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  • Un tout petit « crime de guerre »

    Sur le vif - Jeudi 17.07.08 - 09.00h

    Il est un peu fatigant d’entendre répéter sur toutes les ondes, de façon brute et sans contexte, que l’usurpation de l’emblème de la Croix-Rouge, lors de la libération d’Ingrid Betancourt, est un crime de guerre.

    Non que ce soit faux. Juridiquement, selon les Conventions de Genève, c’est même parfaitement exact. Seulement, quand on donne les informations, même dans des modules très courts, il ne suffit pas toujours de se contenter sèchement de la vérité objective du droit.

    Le moins n’est-il pas, dans cette affaire, d’interroger le contexte ? Si cet expédient était le seul, fallait-il y renoncer, et laisser mourir l’otage aux mains des FARC ? Ces dernières sont-elles autre chose, par leurs méthodes, que des terroristes ? Ce cheval de Troie était peut-être impur, illégal, nourrira sans doute mille discussions de juristes internationaux bien assis et bien au chaud, mais en attendant, INGRID BETANCOURT EST LIBRE.

    « Crime de guerre » ? Peut-être, sur le papier. Mais utiliser, sans nuance, la même expression pour l’opération Betancourt que pour les horreurs de la Seconde Guerre mondiale, du Vietnam ou des Balkans, il y a là atteinte au sens. Ce qui, sans être un crime, n’en constitue pas moins une faute.



  • Ingrid et Marie


     

    Sur le vif – Mercredi 16.07.08 – 1230h

     

    A entendre certaines ondes, ce matin, Ingrid Betancourt n’aurait pas le droit, ou en tout cas serait malvenue, d’afficher ses convictions chrétiennes, encore moins sa dévotion mariale, dans ses prises de position publiques, depuis la fin de son calvaire. Sa présence à Lourdes, même, est critiquée.

     

    Il y a des moments où il faut laisser sortir sa fureur. La laïcité, oui: c’est le seul moyen d’organiser correctement les relations entre l’Etat et les religions.  Mais ce monde où plus personne, a fortiori un ex-otage ayant vécu six années de captivité et de solitude, ne pourrait faire état de ses émotions spirituelles, n’est pas plus acceptable que ne l’était la théocratie.

     

    Laïcité, oui. Mais ces ayatollahs du rejet de toute référence religieuse, ou cultuelle, cela commence à suffire. Il n’appartient à aucun d’entre nous de connaître le chemin de solitude intérieure d’une femme restée enchaînée six ans, loin de sa famille, loin de tout. Qu’Ingrid Betancourt ait été amenée à ce que nous appellerons une révélation spirituelle (je ne demande à personne d’y croire, juste le respecter), relève de sa sphère la plus privée, et elle a parfaitement le droit d’en témoigner.

     

    Lourdes, Fatima, la Salette, le culte marial, on y croit ou non. Mais il se trouve que nous sommes là, et pas seulement depuis Pie IX et le 8 décembre 1854, dans l’un des lieux d’expression les plus forts de la foi catholique. Comme il y a ceux de la foi protestante, de la foi orthodoxe, des Juifs, des Musulmans. Pouvoir l’exprimer en public relève du droit le plus élémentaire : c’est justement pour garantir ce droit, dans la pluralité des sensibilités, que la laïcité a été inventée.

     

    Sans compter qu’Ingrid Betancourt, dans ses déclarations, ne fait aucun prosélytisme. Elle témoigne, simplement. La puissance de ce témoignage, chacun doit avoir le droit, tout au moins, de l’entendre.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Radicaux-libéraux : l’union, bien sûr !


     

    Annoncée aujourd’hui pour 2009, cette union est urgente, et ne devrait être que le prélude à une recomposition plus large de la droite suisse, incluant, au moins, la démocratie chrétienne.

     

    Sur le vif - Mardi 15.07.08 - 16.00h

     

    Plantez-vous place du Molard à Genève, rue de Bourg à Lausanne, ou sur les rives du lac à Neuchâtel, tendez un micro aux gens, et posez leur cette simple question : « Pourriez-vous me dire la différence entre les libéraux et les radicaux ? ». A moins que vous n’ayez la chance de tomber sur un érudit comme l’excellent Olivier Meuwly, sur un radical canal historique comme l’un des frères Bender, de Fully, ou sur un torturé de la laïcité militante, nostalgique de Combes ou de Waldeck-Rousseau, vous aurez droit, au mieux, à une moue dubitative.

     

    Et c’est à juste titre ! Autant les nuances, réelles, et même les franches oppositions de ces deux partis, notamment dans le canton de Vaud, ont habité le dix-neuvième et une bonne partie du vingtième siècle, autant, aujourd’hui, elles s’évanouissent dans les profondeurs de l’Histoire. Bien sûr, les uns étaient plutôt patriciens, les autres plutôt populaires, les uns plutôt financiers, les autres plutôt artisans ou industriels, tout cela, toute cette fracture, a eu du sens. Il est passionnant, historiquement, de s’y pencher, de recréer les sociologies de ces époques. Mais tout cela, aujourd’hui, appartient au passé.

     

    Car enfin, entre le socialisme et l’UDC, que représentent ces deux partis qui, au niveau national, vont bientôt s’unir (en 2009, apprend-on aujourd’hui) ? La promotion de l’individu, l’attachement à une formation de qualité, cultivant les valeurs de mérite et d’effort, le travail sans compter, l’encouragement à la libre entreprise, le jeu de la concurrence. La combat pour une Suisse ouverte, le rejet de la xénophobie, l’acceptation de l’étranger comme valeur constitutive de notre pays, pour peu qu’il en respecte les règles, et en accepte les devoirs. Enfin, la répartition, oui, mais une fois les richesses produites, ce qui ne va pas sans un immense effort. Ces quelques valeurs-là, non seulement justifient la fusion des radicaux et des libéraux, tant elles leur sont communes, mais doivent accélérer l’audace de ces familles politiques à se rapprocher, tout autant, du PDC, et même d’une partie de l’UDC, celle qui en a peut-être assez de voir les étrangers investis de tous les maux.

     

    Sur le constat, beaucoup sont d’accord. Demeurent les résistances, tant dans les cantons (les trois de Suisse romande où existent encore des libéraux) que dans la guéguerre que se mènent Christophe Darbellay et Fulvio Pelli, ce dernier ayant eu largement tort de refuser la main tendue du premier. Dans ce champ de tensions, un homme se bat pour l’union : le libéral Pierre Weiss. Actif, imaginatif, aimé ou détesté, mais un homme avec une vision, qui veut voir l’intérêt de la droite suisse tout entière (au demeurant nettement majoritaire dans le pays), plutôt que s’appesantir à tout prix sur le poids des héritages, où les poussières patriciennes le disputent aux jouissances claniques des notables.

     

    A cet égard, la lenteur des calendriers que semblent esquisser certains caciques des partis cantonaux, voulant à tout prix laisser du temps au temps, évoquant tout au mieux l’horizon de 2015, a de quoi laisser pantois. En politique, la manœuvre exige parfois qu’on se réveille : la faiblesse des résultats du parti socialiste (qui a passé, à la baisse, le 21 octobre 2007, la barre des 20%), alliée aux problèmes internes de l’UDC, tout cela constitue une opportunité historique pour une recomposition de la droite, ou du centre-droit. Et Christophe Darbellay a parfaitement raison d’évoquer l’idée de « Charte ». En moins de dix minutes, n’importe quel esprit un peu éclairé et synthétique, au demeurant, vous la jetterait sur le papier. Point besoin de discours de Bayeux, ni de Brazzaville : une page A4 suffit.

     

    Face à ces enjeux, les querelles d’étiquette apparaissent bien mineures. Notre pays va vivre, l’an prochain, un important rendez-vous avec l’Europe, ce continent dont il est, à tous les égards, central. Il doit redéfinir la place de l’Etat, en délimiter le socle régalien, réinventer la relation du citoyen avec la fiscalité. Il doit refaire l’Ecole, pousser à tout prix la qualité de la formation. Ces défis exigent, de gauche comme de droite, des positions claires : entre le socialisme et l’UDC, il existe une troisième voie, libérale et ouverte. Une, mais pas nécessairement trente-six.

     

    Pascal Décaillet