Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 2

  • Indignation sélective

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 24.09.14

     

    J’ai toujours, depuis de longues années, soutenu le peuple palestinien. Toujours, j’ai dit et écrit qu’il devait avoir un Etat à lui. Un Etat ! Et non une simple autonomie administrative dans le cadre d’une occupation qui date de 1967. Mais toujours, disant cela, j’ai ajouté qu’un autre Etat, Israël, devait voir reconnu son droit total à l’existence. Et que les enfants de ce pays devaient aller à l’école sans que le bus scolaire ne risque une explosion par attentat. En clair, comme l’immensité de mes compatriotes suisses, je plaide pour une paix durable, fondée sur la dignité de deux Etats souverains. Mes nombreux voyages au Proche Orient m’ont convaincu de cette position.

     

    Solidaires avec la Palestine, oui. Surtout au moment où les populations civiles de Gaza font les frais d’une riposte disproportionnée d’Israël. Solidaires, mais dans l’équilibre et, non dans l’unilatéralisme. A cet égard, au moment où plusieurs centaines d’artistes et d’intellectuels suisses envoient au Conseil fédéral (ce mardi 23 septembre) un appel de solidarité avec les Palestiniens, on a quand même envie de leur dire que leur indignation a tendance à toujours aller dans le même sens. Certains d’entre eux – pas tous – déploient contre Israël, oui contre Israël même et pas seulement contre la disproportion militaire, une haine farouche, qu’ils peinent à dissimuler. On aimerait aussi les entendre, ces voix indignées, lorsque des populations civiles israéliennes tombent dans des attentats. Ces jours-là, hélas, ils sont bien silencieux.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Etats 2015 : longue vie à la gauche !

     

    Sur le vif - Mercredi 24.09.14 - 10.14h

     

    Dans mes années bernoises, j’adorais aller au Conseil des Etats. Il y avait cette antichambre si paisible, sans un bruit, l’odeur de la pipe de Gilles Petitpierre, le souvenir de très belles discussions avec cet homme brillant, mais aussi la parfaite courtoisie de tous, le sourire de mon ami Otto Schoch, représentant radical des Rhodes Extérieures d’Appenzell, qui avait présidé en 1990 une commission sur la réforme de l’armée à laquelle, avec entre autres Uli Windisch et Martin Killias, j’avais eu l’honneur d’appartenir. Nous avions siégé toute une année, dans tous les coins du pays.

     

    Les Etats, c’est la Chambre des Cantons. Autant dire que dans un pays fédéraliste, ça n’est pas rien. Les 46 représentants du « Stöckli » défendent bien sûr l’intérêt du pays tout entier, mais aussi celui de leurs cantons respectifs. Très important dans les questions touchant, par exemple, aux finances, aux grandes infrastructures routières ou ferroviaires, à l’assurance maladie. Ils sont ceux, véritablement, qui montent à Berne pour défendre l’intérêt supérieur de leur canton. On y parle assis (ce qui m’a toujours un peu dérouté), chacun dans sa langue, sans traduction. On attend donc d’un conseiller aux Etats francophone un bon niveau d’allemand, et l’inverse pour les germanophones. Quant aux représentants de la Suisse italienne, aucun souci pour eux : la plupart parlent parfaitement trois de nos quatre langues nationales.

     

    Et puis, il n’y a que deux conseillers aux Etats par canton (un seul par demi-canton), alors qu’au National, la représentation est proportionnelle au nombre d’habitants : beaucoup d’élus pour Zurich, très peu pour Glaris. Deux par canton, c’est plus visible. Le poste est donc, au moment des élections fédérales, particulièrement prisé. Mais le chemin d’accès est tout sauf facile : les politiciens les plus chevronnés s’y sont cassé les dents, Blocher par exemple.

     

    Il faut, aux Etats, des personnalités rassembleuses. Capables de faire des voix sur leur personne, au-delà de leurs familles politiques. Olivier Reverdin, qui avait été mon professeur à l’Université, mais aussi le patron du Journal de Genève, un helléniste hors pair, le président de l’Assemblée du Conseil de l’Europe et du Fonds national de la recherche scientifique, en était une, respecté au-delà de son étiquette libérale.

     

    Dès lors, qui représentera Genève aux Etats entre 2015 et 2019 ? Face aux deux sortants, la socialiste Liliane Maury Pasquier et le Vert Robert Cramer, qui tiennent la place et bénéficient de l’avantage du terrain, ayant tissé leurs réseaux, qui de droite pour oser s’emparer de l’un des sièges, voire les deux ? Réponse : à ce jour, d’une façon qui serait évidente, personne. Car dans la droite genevoise, principalement l’Entente, les grandes figures n’existent plus. Les dernières d’entre elles, ultimes cartouches, ont été casées au Conseil d’Etat. On n'imagine guère qu’à peine élus, ou réélus, ces gens aient le front de trahir leurs électeurs (pour cinq ans) pour s’en aller à Berne. Car désormais, il faut choisir : on est conseiller d’Etat ou aux Etats, pas les deux.

     

    Dans la députation actuelle au National, on ne semble pas se presser au portillon pour courir au casse-pipe, le dernier ticket d’Entente, pourtant constitué de deux locomotives, avait échoué il y a quatre ans, cela laisse des traces. Quant au recyclage d’anciens conseillers d’Etat, ayant déjà blanchi sous le harnais pendant douze ans, accompli une législature de trop et très modérément forcé leur talent dans l’ordre de la capacité de travail, on se dit que la Chambre des Cantons a peut-être une autre vocation que celle d’assurer des rentes à vie, aussi débonnaire et sympathique soit l’intéressé.

     

    Reste la question majeure, la stratégie électorale. Dans une élection de type majoritaire, il faut serrer les rangs. La gauche, disciplinée dans ces cas-là, sait le faire, et elle aurait tort de s’en priver. Mais face à elle, quid ? Une droite en lambeaux ! Des caciques de l’Entente qui ne cessent, à longueur de journées, au lieu d’attaquer la gauche, de s’en prendre à la troisième force du canton, dite « nouvelle », oui ce Tiers État de la politique genevoise, jailli des élections cantonales, et qui assurément aura marqué d'ici là des points, notamment dans les communes suburbaines, aux municipales du printemps 2015. Si l’Entente et le bloc MCG-UDC ne sont pas capables de passer des accords sur des personnes rassembleuses, le duo Cramer – Maury Pasquier perdurera. Nous pourrons dire « longue vie à la gauche », et nous frotter les mains d’avoir à Genève la droite la plus bête du monde.

     

     

    Pascal Décaillet

     

  • Et Dieu créa la nostalgie

    img-thing?.out=jpg&size=l&tid=69191770 

    Sur le vif - Mardi 23.09.14 - 15.45h

     

    Les jeunes, aujourd’hui, ou les amnésiques, ne voient en elle que la dame de 80 ans qu’elle sera dimanche. D’abord, je veux dire ici que c’est très beau, une dame ou un homme de 80 ans, c’est une vie encore présente, une somme de bonheurs et de cicatrices, une mémoire. J’ai eu la chance de voir mes parents dépasser cet âge, n’ai jamais eu l’impression d’un naufrage, juste la vie qui va, vers son terme. Le destin de Bardot, vieillir, est notre lot à tous. Moi aussi, je me sens vieillir. Et toi, qui me lis ?

     

    Bien sûr, cette octogénaire a quelque chose d’un peu particulier : elle fut l’une des plus belles femmes du monde. Elle le fut, et ne l’est plus : voir partir notre jeunesse, c’est aussi notre lot à tous. En cela, Brigitte Bardot n’est rien d’autre qu’un humain comme un autre, celui dont les années de lumière et de facilité s’éloignent, pour laisser la place au chemin d’aspérité. Mais aussi, à cette incroyable sérénité, délestée des angoisses de la jeunesse. Vieillir, ou mûrir si le mot vous fait peur, ça n’est justement pas accumuler, mais s’enrichir en se dessaisissant. Par soustraction, se préparer à l’essentiel.

     

    Toute ma vie, déjà enfant, j’ai aimé le passé, la nostalgie. Cela s’appelle le romantisme, allemand bien sûr, celui qui produisit les plus grands poètes, les musiciens. Et dans mon enfance, il y avait Bardot. Nul, de moins de cinquante ans, ne peut imaginer l’effet qu’elle produisait. Ça n’est pas de la star, pourtant, que je veux aujourd’hui me souvenir, mais de sa présence de feu sur les écrans. Je tiens le Mépris de Godard pour l’un des plus grands films du monde, Bardot y est tout simplement bouleversante. Je voudrais prendre ce film avec moi, pour unique viatique, sur une île grecque, dans les rivages éblouissants de la mer bleue, le voir et le voir encore. Le prendre, oui, dans l’ultime traversée du dernier fleuve, Styx ou Achéron, comme vous voudrez, le Petit ou le Grand Rhône, la Dranse ou le Trient me convenant aussi à merveille.

     

    Aujourd’hui, je veux dire merci à cette dame, à quelques jours de ses 80 ans. Je ne parlerai ni de ses positions politiques, ni de la cause animale, ni de la trace des ans. Je parlerai juste de la vie qui va, et de cette dame hors normes, naguère pour sa beauté, aujourd’hui pour sa liberté. Bon Anniversaire, Madame Bardot.

     

     

    Pascal Décaillet