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  • Maudite géométrie !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 20.11.24

     

    Elle est intelligente, cultivée, souriante, lucide, bosseuse. Mais elle a un grand problème, Natacha Buffet-Desfayes : elle n’est pas de gauche. Quand on se présente à l’exécutif de la Ville, c’est rédhibitoire.

     

    Elle est enseignante, passionnée par son métier, articulé autour de ces branches majeures que sont le français et l’allemand. Elle a lu Thomas Mann, sait de quoi elle parle quand elle évoque le Zauberberg. Elle est ouverte à toutes les formes de culture, elle veut les encourager. Mais hélas, Natacha n’est pas de gauche. Nul n’est totalement imparfait.

     

    Elle est, profondément, radicale. Elle croit en l’Etat, en sa mission régalienne, notamment dans le domaine de la formation, qui lui est si cher. Il y aurait là de quoi rallier des voix de la gauche intelligente. Mais ne rêvons pas : Natacha n’en aura aucune, elle n’est pas estampillée, elle n’est pas de la famille. Elle n’est pas de gauche.

     

    Elle a gravi tous les échelons. Le Municipal de Corsier, puis celui de la Ville, puis le Grand Conseil, où elle est cheffe de groupe. Elle est compétente, documentée, précise, toujours courtoise dans les débats. Mais elle a commis l’irréparable, Natacha : elle est peut-être la Femme sans ombre, celle de Richard Strauss et Hugo von Hofmannsthal. Oui, mais voilà, elle n’est pas de gauche. Maudite géométrie !

     

    Pascal Décaillet

  • Les petits, on les méprise. Les nababs, on les courtise !

     
    Sur le vif - Mercredi 20.11.24 - 13.56h
     
     
    Depuis 19 ans que je suis entrepreneur, ma vie a changé. Le quartier où se trouve mon bureau, dans la zone industrielle de Carouge, est truffé de petits artisans, entrepreneurs, indépendants, tous métiers confondus. Ce sont ces gens-là, depuis 19 ans, que je fréquente, que je rencontre, avec qui je bavarde, au coin de la rue. Eux, et pas mes pairs. Pas des journalistes, surtout pas ! Pas des intellos. Juste des bosseurs, qui font tourner leur boîte.
     
    Je viens d'en rencontrer un, il y a une trentaine de minutes. Lui et son entreprise vont devoir déménager, à cause du PAV. On les a avertis qu'ils allaient devoir dégager, alors qu'ils sont là "depuis plus d'un siècle". Aucune autre précision. Le bleu total. Voilà comment l'administration traite les gens qui se lèvent le matin, pour faire vivre l'économie genevoise. Les petits, on les méprise. Les rupins des multinationales, on les courtise. Ce cirque me donne la nausée.
     
    Quant à moi, je continuerai, plus que jamais, dans mes débats, mes éditos, mes commentaires, à traiter les VRAIS PROBLÈMES DES GENS, qui sont de fins de mois et non de fin du monde, qui touchent le concret de la vie, l'industrie, le pouvoir d'achat, la santé, le logement, la pression fiscale à Genève. Le wokisme, ou même d'ailleurs l'anti-wokisme, je laisse à d'autres.
     
    J'ai mieux à faire. Plus concret. Plus urgent. Plus réel.
     
    Je vous salue.
     
     
    Pascal Décaillet

  • France : le vertige amer du déclin

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 20.11.24

     

    J’aime et admire la France. Pour son rôle dans l’Histoire. Pour ses écrivains, ses poètes. Tenez, je suis par exemple un amoureux de la musique française (Rameau, Berlioz, Debussy, et tant d’autres), que je tiens pour largement sous-estimée, et qui vient pour moi immédiatement après la musique allemande et autrichienne. Et puis, la France, ce sont de bouleversants paysages, si variés, une gastronomie, des vins, un art de vivre que nous adorons tous. Mais aujourd’hui, comme beaucoup de Suisses romands, j’ai mal à la France. Je souffre pour ce grand voisin, si important pour nous, face à l’ampleur impressionnante de son déclin. Politiquement, elle ne pèse plus. Stratégiquement, elle s’est effacée avec la défaite de 1940, et ne s’est pas relevée, malgré les mirages gaulliens de puissance nucléaire. Économiquement, elle a bazardé sa sidérurgie, sa métallurgie, délocalisé des fleurons, elle s’est désindustrialisée de façon épouvantable. Financièrement, elle est endettée jusqu’au cou, et c’est gravissime. Mais à part ça, Madame la Marquise, tout va très bien.

     

    Nous, petite Suisse, pays sept fois moins peuplé que la France, minuscule, en superficie, en comparaison, dotés d’une défense stratégique quasiment inexistante, désert industriel à cause des errances des quarante dernières années, nous n’avons aucun intérêt à la faiblesse de la France. Tout au plus pouvons-nous nous prévaloir d’un système décentralisé, d’une démocratie directe unique au monde, qui donne le pouvoir aux citoyens, et d’une non-appartenance bienheureuse à la machinerie bureaucratique de Bruxelles. Mais ne commettons pas l’erreur, celle de la France justement, de vouloir projeter notre système sur les autres pays. Chacun a son génie propre, la France est centralisée pour des raisons historiques bien précises : pendant des siècles, le pouvoir royal a lutté avec acharnement pour s’imposer face aux grands féodaux, la Révolution et la République jacobine ont accentué cette tendance, c’est ainsi. Il faut savoir analyser un pays dans sa diachronie, entendez sur la durée historique. Pour cela, il faut lire, lire, et lire encore.

     

    Notre petit pays n’a pas de leçons à donner à la France. Tout au plus pouvons-nous regretter que cette grande nation, naguère si inventive, soit devenue un temple du bavardage. Les chaînes privées, toutes tendances politiques confondues, sont devenues des moulins à paroles vaines, des usines à polémiques, des combats de coqs où prospèrent des « chroniqueurs » qui ne livrent nulle chronique, juste se surexciter sur les sujets du jour, tout et n’importe quoi, juste occuper le terrain de la parole. Dieu merci, ce microcosme de snobinards parisiens, cooptés, consanguins, qui n’en peuvent plus de tenir salon, ne reflète pas la France ! Il y a les régions, il y a le pays rural, il y a la Province, laborieuse et silencieuse, il y a le savoir-faire des travailleurs. La France n’est évidemment pas morte, elle sommeille. Ce grand pays, ami, mérite tellement mieux que cette torpeur. A quand son grand réveil ?

     

    Pascal Décaillet