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  • Macron, terrassé par Macron

     

    Sur le vif - Lundi 27.05.19 - 12.51h

     

    Strictement personne ne demandait à Macron de transformer cette élection européenne en plébiscite pour ou contre sa personne. C'est lui qui a défié Marine Le Pen, en faisant savoir que sa liste à lui devait arriver en tête.

    Sa liste à lui, celle de Mme Loiseau, n'est pas arrivée en tête. Malgré un tintamarre de propagande rarement atteint. Dont acte. Macron a perdu.

    Il n'a pas perdu, face à l'Histoire. Les élections européennes désavouent presque toujours les pouvoirs en place. Mais il a perdu, face au pari qu'il s'était lui-même lancé, sans doute par orgueil. Cécité du prince, dans l'éblouissement solaire de sa Galerie des Glaces.

    Macron n'a pas perdu son quinquennat, il peut bien rester jusqu'en 2022, jusqu'à la belle. Il a juste perdu face à lui-même. Tel Icare, il s'est trop approché du soleil. Il s'est brûlé les ailes.

    Il pourra se consoler en invitant BHL et Cohn-Bendit psalmodier ses louanges. Dans la Galerie des Glaces.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Rappel de mes positions, depuis 30 ans

     

    Sur le vif - Dimanche 26.05.19 - 14.03h

     

    Voici mes engagements éditoriaux de ces trente dernières années (j'aurais pu remonter bien au-delà, et même jusqu'à mon éveil politique, en décembre 1965). Chacun d'entre eux a été défendu oralement, dans des commentaires radio, ou par écrit, dans des journaux. Ou, depuis que cela existe, sur mon blog ou sur ce réseau social :

     

    * 1989 - Très sceptique sur la réunification allemande, si elle doit se résumer à un triomphe du capitalisme et un phagocytage de la DDR par le bloc libéral et atlantiste de l'Ouest.

    * 1990 - Appel à ne pas mépriser les intérêts des Slaves - les Serbes, notamment - dans l'effondrement programmé de la Yougoslavie. Ligne éditoriale maintenue pendant toutes les guerres balkaniques des années 90, puis au-delà. Pendant toutes ces années-là, alors que les événements sont en cours, condamnation de l'OTAN et du rôle de l'Allemagne dans le démembrement de l'ex-Yougoslavie.

    * 1992 - Favorable (eh oui !) à l'Espace économique européen. Il est vrai que j'étais sous influence de l'homme dont je couvrais passionnément la campagne, Jean-Pascal Delamuraz.

    * 1992 - Contre l'Europe de Maastricht. Pour Séguin, contre Mitterrand, dans le fameux débat.

    * 1995 - Pour un Etat palestinien. Je l'étais déjà bien auparavant. Je le suis, plus que jamais.

    * 1999 - Contre les bombardements de la Serbie par les avions de "l'OTAN". Contre la diabolisation des Serbes dans les conflits balkaniques. Contre le rôle des services secrets allemands dans le conflit du Kosovo.

    * 2003 - Dans un retentissant article de la Revue Choisir, "Ma Colère", contre l'expédition américaine en Irak.

    * 2008 - Contre la mise en icône de Barack Obama. Plus tard, contre son Nobel. Pas défavorable à ses percées diplomatiques, notamment Cuba et l'Iran.

    * 2014 - Pour l'initiative du 9 février sur l'immigration de masse, acceptée par le peuple et les cantons.

    * 2015 - Violemment contre la politique migratoire de Mme Merkel. Dès les événements, je souligne les conséquences dévastatrices, dans les années à venir, sur le corps social allemand, notamment en Prusse et en Saxe, dans les Länder de l'ex-DDR (pays que je connais).

    * 2016 - Contre la mise en icône de Mme Clinton, et la diabolisation de M. Trump.

    * 2017 - Contre Macron. Que je perçois et décris, dès la campagne, comme une pure créature des milieux d'affaires cosmopolites.

    * 2019 - Pour le réveil démocratique des peuples d'Europe.

     

    Ce petit rappel, loin d'être exhaustif, parce que je commence à en avoir plus qu'assez d'entendre des confrères ou consœurs, s'arrogeant le droit de parler au nom de tous les journalistes, ou tous les éditorialistes, dire : " Nous n'avons pas vu venir ceci, nous n'avons pas vu venir cela, nous avons tous combattu Trump, etc.". Comme si la corporation formait un blog idéologique monolithique.

    Dans l'espace éditorial, trop facile de se réfugier derrière le "nous", cette socialisation des pertes, lorsque rétrospectivement on se rend compte qu'on a eu tort. Il faut assumer le "je", du début jusqu'à la fin.

    J'invite chacun de mes confrères, ou consœurs, à procéder, eux aussi, à un tel résumé de leurs positions. Juste pour que les choses soient claires, sur la durée.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Ces milliards, qui va les payer ?

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 22.05.19

     

    Un chèque en blanc. C’est ce que le peuple genevois a décidé de signer, ce dimanche 19 mai, pour les retraites des fonctionnaires du canton. Le seul choix qu’on lui proposait était de trancher entre les milliards de la droite et du Conseil d’Etat, et ceux de la gauche et du MCG. Comme le Parlement, il a dit oui aux deux. Et, dans la petite croix de la question subsidiaire (lequel préférez-vous si les deux passent ?), il a opté pour la seconde solution. Dont acte. Nous sommes des démocrates, nous respectons les décisions populaires. Mais nous sommes aussi des hommes et des femmes libres, avec un esprit indépendant, un cœur ardent, et une farouche révolte contre toute espèce de censure dans la formulation de nos questions. En voici une, toute simple : ces milliards, qui va les payer, où les trouverons-nous ?

     

    A cette question, c’est terrible à dire, mais la classe politique d’aujourd’hui n’a pas la réponse. Dans le débat du Parlement, qui s’est terminé par un non-lieu (l’acceptation de deux lois parfaitement contradictoires), personne n’était capable de garantir les conditions exactes du financement de ce qu’on appelle pudiquement « recapitalisation », entendez faire passer à la caisse le contribuable, pour les retraites des fonctionnaires. On nous a sorti des calendriers de paiement, dans les années et les décennies futures, à coups de centaines de millions cumulés, en sachant fort bien que ces sommes colossales, dans l’état actuel de nos finances et de notre endettement, nous n’en disposons tout simplement pas.

     

    Alors, qui va payer ? La réponse est simple : le contribuable, bien entendu ! Donc, vous et moi. Et dans les contribuables, au premier rang du front, la si tendre chair à canon de la classe moyenne qui travaille. Oui, celle-là même dont nous vous parlions ici, la semaine dernière. Pas les assistés ! Pas les nababs ! Non, tous ceux, entre ces deux couches, qui se lèvent pour aller bosser, parfois durement, gagnent un peu d’argent (c’est la moindre des choses), bossent encore un peu plus pour en gagner davantage, et finalement sont ponctionnés, de façon inconsidérée, sur leur boulot. Sur la sueur de leur front ! Et c’est cela qui ne va plus. Et c’est là que gisent les germes des révoltes de demain.

     

    Exemple : les petits entrepreneurs, les indépendants. Ils bossent dur comme fer. Ils sont en souci toute l’année pour leur boîte. Ils ont peur de tomber malades. Ils vérifient trois fois, en partant, si la porte de leur local de travail est fermée. Ils ont investi, sur leurs fonds propres, dans des locaux, du matériel. Ils n’ont nulle garantie de pouvoir garder leurs mandats. Ils ne savent pas de quoi demain sera fait. Seuls, ils financent intégralement – et non paritairement – leurs retraites. Les taxes, les impôts, les charges, ils ne connaissent que cela. Et maintenant, comme contribuables, ils devront encore davantage financer les retraites des fonctionnaires. Moi je dis attention : il y a un moment où la marmite va exploser. Ici, nous vous aurons au moins avertis.

     

    Pascal Décaillet