien.

    La Commune figure dans l'identitaire genevois l'ancestralité du passé. Elle pourrait bien, face au jacobinisme et à l'arrogance d'un Etat transformé en surintendant vorace et supérieur, préfigurer un avenir. Plus libre, plus fraternel, réconcilié avec les racines.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Juste avant la mort, le déclin

     

    Sur le vif - Dimanche 01.03.20 - 14.06h

     

    La démocratie chrétienne jurassienne est historiquement, philosophiquement, culturellement, l'un des piliers de la démocratie chrétienne suisse. Autant qu'en Valais, autant qu'à Fribourg. Elle a joué, dans le dernier siècle, un rôle fondamental dans la genèse du futur canton, sa construction identitaire, son affirmation dans l'ordre de l'existence, de l'indépendance. Lisez les grands penseurs de l'entre-deux-guerres, lisez les Helvétistes, lisez Gonzague. Imprégnez-vous des racines intellectuelles et morales du mouvement jurassien d'affranchissement.

    Le revers qu'elle subit aujourd'hui marque une étape, dans la politique en Suisse romande. Non que les héritiers suisses du Zentrum bismarckien, ou de la Doctrine sociale de 1891, soient en voie de disparition. Mais de régression, oui. Car perdre, n'est rien. Ni même mourir, si c'est pour renaître, en quelque Pâque de folie et d'espérance. Mais ne plus être, là où l'on fut beaucoup... Subir le désaveu, sur la scène même où l'on porta naguère le sens. Voir s'éclipser la bannière, là où jadis elle fut imprégnée de la plus brûlante des lumières.

    Dans d'autres cantons de Suisse romande, pour ne porter son regard que sur l'aile latine des épigones de Léon XIII, un frisson, ce dimanche 1er mars 2020, peut électriser les épidermes. Non celui de la mort. Mais celui du déclin.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Jacobins pète-sec

     

    Commentaire publié dans GHI - 26.02.20

     

    Plongé à fond dans les élections municipales du 15 mars prochain, je n’ai jamais autant fréquenté les gens de nos Communes. J’ai déjà, ici, rendu hommage aux candidats. Mais je veux aujourd’hui aller plus loin : nos 45 Communes genevoises ont besoin de plus de considération, plus de liberté, plus d’autonomie, moins d’interventions tatillonnes du Canton, moins de jacobinisme.

     

    Il n’est pas normal que la Commune genevoise, en 2020, ait si peu de pouvoir en comparaison intercantonale, qu’elle puisse être aussi facilement « recadrée » par les juristes ou les fonctionnaires de la Couronne cantonale, qu’un Maire ou un Conseiller administratif puisse être « révoqué », comme s’il était un employé de la fonction publique cantonale.

     

    Sur la Commune, la Constituante n’est pas allée jusqu’au bout de son travail. Cet échelon de proximité, le premier entre tous, dont l’existence historique est bien antérieure à celle du Canton, doit s’affranchir des petits jacobins pète-sec de l’administration cantonale. Pour cela, il nous faudra bien sûr amender la Constitution, par exemple par la voie d’une initiative.

     

    Un Maire, un Adjoint, un Conseiller administratif, un Conseiller municipal sont des élus du peuple. Leur légitimité, là où ils opèrent, ne doit rien avoir à envier à celle d’un élu cantonal. Dans leur Commune, les élus doivent être souverains. C’est cela, l’enjeu premier de la politique communale à Genève pour 2020-2025. Au-delà des noms ou des partis que vous choisirez, en toute liberté, de glisser dans l’urne.

     

    Pascal Décaillet