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Liberté - Page 526

  • Contrôler les flux !

     

     

    Commentaire publié dans GHI - 04.03.20

     

    Personne, à moins d’être fou, n’a jamais demandé que la Suisse ferme ses frontières. Mais de plus en plus de gens souhaitent une régulation de l’immigration vers la Suisse. Réguler, ça n’est pas arrêter : c’est contrôler les flux, en fonction de critères décidés par soi-même, non par les autres.

     

    Chaque pays, indépendant et souverain, a non seulement le droit, mais aussi le devoir de contrôler son immigration. Chaque pays décide de ce qu’il peut accepter, en quantité, en fonction de ses capacités territoriales, démographiques, économiques. Il n’y a là nulle espèce de xénophobie, c’est juste une protection de ses propres résidents, de la cohésion sociale interne à chaque peuple, qui nécessite sagesse, équilibre, aménagement du territoire, sens de la mesure.

     

    Nous voterons le 17 mai sur une « initiative de limitation », sans doute la plus importante depuis celle du 9 février 2014, sur l’immigration de masse. Chacun d’entre nous jugera en conscience. Mais une chose est certaine : ni les menaces du patronat, ni celles de centrales syndicales plus attachées à l’internationalisme qu’à la défense des travailleurs suisses, ni la Sainte Alliance des grands partis politiques, ne remplaceront l’intime conviction de chaque citoyenne, chaque citoyen de notre pays. Chacun d’entre nous vote comme il veut. Il n’a aucune leçon à recevoir de personne. Il est seul, face à l’urne. Il représente une part certes infinitésimale de l’ensemble. Mais souveraine. Et indivisible.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

     

  • Coronavirus : notre immense fragilité d'humains

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 04.03.20

     

    Nous voilà donc confrontés à une épidémie. Qui d’entre nous, il y a seulement quelques semaines, aurait été capable de le prévoir ? Nous n’avons rien vu venir, juste pensé un moment que le mal se cantonnerait à la Chine. Et là, il est chez nous. Les proportions, à l’heure où j’écris ces lignes, sont encore modestes dans notre pays. Les autorités ont pris des mesures, dont certaines spectaculaires, chacun jugera. Notre pensée première va aux victimes. Celles d’ici, celles d’ailleurs : un humain est un humain, chacun à mes yeux en vaut un autre. Et la mort chinoise, si lointaine pour nous, vient faucher les existences, endeuiller les humains, tout comme la mort d’ici.

     

    Notre deuxième pensée, en importance et en chronologie, doit se diriger vers toutes les personnes, à Genève et ailleurs, qui vont souffrir économiquement des décisions annoncées par le conseiller fédéral Alain Berset. On aime ou non le Salon de l’Auto, je ne m’y suis pour ma part plus rendu depuis au moins quarante ans, mais une chose est sûre : cette manifestation entraîne d’inestimables retombées pour l’économie genevoise, hôtellerie, restauration, sous-traitants, petits boulots pour étudiants, etc. Le manque à gagner sera considérable. A ces habitants de notre canton, qui vont beaucoup perdre à cause d’une mesure de prévention, nous devons dire notre solidarité. Et sans doute les autorités cantonales devront-elles imaginer un mécanisme de compensation.

     

    Pour le reste, la crise que nous traversons amène chacun d’entre nous à se poser l’une des questions les plus fondamentales pour un humain : son rapport à l’autre. Déjà, on nous invite à éviter les foules. Pas trop de mains serrées, encore moins d’accolades, de l’hygiène, de la retenue. Là encore, chacun jugera. Mais cet appel à la distance ne manquera pas d’avoir des conséquences sur le rapport que toute personne, dans notre communauté humaine, entretient avec l’altérité. La Chine, provenance réputée du mal en question, n’est-ce pas l’autre par excellence, le lointain, le dissemblable ? Le malade, le contaminé, doit-il cesser d’être notre frère, notre sœur, sous prétexte qu’à son corps défendant, il véhiculerait le mal ?

     

    A vrai dire, le coronavirus nous brandit un miroir : celui de notre immense fragilité d’humains. Jetés là, sur cette terre, entre naissance et mort, dans les aléas d’une existence dont nous ne maîtrisons pas grand-chose. Un soir, la foule sentimentale, innombrable et magique. Au matin du lendemain, on nous invite au confinement, peut-être à la solitude. Qui croire ? Et la sagesse, d’où viendrait-elle ? Des illuminations de l’ermite, ou des chaînes de transmission, entre les humains ? Et la joie, celle de cet inoubliable choral de Bach, cette joie appelée à « demeurer », d’où peut-elle surgir, si ce n’est d’une profonde acceptation de l’Autre ?

     

    Si cette crise épidémiologique pouvait, peut-être, susciter en chacun de nous l’une ou l’autre réflexion, on constaterait assez vite que le personnage principal, le seul qui vaille, n’est pas le virus. Mais l’être humain, sur la terre.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

  • PYM : le coup de poignard

     

    Sur le vif - Mardi 03.03.20 - 08.37h

     

    Le 17 mai, chaque citoyenne, chaque citoyen de notre pays répondra individuellement, du plus profond de sa conscience, au coup de poignard de Pierre-Yves Maillard contre les travailleurs suisses. Nous verrons bien le résultat.

    Pour moi, cet homme naguère brillant, et même "le meilleur de tous" (j'avais titré dans ce sens un édito, il y a une vingtaine d'années), a cessé d'exister, en se posant comme l'allié des ultra-libéraux, libre-échangistes et internationalistes, dans le combat de ce printemps.

    La Suisse doit réguler son immigration. J'ai voté dans ce sens le 9 février 2014. Je le ferai le 17 mai 2020. Parce que mon souci premier est celui de la justice et de la cohésion sociales dans mon pays. Le travail, en priorité, doit être donné aux résidents. C'est aussi simple que cela. Et nous devons penser en priorité aux plus vulnérables d'entre nous, personnes âgées démunies, jeunes sans emploi.

    Les frontières sont là pour protéger, à l'intérieur du pays, les plus faibles, ceux que la mondialisation anéantit. Depuis toujours, et j'ai été bien seul dans ce sens en pleine folie ultra-libérale, il y a vingt ans, je milite pour des économies solidaires et nationales, centrées sur l'épanouissement de l'être humain, non sur le profit de casino.

    Économie nationale : à l'intérieur d'un périmètre donné, où s'exercent et s'articulent des réseaux de solidarité, d'entraide, d'intérêt public, le tout arbitré par des lois démocratiquement votées, l'activité humaine se déploie, au service de tous. Cela s'appelle une nation. Souveraine, solidaire, responsable.

    Ce modèle, auquel je crois de toutes mes forces, réhabilite le local, l'horizon du visible et du palpable, la connaissance et la fréquentation quotidienne des hommes et des femmes pour qui on travaille. Il est à des années-lumière de la spéculation mondialisée, anonyme, glaciale, meurtrière.

    Qu'un homme comme Pierre-Yves Maillard en soit encore à la sanctification conceptuelle de l'internationale des travailleurs, au nom du dogme, et au détriment de la cohésion sociale de son propre pays, me déçoit immensément.

    Les grandes faîtières syndicales, mammouths d'un autre âge, débitent leurs mots d'ordre pour aménager leur propre survie, en se gorgeant d'adhérents sans frontières. Le sort des travailleurs suisses, des chômeurs suisses, des délaissés suisses, serait-il, à leurs yeux d'apparatchiks, à ce point secondaire ?

     

    Pascal Décaillet