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  • Copé-Fillon : au théâtre, ce soir !


    Chronique publiée dans le Nouvelliste - Vendredi 23.11.12

     

    A part la chaîne musicale Mezzo, je ne regarde presque plus la télévision. Principalement, par manque de temps. Le soir, après une journée de boulot, je suis raide mort ! Et justement, ce dimanche 18 novembre, en revenant de mon émission TV Le Grand Oral, à Lausanne, je m’étais promis de me coucher tôt. C’était compter sans MM Copé et Fillon ! Comme beaucoup d’entre nous, j’ai branché BMFM TV, et il faut bien avouer que nous eûmes là l’un des spectacles les plus palpitants de ces dernières années. C’était un peu « Au théâtre ce soir », de Pierre Sabbagh, qui avait enchanté les samedis soir familiaux de mon enfance, avec des portes qui claquent, des impromptus, des imprévus, une surprise toutes les trente secondes. A une heure du matin, j’étais encore scotché sur mon canapé.


     
    Chapeau, donc, côté spectacle. Eussions-nous d’ailleurs imaginé que ces deux messieurs pussent jamais nous faire rire ? Jusqu’ici, la verve comique, chez eux, n’éclatait pas d’évidence, en tout cas pas chez M. Fillon, dont le dernier rire ou le dernier sourire doivent bien dater du début des années soixante, et encore c’était sans doute parce qu’un camarade d’école le chatouillait. Quant à l’orléaniste Copé, je me dois de confesser une retenue quasi physique, depuis toujours, face au monceau d’arrivisme que le personnage a toujours incarné à mes yeux. Encore que son apparition spectaculaire, pour proclamer unilatéralement sa victoire, ne manque ni de souffle, ni de courage : là, il a joué sa carrière. Si la fameuse commission de contrôle ne l’avait pas, le lendemain, déclaré vainqueur, il était cuit. Cette pure créature du sarkozysme, produit  dérivé d’une droite de l’argent dans tout ce que je déteste, doit donc bien avoir quelques qualités, admettons-le.
     


    Le plus pitoyable, hélas, fut Fillon. En l’espace d’une tragi-comédie, cet homme dont les Français appréciaient l’austérité, la sobriété, l’engagement soldatesque au service de l’Etat, a ruiné son crédit, en tout cas pour un moment. Il se serait contenté de reconnaître la défaite, tout en émettant quelques doutes sur la procédure, il sortait grandi, homme d’Etat. Mais en revenant, trois jours après, avec Wallis et Futuna, dont on n’avait plus entendu parler depuis le regretté Michel Dénériaz, il a levé le masque sur des aspects moins reluisants de sa personne, parachevant une impression de boulevard qui a amené pas mal d’entre nous à rire jusques aux larmes.


     
    Un peu moins drôles : les conséquences politiques. La grande famille de la droite française, issue à la fois de la tradition gaulliste et du libéralisme, a littéralement explosé au sol. La gagnante s’appelle évidemment Marine Le Pen. Pour un bon bout de temps, en France, pour la gaudriole, on ira voir chez MM Fillon et Coppé. Pour un vrai discours de droite, on se tournera vers d’autres horizons. La ligne bleue des Vosges, suite à ce lamentable pataquès, a changé de camp.

     


    Pascal Décaillet

     

     

  • Grand Conseil : la comédie des invalidations

     

    Sur le vif - Samedi 17.11.12 - 11.17h

     

    Citoyens de ce canton, chacun d'entre nous est libre de penser ce qu'il veut de l'initiative 150, du parti socialiste, sur les multinationales et les emplois. Et justement, parce que nous sommes une République de citoyens libres, adultes et responsables, c'est à nous, au corps électoral tout entier, au "Conseil général", de nous déterminer sur ce texte, qui a obtenu les signatures.

     

    Au niveau cantonal, comme à celui de la Confédération, ces histoires d'invalidations par des parlements sont totalement détestables. Une initiative est une affaire entre les initiants et le peuple. Elle ne devrait, en saine démocratie, pas regarder le parlement. C'est justement parce que les corps intermédiaires écoutent mal le peuple, que le peuple réagit, de la base, avec cette chance exceptionnelle dont nous disposons en Suisse, la démocratie directe.

     

    En invalidant un texte, les élus, feignant de prendre une décision juridique, prennent toujours une décision politique. De quoi a eu peur, hier, la majorité de droite du Grand Conseil ? Du peuple ? Sur un texte ayant obtenu les signatures nécessaires, on confisque au corps des citoyens le droit de se prononcer. Décision certes légale, mais de nature à accroître encore le fossé entre la population et la caste parlementaire. Il conviendra, lors du renouvellement des autorités, dans moins d'un an, de s'en souvenir.

     

    Pascal Décaillet

  • Dominique Louis, dans l'ocre de l'automne


     

    Dimanche 11.11.12 - 15.35h

     

    Ce matin, 11h, Parc Mon Repos, monument aux morts. 94 ans après, cérémonie du souvenir. Les couronnes et les gerbes, aux couleurs éclatantes, sur fond de nature plus belle encore : les jaunes et les ocres d’un dimanche de novembre, sous la pluie. Musique. Défilés. Et Dominique Louis qui prend la parole.

     

    Existe-t-il, au fond, un homme qui aime autant Genève que cet infatigable serviteur de l’Etat, à la retraite depuis peu ? Des paroles d’élévation. La mémoire, au service du présent. L’honneur aux morts, pour ancrer les vivants dans la dignité. Une citation du Général Dufour, à ses soldats, en 1847, juste avant la guerre du Sonderbund. Dans cette cérémonie qui eût pu être celle d’une clique, ou d’un cartel commémoratif, les paroles de Dominique Louis font sauter les verrous. Elles définissent la République comme le trésor de tous. Elles nous rassemblent.

     

    Je connais Dominique Louis depuis trente ans. Janvier 1983, cours d’hiver du rgt inf 3, le « régiment genevois », dans la neige, l’extrême froidure, les igloos. Il commandait, avec un inimaginable panache, la compagnie d’état-major. Il était partout, sa courtoisie hors du commun, son humour et sa délicatesse ont fait de lui le plus grand gentleman qu’il m’ait été donné de fréquenter sous les drapeaux.

     

    C’était, ce matin, une très belle cérémonie. Voir Duchosal défiler au premier rang m’a réchauffé le cœur. C’étaient des mots, des gestes, des notes de musique qui partaient de Genève, son humus d’automne, non pour disparaître, mais pour simplement s’élever. Dominique Louis : un homme debout, avec, dans la simplicité et l’élégance du verbe, le passage si rare de la transcendance. Merci, Dominique, et à tous les organisateurs de ce moment de chaleur et de présence.

     

    Pascal Décaillet