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  • Pentecôtiste du Lundi

     

     

    Sur le vif - Lundi 10.06.19 - 16.05h

     

    Avec ses airs d'enfant de choeur, passé à l'âge adulte comme on monte à l'autel, Macron me fait de plus en plus penser à un télévangéliste américain, une sorte de Pentecôtiste du Lundi. Il y a en lui la rage du Bien, l'ignorance de l'Histoire, l'apesanteur de celui qui tente d'échapper à la terre, la béatitude ailée du ciel.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • La noire fureur des entrailles

     

    Je republie ici ce texte datant d'il y a deux ans (09.06.17), un an et demi avant le mouvement des Gilets jaunes. Aujourd'hui, je ne lui retrancherais pas la moindre virgule.

     

    L'ère Macron : cinq ans de répit pour l'Ancien Monde.

    Cinq ans, non pour rénover, mais pour conserver.

    Conserver le système actuel, ultra-libéral, celui qui nous étouffe depuis trois décennies. Négation de l'idée nationale. Intégration progressive à une idée impériale, appelée "Union européenne", en réalité une vassalité de l'Allemagne qui, doucement, construit sa puissance tutélaire sur le continent.

    Cinq ans d'obédience à l'atlantisme. Priorité à la finance spéculative. Aucun souci de l'humain, de son épanouissement. Dérégulation. Délocalisations. Défaut de contrôle sur les flux migratoires. Mépris de la cohésion sociale. Mort de la paysannerie. Prolongation du mensonge multilatéral : cinq ans de SDN, cinq ans d'Aristide Briand. On prend des milliers d'avions, on grille des millions de tonnes de kérosène, pour signer des protocoles sur le... climat. Cinq ans de tartufferies encravatées.

    Et les gens, pour l'heure, applaudissent. Parce que c'est le printemps. L'état de grâce d'un nouveau souverain, le Bien Aimé, comme on surnommait Louis XV au début de son règne. Il fait beau. On s'apprête à savourer les Congés payés, cet été. On ne pense pas, on sifflote. On est au printemps 36.

    Cinq ans de répit pour l'Ancien Monde. Cinq ans pour réprimer, enfouir, jeter au diable toute parole contraire. Cinq ans pour oublier les neuf millions de voix qui, au second tour, n'ont pas soutenu Macron, mais sa rivale.

    Cinq ans pour laisser l'Ancien Régime, faussement rajeuni sous l'aimable visage de l'orléanisme, briller de mille feux. Mais un jour, le contrepoids surgira. Tout ce que l'ère Macron aura voulu enfouir, dissimuler, en se bouchant le nez, tout cela éclatera comme un volcan demeuré trop longtemps silencieux.

    Tout cela, toute cette lave et cette braise, ne jaillira pas des cerveaux, ni des puissants raisonnements, ni du choc démontré de quelque Talmud. Mais de la noire, l'incandescente fureur des entrailles.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Le temps des vapeurs

     

    Sur le vif - Samedi 08.06.19 - 11.34h

     

    Nés à l'époque de Balzac et des Illusions perdues, promis à s'éteindre d'ici (au maximum) deux ou trois décennies, le métier et la fonction de journaliste auront vécu un peu plus de deux siècles.

    Deux siècles, ça n'est pas si mal.

    C'est mieux que conducteur de locomotives à vapeur (un peu plus d'un siècle). Mais c'est nettement moins que tant d'autres métiers, vraiment utiles au plus grand nombre, qui, eux, ont traversé les âges.

    Mon arrière-grand-père, en Valais, était boulanger. Mon grand-père, instituteur. Mon père, ingénieur en génie civil. Ces trois métiers, utiles et concrets, survivront tous à celui auquel j'ai consacré tant de passion, toute ma vie, et aujourd'hui encore.

    Peut-être ces métiers-là étaient-ils moins arrogants, moins persuadés d'être "indispensables à la démocratie", plus ancrés dans la vie réelle, plus en lien avec les gens de tous les jours.

     

    Pascal Décaillet