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  • Deux France. L'une face à l'autre.

     
    Sur le vif - Dimanche 10.04.22 - 21.13h
     
     
     
    Ce soir, les consignes de vote données par les sacristains des multiples factions de la démocratie représentative n’ont jamais sonné aussi creux. Aucune voix, en République, n’appartient à une autre âme que celle qui l’enfante. Et cette voix, maternelle et possessive, intransigeante, vient du ventre.
     
    Il y a, ce soir, deux France, l’une face à l’autre. Deux projets, puissamment différents. C’est une excellente nouvelle. La démocratie, c’est cela. C’est le combat de forces antagonistes.
     
    Deux France. Deux visions. Deux conceptions adverses, antinomiques, pour l’avenir du pays.
     
    Face au choix, 45 millions d’électeurs. Chaque voix, intime, viscérale, indivisible.
     
    Un homme, une femme. 45 millions d’âmes. Chacun votera en conscience. Il n’y a plus ni gauche, ni droite, ni partis, ni états-majors, ni consignes de vote. Il y a l’intimité de chaque conviction.
     
    La cuisine des sacristains, face à cet enjeu sacré, qui inverse le serment de Reims en faisant surgir l’onction des racines, et non du ciel, que pèse-t-elle ? Que vaut-elle ?
     
     
    Pascal Décaillet

  • Nos chers amis américains

     
    Sur le vif - Dimanche 10.04.22 - 12.03h
     
     
    Et la palme absolue de l’arrogance est attribuée à l’Ambassadeur des Etats-Unis en Suisse !
     
    Dans une interview, ce matin, à la NZZ am Sonntag, le cher homme intime aux banques suisses l’ordre de traquer avec davantage de zèle les fonds russes en Suisse. Sans quoi, il y aura de sévères rétorsions.
     
    Ces chers États-Unis d’Amérique ! Chantage, fin des années 90, sur les fonds en déshérence. Chantage, une décennie plus tard, sur le secret bancaire. Et voilà qu’aujourd’hui, ils se prennent pour l’organe de surveillance de la place financière suisse.
     
    L’ancien Sénateur du Delaware, État reconnu mondialement pour son éthique bancaire, peut applaudir à tout rompre. Il habite aujourd’hui la Maison Blanche. Et se nomme Joe Biden.
     
     
    Pascal Décaillet

  • La Suisse, M. Burkart, n'est pas le 51ème Etat américain !

     
    Sur le vif - Vendredi 08.04.22 - 17.43h
     
     
    Nous vivons des temps thermidoriens. A une petite réserve près : les plus hautes autorités politiques suisses n'ont pas besoin d'être décapitées, elles perdent la tête toutes seules. Et cette tendance à l'auto-amputation d'un organe tout de même relativement important chez l'être humain, après avoir atteint nos deux conseillers fédéraux PLR (cf mon précédent billet), s'en vient maintenant ravager le Président du PLR suisse, Thierry Burkart.
     
    Dans un entretien au Tages-Anzeiger, publié aujourd'hui, l'héritier du grand parti qui a fait la Suisse, le parti radical, et de ses cousins patriciens libéraux, réclame une collaboration plus étroite avec l'Otan. Oh, pas une adhésion de notre pays au club des affidés de l'Oncle Sam, non, il ne va pas jusque là. Mais tout de même : entraînements communs, achats d'avions de combat américains, bref bien habituer nos quatre langues nationales à lustrer les bottes de combats de la première puissance du monde.
     
    J'ai siégé, pendant toute l'année 1990, dans le Groupe de travail fédéral "Réforme de l'armée", présidé par un homme remarquable, le Conseiller aux Etats Otto Schoch (radical, Appenzell Rhodes-Extérieures). J'avais 32 ans, ce fut pour moi une expérience inoubliable : une trentaine de séances, d'un bout à l'autre de l'année, en décentralisé dans quasiment tous les Cantons de notre Confédération. On y parlait français, allemand, italien, il y avait des élus fédéraux, cantonaux, des brigadiers, des divisionnaires. Nous cherchions ensemble à redéfinir les missions fondamentales de la politique suisse de sécurité. A la fin de l'année, nous avons remis à M. Villiger un rapport. Il en a, je crois, fait quelque usage.
     
    Dans cette Commission Schoch, il y avait déjà des partisans d'une quasi-adhésion de la Suisse à l'Otan. Nous n'étions que quelques mois après la chute du Mur, le Pacte de Varsovie s'effondrait, j'assistais à la pulvérisation de la DDR. La piste du rapprochement Suisse-Otan, je l'ai combattue de toutes mes forces, pendant toute l'année 1990. Je ne le regrette pas une seule seconde. Et c'était bien avant l'extension délirante vers les pays d'Europe centrale et orientale. Déjà, les partisans du rapprochement prenaient prétexte d'harmonisation de matériel, de pièces de rechanges pour l'aviation, etc. Ah, les juteux contrats !
     
    Il y a une chose que M. Burkart ne comprend pas. C'est la dimension symbolique de sa propre parole. Il n'est pas un quidam : il est le chef de l'un des partis les plus importants de notre pays, et de loin le plus important dans le façonnement, depuis 1848, de son Histoire moderne. Le parti radical ! Celui qui ne se serait jamais laissé ravir la première place par l'UDC, s'il était resté fidèle à ses fondamentaux : souveraineté, Patrie, liberté, indépendance.
     
    La dimension symbolique de votre propre parole, M. Burkart ! Bien sûr qu'on peut envisager des sous-traitances de matériel, il ne s'agit pas de cela. Il s'agit du signal que vous donnez, vous l'un des chefs de file de la politique suisse, en ouvrant symboliquement vos bras à l'Otan, alors que nous sommes en pleine guerre d'Ukraine ! Vos propos donnent l'impression que l'Otan, ce serait un club de gentils, sans arrière-pensée dominatrice, sans prétention hégémonique. Bref, des gens parfaitement fréquentables. Le club du Bien contre l'Empire du Mal. On nage en plein maccarthysme. Comme vision nuancée, élaborée, de la politique suisse, petit pays fragile, pluriel, complexe, infiniment soucieux des équilibres, on a connu mieux.
     
    Reste une question. Pourquoi, depuis le début de cette crise majeure, le parti le plus inquiétant, dans ses inflexions de positions et ses déclarations d'apprenti-sorcier, est-il le PLR suisse (je parle ici du parti national) ? Serait-il à ce point orphelin de ses propres valeurs ? Aurait-il peur de l'international ? Peur de déplaire ? Peur de laisser poindre la colère souveraine de nos entrailles ? Peur d'atténuer les liens avec des Etats-Unis d'Amérique qui, pourtant, nous font avaler couleuvre après couleuvre depuis un quart de siècle, chantage sur les fonds en déshérence, chantage sur le secret bancaire. Plus besoin d'aller à Nuremberg pour trouver les plus exquis des Maîtres-Chanteurs : un petit crochet par New York et Washington suffira amplement.
     
    La prochaine fois, M. Burkart, réfléchissez un peu.
     
     
    Pascal Décaillet