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  • Villes suisses : un peu d'autocritique, SVP !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 25.08.21

     

    Marco Chiesa, président de l’UDC suisse, aurait commis un crime de sang, les réactions n’eussent pas été plus courroucées. Certes, le Tessinois avait mal choisi sa date : le discours du 1er Août a plutôt comme fonction d’appeler à l’unité nationale que de fragmenter les Suisses, par exemple entre villes et campagnes. Allons-y donc pour la faute de goût. Mais de là à déverser sur lui toutes foudres du ciel ! La pléthore des réactions, leur violence, confinant parfois à l’insulte, sont plutôt de nature à prouver que l’homme avait raison : les Villes suisses, principalement les municipalités de gauche dans des communes d’une certaine importance, brillent par leur clientélisme, leur voracité financière, leur inaptitude totale à l’autocritique. Non seulement la Ville de Genève en fait partie, mais elle détient la palme. Triste record.

     

    Clientélisme. En matière culturelle, et cela depuis trente ans, bien avant Sami Kanaan, qui n’est pas spécialement en cause, et qui aurait même plutôt tendance à vouloir rétablir une certaine rigueur. Clientélisme en matière sociale. En matière d’associations, estimant le plus naturel du monde de voir renouveler tous les ans, au moment du budget, leur petite enveloppe de subsides. Il n’y a là rien d’illégal, rien de condamnable sur le plan juridique, tout au plus le ronron de petites habitudes. C’est ainsi, en soignant savamment ses électeurs, que la gauche se maintient depuis des décennies en Ville de Genève. Oh, la droite ne ferait sans doute guère mieux, mais enfin, si on parle de la gauche en Ville, c’est parce qu’elle s’y trouve incrustée depuis si longtemps. Avec ses petites habitudes, ses rituels, son vocabulaire, ses appels aux droits de l’homme aux quatre coins de la planète. Gauche urbaine. Gauche morale. Gauche bobo. Gauche donneuse de leçons. Pourquoi diable le président du premier parti du pays n’aurait-il pas le droit de relever cela ?

     

    Alors, voilà, comme les mots irrémédiables furent prononcés par le président de l’UDC suisse, parti honni par la gauche, et qu’il n’était en effet pas très malin, un 1er Août, de monter une partie des Suisses les uns contre les autres, encore moins d’utiliser le mot « parasites », chargé d’une lourde connotation historique, tout le petit monde de gauche prit plaisir à tomber sur le baudet. A quelques exceptions près (dont Sami Kanaan, qui répondit avec chiffres et arguments), on se précipita sur le porteur du funeste message, plutôt que d’entrer en matière sur les arguments de l’accusation. C’est dommage. Car il existe bel et bien, en Suisse, un problème avec les municipalités de gauche des grandes villes. Sublimation de l’altérité au détriment des braves Suisses. Dépenses considérables avec l’argent des contribuables. Clientélisme. Comportement de caste. Ces choses-là méritent qu’on les analyse, qu’on les prenne au sérieux. Même si c’est un UDC qui les a relevées. Autant dire le diable.

     

    Pascal Décaillet

  • Pascal Broulis, Philippe Leuba : deux magistrats à hauteur d'Etat

     
    Sur le vif - Jeudi 19.08.21 - 12.37h
     
     
    Pascal Broulis et Philippe Leuba auront été, l'un et l'autre, des magistrats de grande valeur. Au-delà de leurs legs, que chacun peut évaluer comme il l'entend, ils laissent dans l'espace politique une hauteur de vue, une justesse de ton, une adéquation à la fonction, que bien des Cantons (notamment l'un, en aval du Rhône) peuvent leur envier.
     
    Pascal Broulis, dans la tradition radicale, celle qui a fait la Suisse moderne et construit l'Etat. Philippe Leuba, dans la rigueur d'une autre philosophie politique, celle de la responsabilité individuelle. Deux hommes, deux postures. La bonhommie de l'un, la raideur de l'autre, dans les deux cas au service de l'Etat. On rêverait, dans des Cantons voisins (notamment dans ce Sud-Ouest de la Suisse où le Grand Fleuve se rapproche de la Camargue), de retrouver parfois cette élévation d'Etat dans le comportement des magistrats. On les perçoit chez Nathalie Fontanet, peut-être un ou deux autres, tous partis confondus. C'est bien. Mais c'est un peu juste.
     
    On n'aurait jamais imaginé Pascal Broulis, ni Philippe Leuba, entrant dans la mêlée, blessant l'âme de citoyennes et citoyens libres de leurs opinions, de leurs critiques, qui constituent pourtant le seul véritable souverain dans notre démocratie suisse. Ces deux hommes d'autorité n'ont jamais versé dans la crise d'autoritarisme. Certains Cantons, notamment là où le Rhône redevient Rhône, pourraient s'en inspirer.
     
    Je ne suis pas Vaudois, mais Valaisan de Genève, ou Genevois d'origine valaisanne, comme on voudra. Je suis Suisse, profondément. Et il se trouve que j'admire depuis toujours, déjà à l'époque de Philippe Pidoux, la rude et intransigeante conception républicaine que les magistrats exécutifs vaudois ont de leur fonction. Je l'ai sentie, plus que chez tout autre, chez un Jean-Pascal Delamuraz, que j'ai eu l'honneur de suivre de près dans mes années bernoises.
     
    Ensuite, chacun jugera : tel ministre a-t-il fait de bonnes, de mauvaises choses, là n'est pas mon débat. Pour ma part, citoyen libre, engagé, passionné de politique et d'Histoire, j'adresse tous mes vœux à MM Broulis et Leuba pour la suite. Ils ont été, l'un et l'autre, à hauteur d'Etat.
     
     
    Pascal Décaillet
     

  • Mai 66, la belle dame des Allinges

     
    Sur le vif - Dimanche 15.08.21 - 10.15h
     
     
    Mai 1966, Les Allinges, Haute-Savoie. Retraite de quelques jours, préparation de la Première Communion. J'allais sur mes huit ans. Et j'allais découvrir en famille, deux mois plus tard, les splendeurs de l'Orient.
     
    Il y avait le village, le château médiéval en ruines, une forêt magique pour des jeux de pistes. Il y avait surtout un homme, l'un de ceux qui m'ont le plus marqué, le Père Louis Collomb, aumônier du primaire, de 1965 à 1969, date de mon entrée à l'école secondaire. Il m'a illuminé par l'intelligence de ses cours de religion, ouverts à tous les courants spirituels du monde, et surtout par sa bonté, sa douceur. Voilà des décennies qu'il nous a quittés, pas un jour pourtant sans que je ne pense à lui.
     
    Un beau jour, le Père Collomb nous lance un jeu de pistes, par équipes, à travers la forêt. "A la dernière étape, vous serez accueillis par le sourire d'une belle dame". Nous n'étions que des garçons, avec quelques hommes, ce que nous demeurerons jusqu'en juin 1973. Pour moi en tout cas, l'invitation au sourire ne manquait pas d'attrait.
     
    Nous avons cheminé à travers la forêt, dans un joyeux gazouillis. Nous avons démêlé les énigmes. A la dernière étape, je crois que c'était sur la place du village, la belle dame nous attendait, statufiée, accueillante comme une mère. Je ne l'oublierai pas.
     
    La belle dame m'a donné le sentiment d'un passage. J'ignore d'où je venais, où j'allais, mais j'ai franchi une étape.
     
    Depuis, j'ai développé mes connaissances historiques, linguistiques, rationnelles, il faut bien laisser leur chance aux Lumières. Il faut bien construire, non ?
     
    Mais la belle dame est toujours là.
     
    Aujourd'hui, je pense à elle.
     
     
    Pascal Décaillet