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Liberté - Page 525

  • Soleil noir

     

    Sur le vif - 07.03.20 - 11.01h

     

    Bien plus que notre résistance au virus, c'est notre capacité à nous comporter en humains, dans toute la dimension individuelle, sociale et spirituelle du mot, qui est testée ces jours.

    A ce défi majeur, ne répondons pas avec la froideur de laboratoire de l'hygiéniste. Mais avec le clair-obscur assumé de nos doutes et de nos adhésions, la conscience révoltée de nos finitudes, l'affirmation du sens.

    En affichant la fierté de nos liens, la fidélité à nos compagnons de route, l'intransigeance de notre verbe. Comme un soleil noir, au milieu du chaos.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Gérontophobie : saloperies de directives !

     

    Sur le vif - Vendredi 06.03.20 - 15.51h

     

    Fantastique ! On demande expressément aux personnes de plus de 65 ans de "réduire au minimum leurs visites dans les EMS et les hôpitaux" !

    Ca signifie quoi, cette gérontophobie ? Si tu as plus de 65 ans, tu évites "au maximum" de fréquenter un hôpital ! Alors tu fais quoi, si tu es malade ? Tu restes chez toi, seul, à pourrir ? Tu te drapes de silence ? Tu attends la mort, dans ton superbe isolement ? Tu évites de contacter ton médecin, de peur de déranger, d'être de trop ? Mais tes primes, bien sûr, tu continues à les payer, en bonne poire, bien mûre, prête à la chute finale !

    Et puis, quoi, "éviter au maximum" les EMS ? Mais bordel, les pensionnaires, ce sont avant tout des gens de leur génération qui viennent leur rendre visite. Leurs vieux amis. Ceux de leur âge, qui ont grandi avec eux, fréquenté les mêmes écoles, ceux qui se sont naguère aimés, qui furent amants, jaloux, réconciliés, ceux qui avec eux ont vu le monde changer, contemporains, comme le décrit si bien Annie Ernaux, dans "Les Années".

    Alors non, il faudrait que les vieux aient la délicatesse d'éviter de fréquenter d'autres vieux. Il faudrait qu'ils aient la sagesse de demeurer chez eux, raser les murs en faisant leurs courses, en dehors des heures de pointe, surtout n'approcher personne, ne saluer personne.

    Saloperies de directives. L'hygiène, oui. La discipline collective, oui. Les précautions d'usage, oui. Mais pousser le bouchon, dans un communiqué qui eût faire rougir le Camus de la Peste, jusqu'à ostraciser de la Cité la personne âgée, déjà scandaleusement mise à l'écart par notre société de profit, là il faut réagir ! Et les courageux, qui ont édicté ces directives, ils n'ont pas, eux, la plus élémentaire des hygiènes : celle de signer.

    La précaution, oui. La mise à l'écart, froide et sans âme, de toute une catégorie de population, c'est NON, NON, et NON !

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Entre cosmos et chaos

     

    Sur le vif - Vendredi 06.03.20 - 10.02h

     

    Il y aura toujours un pouvoir. Si ce n'est pas celui des frontières, ce sera celui de l'argent. Si ce n'est pas celui des peuples, ce sera celui des élites. Si ce n'est pas celui de la loi, ce sera celui de la jungle. Si ce n'est pas celui de la solidarité, ce sera celui des égoïsmes. Si ce n'est pas celui de la République, ce sera celui des communautés, des tribus, des factions. Si ce n'est pas celui de la nation, ce sera celui des multinationales, apatrides. Si ça n'est pas celui du verbe, ce sera celui du verbiage. Si ça n'est pas celui du style, ce sera celui de la fange. À nous de choisir, entre cosmos et chaos.

     

    Pascal Décaillet