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  • L'esprit humain, tout simplement

     

    Sur le vif - Jeudi 18.06.20 - 11.39h

     

    Les anachroniques, incapable de restituer un fait historique dans son contexte, sont à ranger dans la même espèce que les fondamentalistes textuels.

    Rien ne m'illumine plus qu'un historien de la Bible, capable de placer chaque Livre de l'Ancien Testament dans l'environnement historique où il fut écrit. Rien ne m'assombrit davantage que celui qui sacralise le texte, en le pétrifiant pour l'éternité. Je ne crois pas, pour ma part, à une quelconque révélation. Je crois que ces Livres successifs - dans le temps - sont l'œuvre d'humains, dans le cadre bien précis d'un temps historique, idéologique, linguistique. Dans le cadre des attentes spirituelles, ou messianiques, d'un moment.

    C'est pourquoi je voue à Martin Luther une admiration sans bornes. Il a pris le texte biblique, il l'a traduit dans la langue allemande de son époque. Il a travaillé chaque mot, dans ses souches hébraïques, grecques ou latines. Il engagé toutes les puissances de son esprit, de son intelligence, pour restituer cela dans la langue véhiculaire de son époque. Il a publié cette petite bombe en 1522. Il a changé le monde.

    Dans son texte, Luther invente des mots. Il révolutionne l'allemand écrit. Il jette les bases de la littérature allemande moderne. Un fondamentaliste jamais n'aurait pu procéder à cette alchimie. Parce que l'idée même de traduction procède de la mise en lumière. Il faut passer par l'altération pour rendre vie à l'original. Luther nous sort des mots, comme les chercheurs d'or nous extraient des pépites.

    Vous pourrez, Barbares, déboulonner sa statue. Jamais vous ne détruirez l'immensité de son œuvre. Parce qu'elle procède des forces de l'esprit. Pas l'esprit révélé. Non, l'esprit humain, tout simplement.

     

    Pascal Décaillet

  • La dette - La faute

     

    Sur le vif - Jeudi 18.06.20 - 08.47h

     

    L'Etat n'a pas d'argent ? Eh bien, qu'il s'abstienne d'en dépenser ! Qu'il réduise sa voilure. Qu'il coupe dans son armada mexicaine, dans ses états-majors. Citoyen, je ne veux pas entendre parler des délires de relances "anticycliques" des socialistes. Il faut arrêter avec la mégalomanie des "investissements". Arrêter avec le mythe de la "bonne dette". Il n'y a pas de bonne dette ! Il n'y a que des marchands d'illusions, qui nous lient encore plus, nous et les générations suivantes.

    Le temps est à l'austérité. On n'a pas d'argent ? On se serre la ceinture ! On bosse comme des fous, on économise, et le jour où on aura de nouveau des fonds, on dépensera, ou on "investira", si ça nous chante.

    Et avant tout, pas un seul centime d'augmentation d'impôts ! À Genève, 36% des gens n'en payent pas, et désolé, ça n'est pas normal. La classe moyenne, en revanche, étouffe sous la fiscalité, les primes, les taxes ! Elle bosse, elle produit la richesse, il ne lui reste rien pour elle, c'est absolument dégueulasse.

    Austérité, oui ! Pour l'Etat ! La cléricature nous a tondus, elle a dépensé sans compter, elle a secrété des armées d'inutiles. Elle ne doit maintenant plus sortir un seul centime qui ne soit justifié par l'intérêt supérieur, le bien commun.

    La relance par la dette, c'est non. On relancera la machine quand on aura à nouveau, soi-même, en toute indépendance, sans rien devoir aux usuriers (car évidemment, les taux vont remonter), les moyens de se lancer dans des "investissements".

    Il faut rompre évidemment avec le socialisme, qui veut dilapider l'argent de ceux qui bossent, notre argent ! Mais il faut rompre, tout autant, avec la cupidité d'un certain libéralisme bancaire, dévoyé, où trop de profiteurs se frottent les mains d'avoir pour créancier un Etat. Auquel ils peuvent ainsi imposer leur idéologie, dicter leurs règles du jeu. C'est exactement ce qu'ils font depuis trente ans. Libre échange, libre circulation, abolition des frontières, des identités nationales, mondialisme cupide, autour du Veau d'or ! Cette droite-là n'est pas la mienne, ne l'a jamais été : JE VEUX LA NATION ! Pas les Marchands du Temple !

    Ni socialisme, ni libéralisme. Mais des communautés humaines soudées, fraternelles, autour d'une mémoire nationale, autour de leurs morts, autour de leurs valeurs culturelles, soucieuses de cohésion, à l'intérieur de frontières protectrices, avec une régulation stricte des flux. Occupons-nous d'abord de nous, avant de nous lancer dans les spéculations cosmopolites, les illusions d'universel ! Le monde n'existe pas !

    La responsabilité individuelle, dont le libéralisme financier a eu le culot de se réclamer, ça n'est pas cette prise d'otage des collectivités publiques par des manipulateurs financiers. J'en ai, pour ma part, une autre conception, plus haute, plus pure. Et je me souviens que dans la langue de Luther (qui m'habite totalement), le mot "Die Schuld" signifie à la fois "la dette" et "la faute". La faute morale !

     

    Pascal Décaillet

  • L'extase du bitume

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 17.06.20

     

    Ce qui vient de se passer, à Genève, est tout simplement hallucinant. A peine le confinement prenait-il à peu près fin, avec tout de même des règles de prudence qui continuent de s’imposer, que l’éternelle nuée de manifestants professionnels sortait de ses abris pour envahir les rues. Un jour le cyclisme, un autre l’antiracisme, puis le féminisme : peu importe la cause, pourvu qu’ils retrouvent ce sacré goût du bitume qui leur avait tant manqué depuis la dernière fois !

     

    A croire qu’il existe, à Genève, une petite catégorie des gens, quelques milliers, qui sont à longueur d’années sur les starting-blocks, prêts à gicler à la moindre occasion pour débouler dans la rue. Un mystique de la procession, Fête-Dieu ou Assomption, ne les dépasse pas en ferveur. Car il y a, oui, quelque chose de religieux dans l’éternel recommencement de ce rituel. Avec des slogans en guise de litanies, des couleurs pour la liturgie, des bannières comme les titres des Psaumes, pour que les fidèles s’y retrouvent.

     

    Vous noterez que, depuis 1945 (oh non, je ne prends pas cette date au hasard), c’est la gauche, dans nos pays, qui s’est approprié la rue. Elle en a fait sa chose, son théâtre, son décor, elle y rejoue les mêmes scénarios, le même drame, le même mélange de candeur « bon enfant » et de dérapages. Pendant ce temps, la famille intellectuelle et politique de la droite demeure sur le bas-côté. Elle laisse passer, s’étrangle, piaffe de rage. A quand sa reconquête du bitume ?

     

    Pascal Décaillet