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  • Un jour ou l'autre, la Suisse

     
    Sur le vif - Jeudi 15.09.22 - 10.19h
     
     
     
    Le déficit. La dette. Les chiffres rouges. Le cadeau empoisonné, légué à nos enfants. L’Etat, plus dépensier que jamais. Le Canton le plus gourmand de Suisse, en impôts. Le plus délirant, en création de nouveaux postes de fonctionnaires. Le plus engraisseur de sa propre machine. Celui qui coûte le plus cher, par habitant.
     
    Ce gouvernement de gauche, derrière le nuage de fumée de ses incantations, « transition écologique », « urgence climatique », « société inclusive », se révèle, dans la vérité des chiffres, le plus assommant du pays pour ses classes moyennes. Les gens qui bossent, parfois comme des malades. Ne touchent pas un seul centime de subvention. Sont tondus par la fiscalité, les loyers, les primes maladie, le prix de l’essence, bientôt celui des combustibles, de l’électricité.
     
    Les flux migratoires ? Surtout pas un mot sur le sujet ! C’est tabou.
     
    La révolte ne viendra pas des assistés, ils n’y ont aucun intérêt. Elle viendra des classes moyennes, qui n’en peuvent plus, je l’annonce depuis des années.
     
    Aujourd’hui, la Suède. Dans dix jours, l’Italie. Bientôt la France. Bientôt l’Allemagne. Un jour ou l’autre, la Suisse.
     
     
    Pascal Décaillet

  • J'ai revu le Mépris. J'ai rêvé en rouge. J'ai vu la mer.

     
    Sur le vif - Mercredi 14.09.22 - 14.09h
     
     
    Bon, j'essaie quelques mots, parce que ça me tourne dans la tête depuis hier soir. Plus exactement, depuis une quarantaine d'années.
     
    Le Mépris. Pourquoi ce film, à chaque fois, me scotche. Pourquoi j'adhère. A chaque image. Chaque plan. Pourquoi il me travaille. Pourquoi il me touche à ce point.
     
    Quelques pistes, en vrac. Je ne vous refais pas le film, tout a été dit, les plus grands critiques ont décortiqué, tartiné. Je ne vous fais pas le coup de la déconstruction, même si là, pour une fois, il y a tant à dire.
     
    Quand je rêve, la nuit qui suit le film, je vois du rouge. Et un peu d'orange. Ce rouge indicible, celui d'une robe, ou peut-être un meuble, tiens on dirait le Bauhaus, je pense à Weimar, le Musée que j'ai visité avec mon épouse, il y a deux ans. Et tiens, puisqu'on parle d'Allemagne, il y a aussi Fritz Lang, l'un des plus grands cinéastes de l'Histoire, jouant son propre rôle, celui d'un réalisateur. Mieux : il y a aussi Jean-Luc Godard, l'un des plus grands cinéastes de l'Histoire, jouant... l'assistant de Fritz Lang. Ils montent l'Odyssée, on voit d'ailleurs passer Ulysse, personnage secondaire, sur la prodigieuse maison de Curzio Malaparte, à Capri.
     
    Mais je n'aime pas ce film parce qu'il se joue des codes. Je l'ai vu une vingtaine de fois, je ne cherche pas trop à comprendre, mais à prendre. Le réalisateur ne démontre pas, il montre. Il y a un fragment d'Héraclite, célébrissime pour les hellénistes, qui nous dit à peu près ça de la Pythie, celle de Delphes. Et tiens, puisqu'on parle de la Grèce, elle est partout, dans le film.
     
    C'est un film sur l'Italie. Et c'est un film EN Italie. Fronton d'un cinéma, pompe à essence, tiens du rouge là aussi, incomparable début des années 60. Tiens, mes premiers souvenirs en Italie, justement. Le pays des miracles.
     
    C'est un film sur le rouge. Je ne peux pas en dire plus. Mais le beauté de ce rouge, depuis quarante, ans, me travaille.
     
    Et puis... Et puis.... Et puis, il y a Bardot. Je ne trouve pas les mots pour qualifier la beauté, la justesse, l'intelligence avec lesquelles elle tient le rôle. Il m'est parfaitement égal, face à l'ampleur de cette réussite, de dégager ce qui vient de la direction de Godard, ce qui vient de Bardot elle-même, son instinct du personnage. Seul compte le résultat : en l'espèce, il est génial.
     
    Quand j'étais enfant, dans les années soixante, les gens, autour de moi, ricanaient en parlant de Bardot. Jamais compris pourquoi. Gamin amoureux des femmes, je la trouvais plutôt magnifique, je n'avais vu aucun de ses films.
     
    Je n'ai jamais ricané de Brigitte Bardot. Elle m'apparaît plutôt comme une très grande dame. En elle, je veux voir, et voir encore, Camille. L'épouse de Paul. La femme qui, doucement, se détache. La femme qui prend distance. La femme qui, déjà, s'en va. Dans la rupture de Camille et Paul, celle du Mépris, je veux voir la douleur, l'inéluctable, de toute rupture. Et jamais, je dis jamais, un réalisateur n'a aussi génialement fait repartir, chaque fois à la seconde près, oui la juste seconde, le thème de la magnifique musique de Georges Delerue, que Godard, dans le Mépris.
     
    C'est un film sur la musique. Le retour du thème. Il accompagne le processus de séparation chez Camille. Il soutient l'inéluctable. Il est au-delà des dialogues, ou plutôt en amont. Il y a quelque chose du Liebestod dans cette récurrence qui nous balance, comme la vague.
     
    C'est un film sur le mouvement. Piccoli, au sommet de son art, est celui qui bouge, traverse les pièces, passe d'un point à un autre. Bardot, immobile. Sobre, comme jamais. L'austérité romane, la présence d'une statuaire, et chaque réplique, juste et cinglante. Nous avons affaire, dans ce film-là, à une très grande actrice.
     
    Le Mépris, Jean-Luc Godard, 1963. Il y a des gens qui n'aiment pas. Je fais partie, depuis quarante ans, de ceux qui aiment. Le mot est faible. J'ai revu le film hier soir, sur RTS 2. J'ai reçu le même choc qu'à vingt ans. J'ai rêvé en rouge. J'ai vu la mer.
     
     
    Pascal Décaillet
     

  • Vassal des Etats-Unis ? Pas question !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 14.09.22

     

    La Suisse serait-elle devenue une colonie américaine ? Ou le 51ème Etat des USA ? Ou un vassal de Washington ? Le PLR suisse, issu du grand parti historique qui a fait la Suisse moderne, le parti radical, et du parti libéral, considère-t-il notre pays comme un dominion de l’Oncle Sam ? Ce parti important, dans la politique suisse de 2022, le PLR, comment peut-il bafouer à ce point notre politique de neutralité, en prônant, comme il vient de le faire, un « rapprochement » avec l’Otan ? Où sont passés les radicaux de 1848 ? Où sont passé les patriotes ? Le PLR, grand parti la droite suisse, entend-il laisser à la seule UDC le monopole de l’indispensable intransigeance, sourcilleuse et ardente, sur notre neutralité, notre indépendance, notre souveraineté ? Le PLR entend-il devenir une succursale du libéralisme mondialisé, apatride, où seuls compteraient les marchés, où nulle frontière, nulle communauté de mémoire à l’intérieur d’un périmètre national, ne seraient plus respectées ? Entend-il devenir le parti de l’étranger ?

     

    Car il ne faut pas jouer sur les mots, comme le font les quelques caciques du PLR suisse, pas nécessairement majoritaires dans leur parti d’ailleurs : le mot « rapprochement » est une insoutenable duperie envers le peuple suisse. Il ne saurait exister de « rapprochement » entre un minuscule pays comme le nôtre, infiniment fragile, et la première puissance mondiale. Car l’Otan, ça n’est pas un club de gentils « Messieurs », toujours là pour rendre service. Non, l’Otan, c’est le club des affidés de Washington. De même que le Pacte de Varsovie fut celui de Moscou. Sauf que ce Pacte, après quarante ans d’existence, s’est auto-dissous après la chute du Mur de Berlin, alors que l’Otan a non seulement continué d’exister, mais n’a cessé de s’étendre en Europe centrale et orientale, jusqu’aux frontières de la Russie.

     

    Les mots du pronunciamiento de ténors (et sopranos) du PLR suisse impliqués dans cette tentative d’arrimage de la Suisse aux amis militaires de Washington sont révélateurs : il ne s’agirait que d’exercices communs, comme cela se fait déjà pour l’aviation, rien de plus. Mais vous voyez, vous, la petite Suisse « manœuvrer » gentiment avec la première puissance mondiale, y compris avec ses forces terrestres, sans donner au monde le signal dévastateur d’une obédience, d’un rattachement, et finalement d’une génuflexion devant le suzerain ? Alors, vous en pensez ce que vous en voulez, chers lecteurs, mais moi, de toute mon âme patriote, de tout mon amour pour ce petit pays, son Histoire complexe et passionnante, son fédéralisme, sa démocratie directe, je dis NON, NON et NON !

     

    La Suisse est une petite fleur fragile. Son existence, dans le concert des nations, est un miracle. Elle doit demeurer amie de tous les peuples du monde. Amie des Américains. Amie des Russes. Amie des Ukrainiens. Elle doit rester, sur la planète, ce lieu de rencontres et de dialogue, au service de la paix. A cela, une condition sine qua non : maintenir son inflexible neutralité. Ne jamais passer dans le camp d’un puissant. Fût-il le dominateur hégémonique et impérialiste du monde.

     

    Pascal Décaillet