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  • Elections : faites confiance aux jeunes !

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    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 07.02.18

     

    Je n’ai, de toute ma vie, jamais articulé ma réflexion politique autour de l’axe des générations. Jamais, même à l’âge de dix ans, en mai 1968, je n’ai utilisé l’expression « Les jeunes sont comme ceci, comme cela… ». D’ailleurs, en ce printemps d’éruption libertaire, dont on va bientôt marquer le cinquantenaire, je me sentais paradoxalement moins jeune que mes aînés qui manifestaient dans les rues de Paris ! Ils détestaient de Gaulle, je l’adorais. Ils voulaient faire table rase du passé, j’étais déjà complètement tourné vers l’Histoire. Donc, j’invite le lecteur à se méfier de toute parole globale concernant les jeunes. Ni pour dire qu’ils sont géniaux. Ni pour affirmer le contraire, dans le mode « C’était mieux avant ». La vérité, c’est qu’il y a exactement, chez les jeunes, la même proportion de gens de valeur que chez les vieux, et c’est tant mieux. Tout au plus, dans l’immense entreprise qui m’amène, en cette période pré-électorale, à rencontrer un nombre considérable de candidats, je suis amené à percevoir, dans la nouvelle génération, quelques inflexions qui méritent d’être relevées.

     

    Prenez Aude, Diane, Virna, Elena et Nicolas, cinq jeunes candidats, de cinq partis différents, qui étaient réunis, ce dimanche 4 février, sur le plateau du Grand Genève à chaud. Cinq visions, certes, avec des différences bien marquées, notamment un duel sur la propriété privée entre la candidate PLR et celle d’Ensemble à Gauche. Sur le fond, ce duel est le même que celui tenu il y a trente ou cinquante ans par leurs aînés. Il confirme la permanence d’un noyau dur, celui du choc idéologique autour de la lutte des classes. Mais ce qui change, infiniment, c’est la tonalité. Les jeunes d’aujourd’hui ont appris à s’affronter avec respect. Ils n’assènent pas, ils argumentent. Ils ne hurlent pas, ils calibrent la durée en fonction du timing imparti, et modulent la voix, en sachant très bien que le micro sature dès qu’on exagère le volume. Bref, bien mieux que certains de leurs aînés, ils maîtrisent les lois élémentaires de la communication politique.

     

    Un autre élément me frappe : l’appartenance à un parti est de moins en moins perçue comme l’allégeance à vie à un clan, ou à une chapelle, qui exigerait de se tenir entre soi et de ne surtout pas frayer avec l’adversaire. Don Camillo et Peppone, c’est fini : aujourd’hui, les plus féroces antagonistes s’appréhendent, hors-débat, avec amitié et courtoisie. Ils font parfaitement la différence entre ring politique et vie de tous les jours. Ils partagent leurs préoccupations, discutent beaucoup, bref ne font pas de la bagarre idéologique l’alpha et l’oméga de leur existence. Pour avoir connu, dans la Genève des années 70, quelques moments assez violents dans les échanges, je puis vous assurer que la petite musique apaisée des jeunes fait du bien. D’autant qu’en matière de compétences, de qualité de formation, de connaissance des langues, nombre d’entre eux n’ont rien à nous envier. Bref, la relève est là. Avec ses armes, ses outils de compréhension du monde, elle sera en mesure d’affronter l’avenir. Je lui fais, pour ma part, pleine confiance.

     

    Pascal Décaillet

     

    *** Sur l'image, de gauche à droite : Elena (MCG), Virna (UDC), Diane (PLR), Aude (Ensemble à Gauche) et Nicolas (PDC). GRAND GAC du dimanche 04.02.18.

     

  • Révolution permanente

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    Commentaire publié dans GHI - 31.01.18

     

    Le mépris avec lequel les médias traditionnels parlent des réseaux sociaux rappelle exactement celui des journaux et de la radio face à l’apparition de la télévision, il y a soixante ans, et celui des mêmes journaux lors de l’avènement de la radio, il y a presque cent ans. Tout comme il rappelle le mépris des écrivains pour les journalistes des premières gazettes à grand tirage, à l’époque de Balzac, et de ses « Illusions perdues ».

     

    En gros, ce mépris camoufle une peur : celle de perdre un pouvoir. Se trouver dessaisi du monopole de la transmission de l’information, du droit à la mettre en forme, l’analyser, la commenter. De Théophraste Renaudot, l’inventeur de la première « Gazette » au dix-septième siècle, à ce titre le père du journalisme, jusqu’à nos jours, ce processus de dépossession est advenu maintes fois, du papier vers l’onde acoustique, de cette dernière vers l’onde visuelle, puis de tout ce beau monde vers l’ère numérique. Chaque fois, un maître-mot : la peur.

     

    Eh bien, ils ont tort, les médias traditionnels. Les réseaux sociaux constituent un nouveau monde, que nul ne pourra effacer d’une chiquenaude. Une fois expurgés de leur maladie infantile, faite de bavardage et de vie privée, ils pourront devenir de vrais supports d’information, interactifs, fiables et vivants. Face à cela, les autres doivent se redéfinir. Il y a de place pour tous : la TV n’a pas tué la radio, qui n’a pas tué les journaux. Chacun peut survivre. A condition de constamment se réinventer. Ce métier n’est rien d’autre qu’une révolution permanente.

     

    Pascal Décaillet