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Liberté - Page 499

  • Celui qui repart au combat

     

    Sur le vif - Mardi 12.05.20 - 16.09h

     

    A qui je pense ? Je vais vous le dire !

    Je pense au patron de pizzeria, qui a mis des années à se faire une clientèle, et qui a réussi. Des clients fidèles, confiants, en nombre suffisant pour lui permettre de payer son loyer, son personnel, ses charges. Cela, dans une pizzeria comme ailleurs, ne vient jamais tout seul : cela nécessite des années de compétences, de sacrifices, de labeur. C'est cela, une entreprise, et pas la frime des start-ups, avec leur marketing.

    Ce patron de pizzeria, qui a commencé à bosser à seize ans, comme pizzaiolo, qui a pris un jour le risque de se lancer comme entrepreneur, qui a consacré toute sa vie à son boulot, on lui a intimé l'ordre, il y a deux mois, de tout arrêter.

    Depuis deux mois, il ronge son frein. Il hante sa pizzeria, le soir, pour quelques plats "à emporter". Il angoisse. Il attend.

    Depuis hier, il a repris. Avec son personnel, ou plutôt une partie d'entre eux. La reprise, c'est calme, très calme. Parce que beaucoup d'entre nous, pendant ces deux mois, ont pris des habitudes. On mange bien, très bien même, à la maison. On s'accommode fort bien du confinement, chez soi. On fait des économies ! On craint pour l'avenir, alors on n'a pas très envie de griller son fric au restaurant.

    Et lui, le patron de pizzeria, il est là. Pour un peu, comme en Italie, il ferait le rabatteur, sur le trottoir.

    Je pense à lui, très fort. Parce que le VRAI ENTREPRENEUR, c'est lui. Celui qui sait faire. Celui qui a pris des risques. Celui qui a tout donné. Celui qui a risqué de tout perdre. Celui qui repart au combat. Comme à seize ans. Comme au premier jour.

     

    Pascal Décaillet

  • La voix active

     

    Sur le vif - Lundi 11.05.20 - 16.25h

     

    Je ne parle jamais du confinement (sauf pour dire que je n'en parle jamais !), pour une raison simple : le thème du confinement m'emmerde. Il range les humains dans la catégorie des passifs. Le confiné, heureux ou non de l'être, est un humain qui subit. Joyeux de subir pour certains, déprimé pour d'autres, là n'est pas mon problème : le confiné, même tout excité à l'idée de repeindre pour la vingtième fois son appartement, conjugue sa vie à la voix passive.

    Je ne dis pas que je n'aime pas le confinement. Je dis que le thème m'emmerde. Je n'ai pas envie, dans mon existence, de parler de ce que je subis. Oh, je subis plein de choses, comme tout le monde, mais je n'entends pas en parler. Das soll für mich kein Thema sein !

    Je suis un homme d'action. Ce qui m'intéresse, chez les humains, ce sont leurs actes. Leur esprit critique, aussi. Par exemple, face à une autorité. Pour préciser encore : face à l'autorité qui nous impose le confinement. Ou des règles sanitaires à n'en plus finir, édictées par les fonctionnaires, à Berne ou dans les Cantons.

    Pendant les deux mois qui viennent de s'écouler, j'ai multiplié éditos et débats sur la situation sociale, économique de notre pays. En mettant l'accent sur les solutions : comment s'en sortir, comment trouver des issues, comment réorganiser nos relations, entre nous ? Projections sur l'avenir, prises de responsabilités demandées aux interlocuteurs. Homme d'action, je m'adresse à des femmes et des hommes d'action. Peu importe que je sois d'accord ou non avec eux. Nous agitons nos méninges dans la voie de l'action. Nous conjuguons nos vies à la voix active.

     

    Pascal Décaillet

  • La régence des petits chefs, ça suffit !

     

    Sur le vif - Lundi 11.05.20 - 10.08h

     

    Les tonalités du Médecin cantonal ont parfois des similitudes avec celles - totalement malencontreuses - de la lettre de Thierry Apothéloz à Mme Theubet. Il faut lire le ton des directives de ce Monsieur au corps médical, ou aux laboratoires d'analyses. On croirait une circulaire de Gamelin aux chefs de fortins de la Ligne Maginot, pendant la Drôle de Guerre.

    Il est temps de rappeler à certains que nous sommes en démocratie. Le souverain, c'est le peuple. Le personnage principal, c'est la citoyenne, le citoyen. Pas l'élu. Encore moins le fonctionnaire ! Le rôle de ce dernier, tout médecin soit-il, tout cantonal soit-il, c'est de servir l’État, non de régenter le peuple en l'infantilisant.

    C'est cela, le message de la rentrée. La politique doit reprendre ses droits. Donc, la démocratie. Donc, le pouvoir des citoyens. La régence des petits chefs, ça suffit.

     

    Pascal Décaillet