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Liberté - Page 497

  • Valets des Verts

     

    Sur le vif - Dimanche 17.05.20 - 07.46h

     

    Le problème, ce ne sont pas les Verts, qui ont parfaitement le droit d'apporter leurs idées dans le débat démocratique.

    Le problème, c'est la sur-adaptation des autres, notamment chez certains gentils centristes, à l'idéologie Verte.

    C'est un défaut de caractère. Les Verts, ces temps (peut-être plus pour si longtemps, d'ailleurs), ont le vent en poupe. Leur vision constitue la doxa du moment, tout comme l'ultra-libéralisme fut celle du début des années 2000.

    Alors, certains se mettent à la remorque. Ils font tous les caprices des Verts, précèdent même leurs désirs. Ils élargissent démesurément les pistes cyclables, mais rétrécissent le champ de leur propre liberté intérieure : ils deviennent des valets de la domination des consciences par les Verts.

    Ceux-là seront toujours du côté du pouvoir du moment. Aujourd'hui, celui des Verts. Demain, un autre. C'est un défaut de caractère, oui.

    Nous avons, plus que jamais, besoin d'esprits libres. D'hommes et de femmes capables de penser par eux-mêmes. Résister à l'esprit du temps. Se contre-foutre des modes de pensée. Chacun avec sa vision, sa conception, son univers mental. Sa plume. Et sa voix

     

    Pascal Décaillet

  • Quand le ministre voit large

     

    Sur le vif - Vendredi 15.05.20 - 18.43h

     

    La question n'est pas de savoir s'il faut des pistes cyclables à Genève. Il en faut, c'est certain, et la protection des cyclistes doit être garantie. Sur certains tronçons, il y a des ruptures de continuité qui obligent les utilisateurs de vélos à surgir sur la chaussée, donc se mêler aux voitures, ou alors sur le trottoir, avec le risque d'incommoder les piétons. Bref, pistes cyclables oui.

    Mais il faut les aménager correctement. Et là, désolé, mais ce qu'on vient de nous tracer, boulevard Georges-Favon direction Coulouvrenière, ou après la place du Cirque en sens inverse, ce ne sont pas des pistes cyclables, mais des aires d'atterrissage pour jets privés, retour du Grand Prix d'Abu-Dhabi. On dira, pour demeurer courtois, que le ministre a vu large. Il a dû se rêver Baron Haussmann, Paris Second Empire, Champs-Élysées, boulevard des Italiens, Belle-Epoque, champagne avec les danseuses, Offenbach, grande vie.

    On a surtout l'impression qu'il a pris sa décision à la hache. Ou avec la machette du défricheur de la forêt amazonienne, on coupe, on tranche, on fonce. Il s'est permis cela, pourquoi ? Parce qu'hélas, cet homme de valeur, attachant, avec un vrai sens du service de l'Etat, a tendance à se sur-adapter à l'esprit du temps. Lors des très riches heures de François Longchamp, il nous faisait à sa manière du Longchamp, reproduisant sa terminologie, le verbe "indiquer" par exemple. Du Longchamp trottinant, du Longchamp en cavalcades, comme à l'hippodrome.

    Aujourd'hui, la doxa est au Vert. Des Verts partout, les uns galants, d'autres luisants, des Verts tenant toutes les manettes du pouvoir. Alors, le ministre se sur-adapte à l'idéologie Verte. Et il trace large. Et il élargit encore !

    Ce ministre, je l'ai déjà dit et n'en démords pas, est un magistrat de qualité. Tout au plus pourrait-on souhaiter qu'il se régente lui-même avec un peu plus d'autonomie, un peu moins de mimétisme aimanté sur le pouvoir du moment.

    Pour le reste, vive le vélo. Vive le respect de TOUS les modes de transports. Mort aux Torquemadas. Et longue vie à la liberté d'esprit, celle du verbe, celle des mots. Et celle des étalons étincelants, sur les pistes de lumière des hippodromes.

     

    Pascal Décaillet

  • Têtes de bétail, têtes de pipe

     

    Sur le vif - Jeudi 14.05.20 - 10.15h

     

    Le démographe, ou l'épidémiologiste, nous parlent, à longueur de journées, de "population". Bevölkerung.

    Je n'ai jamais aimé ce mot, "population", qui ne considère dans les humains que leur amas de chair physique. On décompte, on recense les gens comme des troupeaux. Têtes de bétail, têtes de pipe. Les puissants cerveaux de la crise sanitaire, M. Koch à Berne, ou tel médecin cantonal, ne parlent de nous que comme composante anonyme d'une "population" humaine.

    En politique, je n'utilise jamais le mot "population". Il a en lui quelque chose de grégaire, de massif, d'indifférencié, qui résonne à mes oreilles comme une tourbe, toute en monceaux, où toute singularité serait malaxée.

    Lorsque je m'exprime sur la politique, je parle à des citoyennes et à des citoyens. Je parle au démos. C'est un peu élitaire, j'en conviens, par rapport à l'universelle glaise du mot "population", j'assume. Citoyen (c'est le seul titre dont je me revendique), je m'adresse à des hommes et des femmes partageant mes droits et mes devoirs, mon horizon d'attente, mes responsabilités. Des hommes et des femmes formant avec moi, quatre dimanches par an, le collège électoral de ma Commune, de mon Canton, de mon Pays.

    Je m'adresse à mes pairs. À des têtes pensantes. À des cœurs. À des êtres de sensibilité, de souffrances, de cicatrices et de mémoire.

    Je m'adresse à des sœurs humaines, et à des frères humains, avec lesquels j'ai en commun la passion de construire mon pays.

     

    Pascal Décaillet