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Liberté - Page 1046

  • La Suisse a le droit de contrôler ses flux migratoires

     

    Chronique publiée dans Tribune (Le Journal du PLR vaudois) - No 10 - Mercredi 27.11.13

     

    Le 9 février prochain, nous voterons sur l’initiative de l’UDC « contre l’immigration de masse ». Puis, plus tard, sur Ecopop. Le débat électoral, en 2014, sera puissamment axé sur l’idée de contrôler les flux migratoires. Ça n’est certes pas la première fois (j’avais douze ans, en 1970, lors de l’initiative Schwarzenbach et les adultes, autour de moi, ne parlaient que de cela), et ce ne sera pas la dernière : depuis les origines de la Suisse moderne, la question migratoire est à l’ordre du jour dans notre débat national, le peuple en a maintes fois été saisi, cette dialectique nous est coutumière. Mais cette fois, le contexte est différent : après avoir accepté la libre circulation des personnes, en 2000, les Suisses y demeurent sans doute favorables, mais assurément ne veulent plus en entendre parler comme d’un dogme, un mythe intouchable, une Arche sainte, inattaquable. Ils veulent des correctifs, des mesures d’accompagnement, un contrôle beaucoup plus sévère du marché du travail. Et ils en ont un peu assez de la déification des exportations comme seuls paramètres devant être pris en compte.

     

    Les Suisses ne veulent évidemment pas fermer les portes de leur pays, il n’a jamais été question de cela. Mais juste contrôler mieux qu’aujourd’hui les flux migratoires. Comme n’importe quel pays de cette planète en a le droit, et même le devoir, pour protéger les intérêts supérieurs de sa population. Comme le rappelle mon confrère François Schaller, de l’Agefi, la Suisse en est à sa septième année consécutive d’accueil de plus de cinquante mille Européens par an. « L’équivalent annuel, précise-t-il, de Lugano. Ou de Saint-Gall. Ou de Neuchâtel et la Chaux-de-Fonds réunis ». Cet afflux massif, dans une géographie qui se trouve être, par la force des choses, un espace de confinement et de réduction : notre Plateau n’est pas extensible à souhait, et notre pays n’a rien de comparable avec les plaines de Silésie ou de Belgique. Dans ce contexte, ne pas vibrer d’extase face à l’idée d’une Suisse de 12 ou 14 millions d’habitants ne relève en rien de la xénophobie, mais simplement du bon sens.

     

    A partir de là, je m’adresse à la droite PLR, lectrice de ce journal. Vous entendez être le parti de l’économie, soit. Vous êtes favorables à la libre circulation, que vous considérez comme un facteur de prospérité. Mais en même temps, vous êtes citoyennes et citoyens, sans doute comme moi parents, et vous vous sentez responsables de la Suisse que vous léguerez à vos enfants. Voulez-vous que notre pays, d’ici vingt ou trente ans, se mettre à ployer sous la pléthore, pulvériser sur le Plateau les records de densité, étouffer dans l’immobilité des transports ? Et notre paysage, l’un des plus beaux qui soient, partie prenante de notre imaginaire, de notre rapport affectif à la Suisse, n’avons-nous pas le devoir d’en conserver le magique équilibre ? A cet égard, l’initiative dite « Ecopop », sur laquelle nous reviendrons, pourrait bien, à l’instar de celles de Franz Weber ou de la Protection des Alpes, réserver des surprises aux bobos citadins.

     

    Lecteur PLR de ce journal, vous avez raison de soutenir les échanges. Mais si vous continuez à vénérer la libre circulation comme une déesse immaculée, sans vous engager à fond pour des mécanismes correctifs, vous irez, dès 2014, vers de graves revers et de pénibles déconvenues.

     

    Pascal Décaillet

     

  • MCG : la mortelle tentation de l'illisible

     

    Sur le vif - Samedi 30.11.13 - 19.16h

     

    Je scrute et décrypte les premiers signaux de la législature naissante. A chaque heure qui avance, je me dis davantage qu'elle ne sera décidément pas du tout tripolaire, comme nous pûmes le croire initialement, mais férocement bipolaire. Il y a une gauche. Il y a une droite. Les deux se sont radicalisées. La charnière centriste démocrate-chrétienne ne décide plus de rien, au Parlement, malgré ses deux ministres à l'exécutif, c'est l'un des paradoxes les plus salés de la nouvelle donne, jaillie des urnes cet automne.



    Le vrai parti charnière, c'est le MCG. Sur le rôle qu'il jouera pendant ces 54 mois de législature, nul d'entre nous n'a la moindre idée, tant les premiers signaux sont illisibles et contradictoires. Par exemple, ne nous fions pas à l'apparence d'union sacrée en Commission des Finances, non ne nous y fions surtout pas avant d'avoir entendu, les 19 et 20 décembre, le rapport de majorité que nous prépare Eric Stauffer. Pour ma part, il ne m'est pas possible de voir cet homme, dans cette fonction de sage assis au milieu de l'assemblée, autrement que comme un contre-emploi.



    En Commission des Finances, le MCG a joué double jeu. D'accord avec la droite sur les coupes et l'équilibre, mais d'accord aussi avec toutes les dépenses de la gauche. Non seulement ils ne tiendront pas 54 mois dans cette duplicité, mais je suis prêt à parier que les masques tomberont les 19 et 20 décembre, déjà. Les Finances sont l'un des domaines, en politique, où la clarté est la mieux récompensée, et le double jeu, le plus sévèrement puni. Dès avant Noël donc, ce nouveau groupe parlementaire de vingt personnes devra avoir des choix lisibles, fiables, reconnaissables, qui les engagent pour la législature. Il ne m'étonnerait pas que ce choix s'avère assez vite le retour à l'opposition gouvernementale. Que l'un des leurs, ex-PDC, soit au Conseil d'Etat, n'y changera rien, ou si peu. Dès lors, l'Entente pourrait bien se mettre à regarder avec beaucoup de respect et de politesse les membres du groupe UDC.


    Or, au MCG, que se passe-t-il ? L'homme qui a su, discrètement mais avec talent, fédérer le parti, résister à ses ferments naturels de dispersion, et finalement le mener à la victoire, Roger Golay, va être nécessairement amené, vu ses nouvelles fonctions bernoises, à prendre du champ. Franchement dit, c'est le pire moment. Je le répète, les différents signaux donnés ces temps, notamment dans le domaine budgétaire, ne sont pas clairs. Je ne parlerai pas encore d'une incapacité à gérer la victoire, ou un groupe parlementaire trop encombrant, mais ce parti aurait intérêt, entre sa tentation de jouer les violents admirables, et celle, radicalement opposée, d'aller tâter le bourgeois dans les cocktails et sous les voûtes patriciennes, à proposer à l'opinion des choix clairs. Sans quoi, l'ombre du déclin pourrait poindre à l'horizon. Par défaut de stratégie. Par atermoiements. Le pire en politique: délivrer des messages brouillés. Ou des messages de brouille. Dans les deux cas, la Roche Tarpéienne se profile.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Mobilité : foncez, M. Barthassat !

     

    Sur le vif - Samedi 30.11.13 - 15.31h

     

    J'ignore absolument si Luc Barthassat sera un bon ministre des Transports, seul l'avenir le dira. Mais une chose est sûre et certaine: Dieu que ses premiers propos font du bien ! Rien qu'à entendre. Rien qu'à l'oreille. Rien qu'à la paix de l'âme. Enfin, après l'empire voulu de l'immobilité, un conseiller d'Etat veut, AU SENS PROPRE, que ça bouge.



    Et il le dit sans avoir consulté les apparatchiks de l'immobilité, toute cette nomenclature byzantine qui a fait absolument ce qu'elle voulait ces quatre dernières années. Dans ce secteur sinistré, il convient d'urgence de rétablir deux choses. La première, que tout le monde attend, est la primauté au flux, à la mobilité. La seconde est la primauté de la volonté politique sur l'autogestion des hauts-fonctionnaires. L'une n'ira pas sans l'autre.


    Tels sont, politiquement, les défis de M. Barthassat à la mobilité. Point n'est besoin qu'il soit ingénieur lui-même pour y parvenir. "Bon sens", dit-il. Ca nous changera de la législature des sens uniques, du non-sens, du contresens et du sens dessus dessous.

     

    Pascal Décaillet