Sur le vif - Mardi 13.09.22 - 16.45h
Le scénario doit ressembler à un récit hollywoodien. Être américain jusqu'aux entrailles du narratif, ou n'être pas. Comme dans les grands westerns, toujours la même trame : les passages obligés du drame, au sens grec d'action. D'ailleurs, quand on lance une scène, au tournage, on dit : "Action !".
Le Pentagone a pour lui quelques grands esprits créatifs. Il fallait un scénario pour l'Irak. Un scénario pour la Serbie. Voici le scénario pour la Russie. La même histoire, comme la Mer de Paul Valéry : toujours recommencée.
Il faut d'abord un prétexte pour l'entrée en action de l'Oncle Sam. Sinon, on dira qu'il agit par impérialisme, ce qui est évidemment une calomnie. Alors, un faut un grand méchant, un Saddam, un Milosevic, un Poutine.
Un Olrik, quoi. Un Rastapopoulos. Le sale type de l'histoire.
Ensuite, il faut l'amener à agresser. Il convient donc d'avoir un gentil faible à défendre. Nous les Américains, nous "l'Occident", nous n'allons tout de même pas laisser faire ? A toi, Bernard-Henri, première intervention, raconte-nous quelque chose sur le Débarquement de Normandie, action, moteur !
Acte III, débloquer des fonds, par milliards, pour aider le gentil faible. Convaincre l'opinion publique américaine.
Acte IV, il faut qu'il y ait, sans trop tarder, avant que cette opinion publique ne se fatigue, une "contre-offensive". Et elle doit, bien évidemment, être victorieuse. Bernard-Henri, ta deuxième irruption, le Chant des Héros.
Acte V, bien souligner la discorde chez l'ennemi. Tout Général factieux sera le bienvenu. Le peuple ne supporte plus le tyran. Le régime est prêt à tomber. Bernard-Henri, tu nous racontes Brutus, Cassius, Marc-Antoine, les Ides de Mars ?
Je vous passe la suite. Disons juste qu'il faut toujours un Acte XVIII, quelque part du côté de La Haye, avec une gentille justice internationale, de gentils juges, de gentils procureurs. Dont l'indépendance face au camp "occidental" est évidemment assurée. Promis, juré.
Et le tour est joué.
Pascal Décaillet