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Sur le vif - Page 919

  • Ces cochons de Genevois qui votent si mal

     

    Sur le vif - Dimanche 11.03.12 - 15.21h

     

    Suite à une campagne parfaitement démocratique, où tous ont pu s'exprimer, le corps électoral genevois a dit oui, à près de 55%, à la nouvelle loi sur les manifestations. Le souverain a tranché.

     

    Il est, dès lors, particulièrement insupportable d'entendre immédiatement les perdants annoncer un recours au Tribunal fédéral. C'est chaque fois la même chose. Chaque fois les mêmes milieux ! Ils font campagne, et lorsqu'ils perdent, viennent en appeler à l'ordre juridique pour se substituer à la souveraineté populaire. Comme si les gens avaient « mal voté ». J'ai même entendu qu'ils n'avaient « pas compris l'enjeu » !

     

    Comprenez : si vous votez juste, donc comme moi, c'est bien ; si vous votez faux, c'est que vous n'avez pas saisi. Alors, on va demander à un cénacle de juges, à Lausanne, de rétablir le vrai, le juste, le bien. Des juges, comme des grands prêtres de l'Ordre moral.

     

    On pourrait, Messieurs les perdants, pousser encore un peu plus loin le raisonnement. Et proposer des stages de rééducation pour ceux qui ont mal voté. De façon à ce que tout le monde, à l'avenir, vote la même chose. Dans le sens du bien. Votre bien. Et vous, les mêmes qui prétendez vous battre pour la liberté d'expression, vous commencez par jeter aux orties la seule expression qui vaille en démocratie : le choix souverain d'un peuple qui se rend aux urnes.

     

     

    Pascal Décaillet

     

  • L'Iliade, à haute voix, c'est jeudi et vendredi !

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    Mercredi 07.03.12 - 14.27h

     

    C'est l'un des plus beaux textes du monde. Et il faut le lire à haute voix. Comme aux origines, où les vers étaient chantés, dans une civilisation qui n'était pas encore celle de l'écriture. Lire les 15'693 vers de l'Iliade en deux demi-journées, c'est l'éclatant défi d'AGLAE, l'Association des étudiants de grec et de latin de l'Université de Genève. Les lire dans une salle à l'acoustique remarquable, celle de la Bourse, au Conservatoire de musique, 8 rue Petitot. Demain, jeudi 8 mars, de 12.15h à minuit. Puis après-demain, vendredi 9 mars, de 12.00h aux environs de 23.00h. J'aurai le plaisir d'en être. C'est une habitude dont je ne me défais point.

     

    L'entrée est libre. Chacun vient quand « ça le chante », reste autant qu'il veut. Souvent, saisis par le texte, les passants se surprennent à demeurer beaucoup plus longtemps qu'ils ne l'auraient voulu : et si c'était cela, le miracle homérique ? L'Iliade, l'Odyssée, comme la Tétralogie de Wagner, plus on y entre, moins c'est long, plus le temps s'évanouit, pour laisser place à l'œuvre.

     

    Heureuse, la langue allemande, qui dissocie « lesen » et « vorlesen », qui en cinq syllabes sonores, « mit lauter Stimme », par la grâce d'une diphtongue, laisse entrevoir la jouissance de mettre en voix un texte poétique. En l'espèce, la très belle traduction de Frédéric Mugler (1995, Actes Sud, Collection Babel). La lecture épouse le découpage en 24 Chants, avec chaque fois une voix pour le narrateur, et une voix par personnage : Achille, Agamemnon, Athéna, Nestor, Thétis, Ménélas, Ajax, Priam, Hélène, Pâris, Idoménée, Diomède, Patrocle, Poséidon, Hécube, Zeus, Cassandre... Et la polyphonie de ces voix d'hommes et de femmes, l'alternance de ces rythmes, le croisement de ces timbres, sous le plafond de la Bourse, nous transforment l'alignement d'hexamètres en jeux de rôles. Et le miracle, tout naturellement, porté par les syllabes, se produit.

     

    Je ne dirai pas ici à quel point, depuis l'adolescence, ce texte me bouleverse. Le destin d'Achille n'est-il pas, face à la mort, le nôtre à tous ? Je dirai simplement mes souvenirs de lecture, déjà à haute voix et dans le texte grec, avec André Hurst et Olivier Reverdin, il y a de cela plusieurs décennies. André Hurst, l'initiateur de ces lectures homériques, qui a tant fait pour transmettre la passion de la littérature grecque.

     

    Alors voilà, si vous êtes amateurs d'émotions, venez à la Bourse. Venez écouter la colère d'Achille. Joignez-vous à nous. Nous vous attendons.

     

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

  • Soli Pardo : tristesse et respect

     

    Dimanche 04.03.12 - 15.48h

     

    Il y a plusieurs mois, Soli Pardo m'avait mis au courant de sa maladie. Il allait suivre, me disait-il, ce qu'il est convenu d'appeler un traitement lourd, ceux qui sont plus ou moins passés par là connaissent un peu. Homme debout, courageux, il a mené bataille.

     

    Aujourd'hui, comme pas mal de monde à Genève, c'est avec une grande tristesse que j'apprends la nouvelle. Peu importent les partis, les fonctions, il y avait là l'essence, ciselée dans le noir, d'une très belle solitude. Nourrie de lectures, de textes, de poésie. Une réelle - et si rare, y compris chez ceux qui dévorent des livres ou se piquent d'en écrire - sensibilité au miracle de la langue.

     

    Un homme d'humour. Le trait, fulgurant. L'étincelle de l'allusion. L'avoir sur un plateau, de radio ou de TV, échanger encore un peu après, était un authentique plaisir. Soli Pardo, c'était le contraste le plus saisissant, dans la classe politique, entre l'apparence d'une raideur, celle des choix publics, et la réalité d'une écoute, tellement plus souple qu'il n'y pût paraître.

     

    Un esthète. Je ne dirai pas ici les auteurs dont nous parlions. Simplement, que certains d'entre eux étaient italiens. Jamais d'essai politique, encore moins d'économie. Non, juste la musique des mots. En passant.

     

    A ses proches, sa famille, j'aimerais dire ici toute ma sympathie. Et mon respect.

     

    Pascal Décaillet